Les personnes âgées se plaignent souvent d’avoir un mauvais sommeil. Les travaux ont montré que l’une des causes de cette dégradation de la qualité du sommeil avec l’âge est la diminution de la sécrétion de mélatonine. Une équipe stéphanoise a réalisé une intéressante étude qui fournit des données concrètes sur l’évolution de la qualité du sommeil chez des personnes de plus de 70 ans.
L’enquête, sous la forme d’une étude longitudinale, examine
l’évolution des plaintes et des caractéristiques du sommeil (durée,
efficacité, latence d’endormissement) à 3 ans d’intervalle.
Au total 320 patients âgés de 71 ans ont répondu à des
questionnaires qui leur étaient proposés à deux reprises, en 2006
et en 2009. L’un des questionnaires, évaluait la qualité du
sommeil, le Pittsburgh Sleep Quality Index (PSQI), et permettait de
classer les patients en « bons dormeurs » (score de PSQI < 5) ou
en « mauvais dormeurs » (score de PSQI > 5). L’autre
questionnaire, l’échelle de somnolence d’Epworth (ESE), mesurait la
somnolence diurne. La prise d’hypnotiques était notée lors de
chaque questionnaire.
Le score moyen au PSQI augmente significativement entre les deux
périodes, passant de 5,9 ± 1,1 à 6,3 ± 3,4, traduisant ainsi une
dégradation de la qualité de sommeil entre 71 et 74 ans. Si la
durée et l’efficacité du sommeil semblent plutôt stables, la
latence d’endormissement reste la plainte principale de ces
patients. Elle augmente en effet avec l’âge, passant de 21minutes à
24 minutes en moyenne. La prise d’hypnotiques augmente en
parallèle, avec 23 % de consommateurs au moment du premier
questionnaire contre 31 % 3 ans plus tard.
La stabilité du score moyen à l’ESE (5,7 vs 5,6) tend à signifier que cette augmentation de la consommation d’hypnotiques n’est pas corrélée à une augmentation de la somnolence diurne. Mais force est de constater qu’elle n’empêche pas le nombre de mauvais dormeurs d’augmenter, puisque leur pourcentage passe de 49,4 % à 53 %. Un quart des sujets interrogés changent de qualité de sommeil en l’espace de 3 ans ; la majorité d’entre eux (79 %) passant du statut de bons dormeurs à celui de mauvais dormeurs.
Dr Roseline Péluchon