
En 2014, la société scientifique des médecins généralistes
suisses a lancé la campagne « SmarterMedicine » en
établissant une liste de cinq tests et traitements non nécessaires
pour les soins de santé primaires en Suisse. Les procédures
concernées étaient l’imagerie pour douleur lombaire aiguë, le
dépistage du cancer de la prostate, la prescription d’antibiotiques
dans les infections respiratoires hautes non compliquées, la
radiographie pulmonaire pré opératoire et la prescription à long
terme des inhibiteurs de la pompe à protons (IPP). Ce choix
résultait d’une analyse de la littérature et d’une consultation
d’experts avec la technique Delphi. La démarche partait du constat
que les recommandations seules ne suffisent pas à modifier les
comportements des médecins et qu’une action multifactorielle à long
terme pourrait être plus efficace. Les objectifs de l’étude étaient
d’évaluer la sensibilisation des médecins généralistes à cette
campagne, la prévalence des items dans leur pratique quotidienne et
leur adhésion aux recommandations publiées ou les raisons pour ne
pas les suivre. La méthode était une enquête transversale en ligne
auprès de médecins généralistes d’un réseau de recherche.Le
questionnaire comprenait 3 parties : la première sur les
caractéristiques démographiques des médecins, la deuxième sur leur
connaissance de la campagne pour diminuer la surmédicalisation et
la troisième sur la prévalence des 5 items et leurs attitudes
vis-à-vis des recommandations existantes.
Toujours trop d’IPP
Parmi les 277 médecins du réseau, 167 ont participé à
l’enquête (60 %), en majorité des hommes (70 %), d’un âge moyen de
54 ans.Les résultats montrent que62 % étaient au courant de la
campagne. Lepourcentagede médecins confrontés aux 5 situations
allait de 91 %pour la prescription d’antibiotiques à 47 % pour la
radiographie pulmonaire.Les répondants étaient globalement d’accord
avec les cinq recommandations ; ils étaient 68 à 74 % à dire qu’ils
les respectaient habituellement,sauf pour la prescription d’IPP à
long terme, où ils n’étaient seulement que 34 %. Les raisons les
plus fréquentes pour ne pas avoir suivi les recommandations étaient
les demandes du patient et les situations qui pouvaient suggérer la
nécessité de soins plus « agressifs. »
Dr Bernard Gay