Paris, le samedi 19 septembre 2015 – Roman, films, peintures : le cancer est loin d’être un inconnu des pages cultures. Chaque saison nous apporte son lot d’œuvres inspirées par cet intrus plus qu’incommodant. Souvent, même si des douleurs peuvent effleurer, des tristesses, des angoisses, ces récits sont surtout des exaltations, odes à la vie-malgré-tout, aux progrès de la médecine, à la force de la résistance. Mais il arrive qu’entre les lignes, d’autres visions émergent. Ainsi, le rescapé du cancer n’est pas toujours un héros, qui a appris de cette épreuve l’importance de respecter son corps et la nécessité de suivre un chemin de vérité. Le rescapé du cancer, auréolé de cette victoire, peut au contraire devenir un apôtre du mensonge, un génie de la dissimulation, notamment grâce à des produits dangereux. C’est ce que nous raconte The Program, film de Stephen Frears sorti ce 16 septembre qui est le récit haletant de l’histoire de Lance Armstrong, de sa lutte contre le cancer à la chute de l’idole.
Soldats égarés
Quand un film ou un roman s’aventure à évoquer le cancer incurable, la fin, la mort, c’est l’abnégation ou la colère qui dominent. Les héros de Moins 2 ont choisi une toute autre voie, la "fuite". Guy Bedos et Philippe Magnan reprennent à partir du 22 septembre au Théâtre Hébertot les rôles créés il y a dix ans par Jean-Louis Trintignant et Roger Dumas. Les deux hommes imprimeront leur gouaille au texte souvent décapant de Samuel Benchetrit, qui entre rires et larmes, décrit la quête ultime d’aventures de deux patients, s’échappant de l’hôpital, alors que leurs jours sont comptés.
Hécatombe
Quand une chanson raconte le cancer, c’est fréquemment une romance fleur bleue, qui décrit à demi-mots l’être aimé, qui ne s’attarde pas sur la grande faux, qui laisse se mélanger la douceur, les regrets et en dépit de tout l’espoir. Le chanteur belge Stromae n’a pas du tout choisi cette optique. Son dernier clip qui illustre sa chanson Quand c’est ? (issue de son album Racine Carrée) est une lancinante interrogation sur l’hécatombe provoquée par le cancer, l’artiste s’interrogeant sur les « prochaines victimes sur la liste » de ce mal ironique. Après avoir évoqué ses parents attaqués, Stromae se met lui-même en scène en proie au cancer et la fin du clip et de la chanson ne sont nullement un happy end, provoquant un final glaçant et loin des représentations habituelles.
Bataillon
Et si au-delà de ces illusions artistiques, vous souhaitez découvrir le cancer dans son actualité, celle des médecins, chercheurs et patients qui livrent bataille (avec de plus en plus de succès), n’hésitez pas à vous promener ce week-end à l’Institut Curie à Paris qui comme de nombreux centres et facultés de médecine ouvrent ses portes et ses mystères à l’occasion des journées du patrimoine.
Cinéma : The Program, de Stephen Frears, sortie le 16 septembre, 1h43
Théâtre : Moins 2, de Samuel Benchetrit, à partir du 22 septembre, théâtre Hébertot, 78, bis Boulevard des Batignolles, 75017 Paris
Musique : Quand c’est, de Stromae (album Racine Carrée)
Journée du Patrimoine, les 19 et 20 septembre, partout en France, programme à l’adresse : http://journeesdupatrimoine.culturecommunication.gouv.fr/
Aurélie Haroche
