Covid-19 : et si l’on pouvait tous avancer masqués…
Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, l’usage des masques
faciaux s’est généralisé en Chine et dans d’autres pays asiatiques,
tels le Japon et la Corée du Sud. Dans certaines provinces ou
villes chinoises, le port du masque est même devenu obligatoire
dans les lieux publics : une injonction qui a été reprise par les
autorités nationales en l’adaptant au risque encouru, au demeurant
étroitement corrélé à l’activité professionnelle, les soignants
étant les plus exposés.
Des conseils variables d’un pays à l’autre
Force est de constater que les conseils portant sur le port du
masque varient d’un pays à l’autre, mais il existe tout de même un
consensus sur certains points. Ainsi, ce geste ne se discute pas
pour les patients infectés et les membres du personnel soignant.
L’OMS est contre le port systématique du masque au sein de la
population générale dès lors que l’on est en bonne santé apparente
en s’appuyant sur plusieurs arguments. En premier lieu, il importe
de préserver les stocks limités de masques pour les réserver au
personnel soignant qui est en première ligne : le cas de certains
pays en situation de pénurie, tels la France est à cet égard
exemplaire. Autre argument : la protection contre le coronavirus
par le port universel du masque n’a pas fait la preuve de son
efficacité. Ce à quoi il est tentant de répondre que l’absence de
preuve n’est pas la preuve de l’absence et c’est d’ailleurs la
réponse argumentée et développée dans une lettre adressée au
Lancet, publiée en ligne le 20 mars 2020.
Où le masque universel se heurte au principe de
réalité
Si le port du masque par tout un chacun en période de pandémie
mondiale de Covid-19 semble être un remède universel qui
contribuerait à régler le problème, dès lors que lui seraient
associées les mesures barrières actuelle, il faut bien reconnaître
que cette option n’est actuellement à la portée d’aucun pays. Elle
se heurte au principe de réalité. Quand les masques manquent ou
quand leurs stocks sont aussi limités que leur capacité de
production à l’échelon mondial, il importe de ne pas céder à
la psychose collective engendrée par la pandémie actuelle : la
priorité doit aller aux soignants ou à tous ceux qui sont en
permanence exposés à un risque infectieux significatif de par leur
profession et leurs contacts directs rapprochés dans le temps et
l’espace avec le public, les mesures barrières n’étant pas tout à
fait suffisantes.
En période d’abondance… optimiser resterait la
priorité
En période d’abondance de masques, ce qui sera peut-être le
cas dans un proche avenir si leur production mondiale augmente (+40
% : c’est le vœu de l’OMS), leur utilisation pourrait être moins
sélective. Mais même dans ce cas de figure plus favorable, les
autorités sanitaires devront optimiser la distribution des masques
en tenant compte de la vulnérabilité individuelle (âge> 65 ans,
comorbidités, facteurs de risque etc.) et des besoins de la
collectivité. Le port généralisé de masque pourrait ainsi freiner
la propagation du virus à partir des patients infectés mais
asymptomatiques et des porteurs dits sains. Encore faut-il
tenir compte des représentations sociales et culturelles du pays :
ainsi, l’usage du masque à des fins hygiéniques courantes est
indéniablement plus répandu dans les pays asiatiques qu’en
Europe.
Il y a masque et masque
Évidemment, tous masqués dès le premier pas dans la rue :
voilà qui réglerait le problème sous tous les angles, mais cela
reste de la théorie. Au passage, il y a masque et masque : il
convient d’utiliser le bon –conforme aux objectifs sanitaires et
agréé et de respecter les bonnes pratiques, notamment d’en changer
régulièrement. Un masque chargé de salive peut rapidement se
transforme en réservoir potentiel de germes pathogènes autres qu’un
coronavirus. Enfin, il ne faut pas que le masque constitue une
fausse sécurité incitant à faire l’économie partielle des gestes
barrières, dans la mesure où l’on se sent totalement protégé par un
masque…
Pour résumer et se conformer aux positions de l’OMS, il semble
rationnel de réserver les masques aux patients symptomatiques ou
aux sujets qui les prennent en charge ou les approchent
régulièrement. Même précaution chez les sujets en quarantaine dès
lors qu’ils quittent leur lieu de confinement quel que soit le
motif de la sortie : c’est le meilleur moyen pour prévenir la
transmission potentielle autant au stade symptomatique que
présymptomatique. En période d’abondance de masques, les sujets
vulnérables méritent d’être masqués, que la vulnérabilité soit liée
au grand âge, aux maladies sous-jacentes, aux facteurs de risque
etc. Une notion à préciser à la lueur des données épidémiologiques
les plus récentes. Le masquage universel n’est pas à l’ordre du
jour sauf si l’on mettait au point des dispositifs plus
durables ou réutilisables sur une grande échelle, ce qui
permettrait d’augmenter le potentiel et de généraliser une pratique
qui ne peut l’être à l’heure actuelle, du fait de la pénurie…
Ajuster offre et demande en fonction de l’évolution de cette
pandémie et des épidémies à venir, voilà une priorité absolue en
santé publique.
Ce n'est même pas une grippe actuellement . Optimisation = malthusianisme
Le 24 mars 2020
Issu du site de l'INSTITUT PASTEUR
"En France, la grippe saisonnière touche 2 à 8 millions de personnes et est responsable de 10 000 à 15 000 décès chaque année."
"...d’où l’importance des mesures barrière lors des épidémies (port de masque, lavage des mains)"
Dr YD
Rapport bénéfice-risque favorable
Le 24 mars 2020
L'absence de preuve (de l'efficacité du masque) n'est pas la preuve de l'absence (d'efficacité du masque) CQFD. Et le masque ne semble pas avoir trop d'effets secondaires. Le bénéfice-risque du port du masque semble quand même bien largement en faveur du bénéfice. Et on pourrait si on était mieux équipé passer sur nos représentations culturelles.
Dr Eliane Bure
Triste résultat d'une gestion de crise où se mélangent hypocrisie et incompétence
Le 25 mars 2020
Bonne analyse mais la vérité est là : si tout le monde sortait avec un masque, il n'y aurait presque plus de risque de propagation de la maladie. C'est ainsi que ça se passe maintenant en Asie. Pourtant en France, actuellement, porter un simple masque chirurgical dans la rue ou dans le magasin d'alimentation suscite parfois des réactions agressives alors qu'il est simplement conçu pour protéger les autres... Triste résultat d'une gestion de crise à l'africaine où se mélangent hypocrisie et incompétence. Quelqu'un va-t-il évaluer précisément les effets délétères d'un confinement prolongé ?