Contraventionnalisation du cannabis : une fausse bonne idée !

Interview vidéo du Pr Jean Costentin, professeur de pharmacologie à l'université de Rouen, membre des Académies nationales de médecine et de pharmacie.

Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a annoncé, quelques jours avant les élections législatives, sa volonté, conformément au programme du nouveau Président de la République, de contraventionnaliser la consommation de cannabis.

Pour ouvrir le débat sur cette mesure, souvent annoncée, toujours repoussée, qui rappelons-le, ne constitue pas une dépénalisation, le JIM s’est entretenu avec le Pr Jean Costentin, professeur de pharmacologie à l’université de Rouen, membre des Académies nationales de médecine et de pharmacie…et dont nos fidèles lecteurs connaissent l’opposition résolue à cette substance.

Dans les jours qui viennent, ce sera au tour du Dr William Lowenstein, président de SOS Addictions, de nous donner son avis sur cette proposition gouvernementale.

Retrouvez notre sondage : Etes-vous favorable à la contraventionnalisation de la consommation de cannabis ?

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Vos réactions (16)

  • Très mauvaise idée...

    Le 01 juillet 2017

    ...sauf rares cas thérapeutiques...en dernier ressort.

    Dr Serge Strulo

  • Quelle solution !

    Le 01 juillet 2017

    Bof Bof donc pas de solution hormis un discourt répressif. Faut-il donc mettre en prison (où l'on fume) tous les consommateurs de cannabis ? Prohibition ? Test salivaires au collège ou lycée? Qui les fera? Quelles sanctions? Quelle prise en charge? Par qui? Et pourquoi pas un test au Nutella ou au Coca? Restons sérieux...

    Dr Jacques Grobois

  • Excellente démonstration !

    Le 02 juillet 2017

    Excellente démonstration, s'il en était besoin, de la nécessité de ne pas "baisser la garde" devant ce fléau qu'est le cannabis.
    Oui, la contraventionnalisation est définitivement une bonne mesure à condition qu'elle s'ajoute à la législation actuelle et non qu'elle la remplace !

    M. Costentin a très bien démontré par ailleurs les effets pervers de l'assouplissement de cette législation et pointé du doigt les carences qui existent au niveau de la prévention.
    Il est évident que l'on ne peut s'affranchir de la nécessité de soigner les toxicomanes, de la nécessité de les aider à se réhabiliter et à devenir abstinents, de la nécessité de réprimer les trafics mais le point essentiel doit être l'éducation.

    On peut affirmer sans l'ombre d'un doute que l'unique cause de la consommation de drogues est l'ignorance. La solution est donc tout naturellement de "rééquilibrer ces 4 points (prévention, repression, soin et réhabilitation) en donnant une place prépondérante à l'éducation, ce qui aujourd'hui fait cruellement défaut.

    Quant à ceux qui confondent le cannabis avec le Coca-cola ou le Nutella, soit il s'agit d'une plaisanterie de fort mauvais goût, soit ils ne font que démontrer l'étendue de leur ignorance du sujet.

    Robert Galibert

  • La prohibition est une démission

    Le 02 juillet 2017

    Si M. Costentin croyait vraiment à toutes les affections générées par la consommation de cannabis qu'il liste, il en conclurait à la nécessité de réguler son usage et non de laisser son monopole aux mains des mafias. Depuis un siècle, les prohibitionnistes travaillent main dans la main avec les trafiquants avec les conséquences catastrophiques que l'on connait. Ce discours de démission sous couvert de prohibition est irresponsable.

    Philippe Poirson

  • Un article sur le Professeur Jean Costentin...

    Le 03 juillet 2017

    Un article sur le Professeur jean Costentin que j'ai lu il y a quelques jours... Il a dû le lire aussi, mais ne sera peut-être pas content de sa diffusion. Je précise que le site Newsweed ne fait pas la promotion du cannabis, mais informe à son sujet en bien et en mal.

    https://www.newsweed.fr/jean-costentin-dangereux/

    Pierre Bérard

  • Irresponsable

    Le 03 juillet 2017

    Il est aujourd'hui irresponsable de laisser parler ce Mr Costentin. Si cela fait 20 ans qu'il rencontre des collégiens, cela fait également 20 ans qu'il n'a pas renouvelé son discours sans amener aucune preuve de ce qu'il dit.

    Regardons un peu :

    - L'usage de cannabis est dangereux, et certaines méthodes d'administration (joint tabac + cannabis notamment) sont inappropriées. Personne n'ira le contredire sur cela. Idem sur la jeunesse, la population la plus à risque chez qui l'usage et l'abus peuvent avoir des conséquences à long terme (on voit d'ailleurs la réussite de la prohibition avec la consommation des jeunes aujourd'hui).

    - Survenue de schizophrénie : l'usage de cannabis a fortement augmenté depuis 30 ans. Or le taux de schizophrénie n'a pas bougé dans l'intervalle. On devrait pourtant, selon les dires de Mr Costentin, assister à une avalanche de schizophrènes. Où sont-ils ?

    - Cancer des testicules : aucune source n'est avancée. Où sont-ils ?

    - Théorie de l'escalade des drogues : cet argument datant de la prohibition américaine des drogues, sur laquelle au passage le pays entier est en train de revenir, a largement été invalidé, par exemple > http://www.liberation.fr/societe/2015/04/28/la-fable-du-cannabis-escalade-vers-d-autres-drogues_1274325

    - Un assouplissement des lois entraîne une hausse de la consommation : 20 ans auparavant, les données manquaient. Avec l'assouplissement des lois actuelles, on se rend surtout compte que les légalisations entraînent une diminution de la consommation chez les plus jeunes (légalisation = interdiction pour les jeunes avec davantage de prévention), et un report de consommation chez les +35 ans, voire les +60 ans, des populations moins à risques sur lesquelles le cannabis n'a pas les mêmes effets. Et surtout, la consommation problématique diminue ! Et c'est sans doute ça le plus important.

    Bref, que mes confrères professionnels qui louent une "belle démonstration" sortent un peu de chez eux, étudient, lisent. Mr Costentin donne une piètre image de nos disciplines.

    Aurélien Bernard

  • Accidents de la route dus au cannabis

    Le 03 juillet 2017

    En terme d'accidents de la route dus au cannabis l'étude SAM citée par Newseed date de 2003... avec des moyens d'investigation succincts et un taux de THC qui n'a plus rien à voir...
    Cependant les faits actuels nous montrent une réalité bien différente : http://newsroom.aaa.com/2016/05/fatal-road-crashes-involving-marijuana-double-state-legalizes-drug/ et dans l'état de Washington les accidents mortels ont triplé...

    Robert Galibert

  • Quelques références intéressantes que d'aucuns pourraient ré-étudier

    Le 03 juillet 2017

    - Survenue de schizophrénie : Study of Swedish Conscripts (n=45570) Andréasson et al Lancet, qui date déjà de 1987 démontre que la survenue de la schizophrénie est dose dépendante
    https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/2892048

    "D’après l’étude de l’INSERM, la prévalence des troubles schizophréniques chez les sujets abuseurs ou dépendants au cannabis est de 6 %, alors qu’elle est d’environ 1 % en population générale. En outre, 36 % des sujets schizophrènes hospitalisés ont été ou sont dépendants au
    cannabis." Extrait de la commission d'enquête du Sénat français 2003.

    Ou encore cette étude https://www.drugabuse.gov/publications/marijuana/there-link-between-marijuana-use-psychiatric-disorders

    - Théorie de l'escalade des drogues : On peut déjà consulter cette étude qui démontre que "celle de boire de l’alcool de manière incontrôlée triplait et celle de consommer des drogues dures était multipliée par 26". https://www.legeneraliste.fr/actualites/article/2017/06/10/des-preuves-que-le-cannabis-est-la-porte-dentree-a-dautres-addictions_310996
    Vers l'alcool. http://www.drugandalcoholdependence.com/article/S0376-8716%2816%2900042-9/fulltext

    Et bien entendu, toutes ces études resteraient stériles si les faits ne venaient pas les corroborer : et bien c'est chose faite et les statistiques de la conséquence de la légalisation au Colorado sont sans appel.

    Personnellement, je n'ai pas seulement pris la peine de "sortir de chez moi", "d'étudier", mais aussi d'aller me rendre compte par moi-même de ces conséquences à Denver (Colorado), Seattle (Washington), Portland (Orégon), DC, Vancouver... Et sur le terrain, je peux affirmer que les conséquences sont catastrophiques !
    Merci de consulter à ce sujet le dernier rapport de l'HIDTA :
    http://www.rmhidta.org/html/2016%20FINAL%20Legalization%20of%20Marijuana%20in%20Colorado%20The%20Impact.pdf
    Je dispose également de pas mal d'études qui confirment, s'il en était besoin, le réel danger de cette drogue.

    Robert Galibert

  • Lobby du cannabis

    Le 03 juillet 2017

    Le site Nesweed est plus que contestable en minimisant le rôle du cannabis dans les accidents de la route ou dans le déclenchement d'une schizophrénie.

    Dr Michel de Guibert

  • Réponse au "Professeur"

    Le 04 juillet 2017

    En toute logique, il me semble difficile de connaître le nombre d'accidents liés exclusivement au cannabis. Quid des facteurs de confusion, du terrain... ? Pourquoi l'omission des causes médicamenteuses ? Protection de lobbies?

    Le problème dans cette histoire, c'est que la croyance des intervenants et des "sachants" l'emporte sur le raisonnement et souvent même sur le bon sens.

    "Ceux qui prétendent détenir la vérité sont ceux qui ne la recherche plus" dit un auteur dont j'ai oublié nom.

    Dr Gilles Hourcade

  • La petite facture

    Le 04 juillet 2017

    Tous ces fiers a bras qui defendent le droit de fumer "c'est mon probleme et je fais ce que je veux" nous ferons bien rigoler quand,dans 30 ans,leur main agée et tremblotante tendant leur carte Vitale,ils essaieront de refiler à la collectivité la petite facture du Centre Anticancer.

    Vous aviez du fric pour acheter du tabac ou du cannabis pendant 30 ans,et bien continuez a prevoir le meme budget...pour le reste à charge de la Secu.Pas question de 100%! Des vrais ultra liberaux ces libertaires là: m'en fout de me polluer les poumons en y envoyant volontairement des produits de combustion, c'est les autres qui me paieront le traitement.

    Maignan, Pharmacien

  • Très bonne idée,au contraire !

    Le 08 juillet 2017

    Dans le milieu bobo-ecolo toujours pret a demander des comptes aux pollueurs, on oublie,comme c'est bizarre, de s'appliquer le meme principe: les pollueurs doivent etre les payeurs.

    Donc,ceux qui se polluent volontairement l'organisme doivent en financer les conséquences, par une contravention, ou autrement.

    Pollueurs=Payeurs !

    Maignan, pharmacien

  • Les études et rapports...

    Le 08 juillet 2017

    Le problème des études et autres rapports, est qu'il en sort une ou plus tous les mois et qu'ils affirment tout et son contraire, en favorable ou en opposable, certainement liés à des lobbies d'un bord ou de l'autre. Quant à Robert Galibert, j'aimerai savoir combien de temps il a passé dans les régions concernées des EUA pour être au fait d'affirmations qui sont contredites par ailleurs... Les sources dont il dispose ? Pour la schizophrénie, il est bien évident que si l'on est prédisposé à cette affection et ayant moins de vingt-cinq ans, il est fortement recommandé de ne pas utiliser de cannabis... ni d'alcool.

    Ce qui est certain, c'est que la prohibition n'empêche pas un usage qui se fait dans des conditions délétères. Quant à consommer, puisque le fait est inévitable et bien présent, autant le faire dans des conditions de maîtrise et de contrôle, psychosocial, commercial et informationnel, loin du contact de néfastes trafiquants.

    Cependant, je ne me rappelle plus où j'ai lu ça, il semblerait que des politiciens pragmatiques estiment que la légalisation ferait perdre des sources de revenus à des pans entiers de populations de certaines zones du territoire national. CQFD...

    Pierre Bérard

  • Le principal problème est celui des jeunes consommateurs

    Le 08 juillet 2017

    Le métabolisme du cannabis et ses effets psychotropes sont étudiés depuis les années 30, sa toxicité directe est faible statistiquement et sous la dépendance du mode d'administration, la voie digestive étant parfaitement inoffensive.

    Si on se rapporte au nombre de fumeurs adultes, la schizophrénie est rarissime et ne se révèle essentiellement chez les border-Line. La dépendance est surtout observée chez les très gros consommateurs et la théorie de l'escalade est simplement fausse au regards des chiffres.

    Les usages récréatifs sont incontestablement positifs et majoritaires, les effets pharmacologiques et thèrapeutiques établis.
    Le principal problème est l'accession de consommateurs jeunes. Les effets délétères psychiques et intellectuels ont été parfaitement démontrés, et contrairement à l'adulte, peu réversibles. Il reste à débattre du fait que la prohibition serait la seule solution à ce problème de santé publique.

    Dr Jean-Louis Bernard

  • Le cannabis est une horreur

    Le 10 juillet 2017

    Désormais à la retraite, ayant durant des années entendu les bons esprits plaider la libéralisation comme outil de prévention des drogues, j'ai constaté durant toutes mes années de clinique un fait confirmé par tous les auteurs : un schizophrène sous cannabis résiste aux antipsychotiques et présente une désorganisation cognitive qui s'oppose aux traitements tant médicamenteux que relationnels.

    Dès qu'il cesse sa consommation il devient, pour le temps qu'il en est ainsi, plus facile de lui faire regagner l'état de base, aux séquelles cognitives près.

    Quant à notre confrère qui prétend détecter les jeunes en risque de schizophrénie, bon courage ! Ce n'est pas scientifiquement réaliste, même s'il existe des pistes pour ça, et encore moins de n'interdire qu'à ceux-là un produit toxique sur le cerveau de tous. Tous les spécialistes de neurosciences le savent. On aura beau faire, et se débattre comme un diable dans un bénitier, il n'y a pas de prohibition du tout : seulement dans les textes, qui ne sont pas appliqués, et c'est un problème. On ne peut pas parler de l'efficacité de mesures lorsqu'elles ne sont pas appliquées dans les faits. Enfin, j'ajoute que, dans ma campagne reculée, c'est actuellement en CM2 que les enfants sont primo-confrontés au cannabis. Un encouragement à ça ?

    Dr François Jacquemin

  • Pour le Dr. François Jacquemin

    Le 15 juillet 2017

    Il n'y a pas à "détecter les jeunes en risque de schizophrénie", ce risque est potentiellement présent chez eux. Le tout est d'informer les adolescents et jeunes adultes éventuels usagers de cannabis. Regardez donc l'entretien avec le Dr. Lowenstein, franchement intéressant et plein d'intelligence. Il dit les choses bien mieux que moi et est une référence objective du sujet.

    http://www.jim.fr/medecin/videos/e-docs/contraventionnalisation_de_la_consommation_de_cannabis_toujours_en_debat__166469/document_jim_tube.phtml

    Pierre Bérard

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