
Mountain View, le samedi 27 juin 2015 – C’est le plus grand serial killer de la planète et beaucoup redoutent qu’il prépare de nouveaux crimes, inédits. Grâce, entre autres, au paludisme, le moustique tue déjà chaque année des millions de personnes dans le monde. Demain, il pourrait favoriser la dissémination d’autres agents pathogènes. Sans nul, doute, le moustique doit demeurer le centre de toutes les attentions.
Un travail laborieux
Il l’est déjà. Les programmes pour le traquer se sont multipliés. Pièges anti moustique, appels à la vigilance et au signalement : la participation de tous est requise pour ce travail difficile. « Les procédures actuelles pour capturer des moustiques sur le terrain sont laborieuses » observe Douglas Norris, professeur de microbiologie et immunologie à l’Ecole de santé publique John Hopkins cité par Sciences et Avenir. « Les technologies disponibles pour collecter des échantillons sont très limitées et présentent de nombreux biais » ajoute Ethan Jakson, de Microsoft. Il faut de nouveaux outils plus performants, il faut convoquer l’ensemble des technologies existantes et en développer de plus performantes encore. C’est l’objet du Projet Premonition qui vient d’être dévoilé.
Un drone qui reconnaît les moustiques
Fruit d’une collaboration entre Microsof Tech et des chercheurs des universités de Pittsburgh et de Johns Hopkins, le Projet Premonition comporte plusieurs volets. D’abord, mettre au point, un système plus performant pour "chasser " le moustique. L’idée du drone s’est imposée ; un prototype a été développé. Les intérêts du drone sont évidemment multiples : il est notamment capable de s’aventurer dans des zones très difficiles d’accès. Le drone chasseur de moustiques sera capable de différencier l’insecte de ses congénères moins piquants et de le capturer en utilisant notamment des leurres odorants.
La puissance de frappe de Microsoft
Deuxième étape après la capture, l’analyse. L’objectif est en effet de collecter un nombre important d’échantillons pour réaliser le séquençage des différents types de pathogènes transportés par les moustiques. Les drones seront des atouts précieux, non seulement parce qu’ils rapporteront leurs proies, mais aussi parce qu’ils devraient être capables de transmettre en temps réel différentes informations sur le spécimen capturé et les agents pathogènes détectés. Le séquençage pourra alors commencer, mais pour l’accélérer, il sera nécessaire de développer des algorithmes plus performants encore et toute la puissance du fameux "Cloud" de Microsoft ne sera pas inutile.
Encore cinq ans de tranquillité pour le moustique
A terme, le Projet Premonition a pour ambition d’offrir la « possibilité de surveiller les agents infectieux alors qu’ils sont en mouvement sur la carte. Au final nous aimerions disposer d’un système global capable de détecter de nouveaux agents infectieux et de surveiller les mouvements de ceux déjà connues. De cette façon, nous pourrions intervenir avant que ceux-ci ne deviennent épidémiques » explique James Pipas, professeur en biologie moléculaire à l’université de Pittsburgh. Le projet n’en est qu’à ses débuts. Seule une étude de faisabilité a pour l’heure été conduite sur l’île de Grenade, reposant sur la collecte manuelle de moustiques, afin notamment d’élaborer les nouveaux algorithmes. Les tenants du projet estiment que d’ici cinq ans, une flottille de drone pourrait prendre son envol contre le moustique.
Aurélie Haroche