Consommation de protéines et risque de maladie de Crohn

La consommation régulière de grandes quantités de protéines augmente le risque de maladie de Crohn chez les femmes européennes. Ce sont les conclusions d’une étude prospective cas-contrôle réalisée à partir de la cohorte européenne EPIC (Étude prospective européenne sur le cancer et la nutrition) ; cette cohorte comporte 366 521 femmes et 153 457 hommes, âgés de 35-70 ans à l'inclusion, recrutés entre 1992 et 1998 dans dix pays européens. Les cas incidents de maladie de Crohn ont été identifiés au cours du suivi par des questionnaires auto-déclarés (diagnostics validés par les enquêteurs EPIC) ou par les registres nationaux. Chaque cas a été associé à 4 témoins appariés sur l'âge, le sexe et le centre. La relation entre les facteurs alimentaires et le risque de maladie de Crohn a été analysée par régression logistique conditionnelle ; puis les données ont été ajustées en fonction de l'apport énergétique total et de la consommation tabagique. Ainsi, 121 cas de maladie de Crohn ont été identifiés au cours du suivi, 34 hommes et 87 femmes (sexe ratio 0,39), ayant 55,7 ans d’âge médian au moment du diagnostic. L’apport protéique moyen était de 91,0 g/jour dans le groupe atteint de maladie de Crohn et de 85,7 g/jour dans le groupe témoin. Pour la consommation protéique, l'odds ratio (OR) du troisième tertile (≥ 95,3 g/jour) par rapport au premier (< 74,1 g/jour) était de 1,98 (IC 95 % = 0,95 - 4,12 ; p de tendance linéaire = 0,07). Cette association était statistiquement significative chez les femmes (OR = 2,41 ; 1,04-5,57 ; p de tendance = 0,03), mais pas chez les hommes (OR = 0,98 ; 0,18 à 5,16).

Enfin, l’ajustement sur la consommation tabagique ne modifiait pas la force de l'association entre consommation de protéines et risque de maladie de Crohn.

Ce travail montre que des facteurs alimentaires pourraient favoriser les maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI). Il confirme les données d’une étude publiée en 2010, où les mêmes auteurs avaient montré qu’un apport protéique élevé augmentait le risque de MICI dans une cohorte française (Jantchou P, et al. Am J Gastroenterol. 2010 ; 105 (10) : 2195-201).

Claude Demare

Référence
Jantchou P et coll. : Apport en protéines alimentaires et risque de maladie de Crohn : résultats d'une étude européenne de cohorte prospective. Journées Francophones d’Hépato-gastroentérologie et d’Oncologie Digestive (Paris) : 21-24 mars 2013.

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