
Paris, le samedi 19 janvier 2013 – Gérer une revue médicale n’est pas une sinécure. Ce n’est pas le faible fardeau qui pèse sur les épaules de notre rédaction que nous évoquons ici, mais bien plus certainement les enjeux auxquels doivent faire face les grandes publications internationales. Depuis quelques années, des nouvelles venues se sont lancées dans l’arène, avec un succès incontestable : des revues uniquement publiées sur internet en accès libre, la famille des PLOS. Si PLOS Medicine tient souvent la vedette, d’autres tentent encore de se faire une place dans la jungle des publications scientifiques. C’est le cas de PLOS Neglected Tropical Diseases, « lancée grâce à la fondation Bill et Melinda Gates » comme nous le précise le docteur Hervé Maisonneuve sur son blog « Rédaction médicale et scientifique » consacré comme son nom l’indique assez explicitement au « fonctionnement et aux actualités des revues biomédicales ».
Hot paper
Si PLOS Neglected Tropical Diseases offre « chaque mois de bons articles » souligne Hervé Maisonneuve, sa notoriété est loin d’égaler celle de PLOS Medicine et plus encore des autres revues stars que sont le New England Journal of Medicine ou encore le Lancet. Cependant, PLOS Neglected Tropical Diseases s’est offert une petite publicité que certains avec un peu de vulgarité pourrait qualifier de « pas merdique ». Pour faire parler d’elle, une revue ne dispose guère d’un très grand nombre d’armes : la première et la plus efficace est de publier un « hot paper ». Le papier chaud de PLOS Neglected Tropical Diseases ne l’était pas au sens ou beaucoup l’entendent habituellement mais il a néanmoins été assez marquant pour interpeller les médias. « An in-depth analysis of a piece of shit : distribution of Schistosoma mansoni and hookworm eggs in human stool » n’est pas passsé inapperçu. « Cet article fait le buzz par son titre sur les blogs (dont le mien) ! (…) Le facteur d’impact de PLOS NTD va augmenter ! Même le Monde Week-end, Science et techno daté du 13 janvier (…) a publié un article intitulé «Parasitologie : petit précis de décomposition » avec un bon sous titre « Conjuguant souci de la santé publique et sens de la publicité, une étude propose l’analyse d’un morceau de merde » », s’amuse Hervé Maisonneuve. L’article valait-il cet engouement ? « Partiellement. Il contient des messages connus depuis très très longtemps : pour détecter des œufs dans les selles parasitées, il faut homogénéiser les selles et ne pas les laisser sécher. Le travail est rigoureux, bien fait, apporte des données nombreuses, dont certaines nouvelles » répond Henri Maisonneuve, dont vous invitons à découvrir sur son blog d’autres analyses (souvent plus sérieuses !) du mode de fonctionnement des revues qui sont à la base du travail du JIM depuis 33 ans.
Léa Crébat