La loi du 4 juillet 2001 relative à l’interruption de grossesse et à la contraception autorise la contraception définitive pour toute personne majeure qui en fait la demande. Toute personne majeure et motivée, ayant reçu une information écrite sur la méthode et ses conséquences, peut depuis cette date bénéficier de cette option de contraception. Trois techniques se trouvaient ainsi légalisées : la vasectomie pour les hommes, la ligature des trompes et, depuis 2002, la pose d’implants intra-tubaires « Essure » pour les femmes.
Lors du Congrès Infogyn qui se tenait à Tarbes du 3 au 5 octobre 2013, un symposium était consacré à ce choix de la contraception définitive. L’occasion pour les intervenants de faire le point sur sa place dans le champ de la contraception en France et de pointer les a priori qui subsistent chez les professionnels de santé concernant ce choix de la contraception définitive.
Au cours de ce symposium, les intervenants s’appuyaient sur 4 enquêtes réalisées auprès de professionnels de la santé : gynécologues-obstétriciens (Stéri-Gyn), centres d’interruption de grossesse et de contraception (ANCIC), centres de planning familial (MFPF) et médecins généralistes libéraux de 3 régions françaises.
Si les 3 premières catégories de professionnels semblent bien connaître la loi du 4 juillet 2001, les médecins généralistes en revanche sont plus réservés, admettant dans leur majorité ne pas bien connaître la loi ni les modalités de la démarche. Mais quelque soit la connaissance de la loi par le professionnel, le sujet de la contraception définitive est aussi souvent abordé par les patient(e)s eux-mêmes que par les professionnels.
Beaucoup de ces derniers déclarent en effet n’aborder la question que si un certain nombre de critères leur paraissent réunis. L’utilisation de scores, utilisés par certains pour évaluer la pertinence du choix paraît au Dr B. Letombe relever d’une « attitude paternaliste ». Elle insiste sur le fait que les praticiens doivent accorder à chaque patient le choix prioritaire de sa méthode contraceptive et estime que l’argument du regret est plutôt de l’ordre du « fantasme ». Une position qui paraît confortée par une étude montrant qu’au-delà d’1 an, seulement 0,026 % des femmes ayant opté pour la méthode Essure regrettent ce choix, et 0,205 % des femmes ayant choisi une ligature des trompes.
Il n’en demeure pas moins que certaines femmes rencontrent encore de nombreux obstacles avant de trouver un praticien qui accède à leur demande, comme le rappelle le Docteur Marie-Laure Brival.
Le parcours est pourtant bien défini par la loi : après la première consultation au cours de laquelle se fait l’information ou la demande, un délai de réflexion de 4 mois doit être respecté avant la confirmation du choix et la procédure (qui peuvent avoir lieu le même jour). Mais si la presque totalité des gynécologues et des professionnels des centres d’interruption de grossesse et de planning familial connaissent ce parcours, seuls 33 % des médecins généralistes se disent informés.
Ce symposium pointait donc quelques lacunes dans l’information des praticiens. Malgré cela, le nombre de procédures de contraception définitive a augmenté en France ces dernières années, passant de 33 000 procédures en 2009 à près de 38 000 en 2012, dont seulement 2 000 vasectomies. La ligature des trompes, qui était le premier choix jusqu’en 2009, est désormais passée à la deuxième position après la méthode Essure qui a fait l’objet de près de 20 000 procédures en 2012. La simplicité de la pose par hystéroscopie, qui ne nécessite pas d’anesthésie générale et peut se faire en une dizaine de minutes, explique sans doute cette préférence.
Dr Roseline Péluchon