Ce numéro du BEH est consacré à l’épidémiologie des infections acquises pendant la grossesse ou lors de l’accouchement en France. Qu’elles soient virales, bactériennes ou parasitaires, leurs conséquences peuvent être dramatiques pour le foetus ou le nouveau-né. Leur diagnostic est aussi une source d’anxiété majeure pour les mères et peut conduire à des interruptions volontaires non justifiées. Selon l’infection et sa physiopathologie, l’expression pour le foetus ou le nouveau-né inclut la mort in utero, des infections graves à la naissance, des malformations congénitales et des manifestations cliniques à distance. Cependant, l’infection peut aussi être asymptomatique. Face à la gravité de ces infections, des stratégies de prévention efficaces ont été développées et mises en oeuvre, certaines de longue date et d’autres plus récemment. Elles varient fortement selon la nature de l’infection : maîtrise de la contamination alimentaire au niveau de la production et de la chaîne alimentaire et hygiène alimentaire pendant la grossesse (listériose et toxoplasmose), dépistage, traitement et prophylaxie spécifiques lors de la grossesse ou de l’accouchement (syphilis, toxoplasmose,VIH, streptocoque B, hépatite B…), vaccination contre la rubéole des enfants, des adolescentes et des jeunes femmes non immunes. L’application large de ces stratégies devrait donc permettre d’en réduire fortement l’impact sur la santé du nouveau-né. Le succès dépend de la capacité du système de prise en charge de la maternité à les intégrer en routine, de l’adhésion large des professionnels de santé impliqués, de l’information et de l’adhésion des futurs parents et des femmes enceintes. La complexité et l’hétérogénéité de ces infections sont, cependant, un handicap dans la mesure où les messages et les interventions préventives différent selon l’infection. Leur évaluation est importante pour estimer leur impact, identifier les éventuelles barrières à leur application et les ajuster. Cinq des huit articles publiés ici contribuent à l’évaluation des mesures prises. Les approches méthodologiques utilisées sont variées : enquêtes répétées associées à l’estimation de l’évolution de l’incidence et de la prévalence par modélisation (toxoplasmose), cohorte des femmes enceintes infectées par le VIH, et systèmes de surveillance (rubéole congénitale malformative, listériose, infections néonatales à streptocoque B). Ces articles indiquent une nette amélioration et rendent compte de l’impact très positif des interventions : division par 10 de la transmission mère-enfant du VIH (Warszawski et al.) grâce au dépistage prénatal et la prophylaxie antivirale ; division par 20 en 10 ans des infections rubéoleuses durant la grossesse ; division par 10 en 20 ans de la listériose materno-néonatale ; division de plus de moitié des infections néonatales précoces à streptocoque B parallèlement à la mise en place par la quasi-totalité des maternités d’un protocole de dépistage et d’antibio-prophylaxie
Voir : http://www.invs.sante.fr/display/?doc%3Dbeh/2008/14_15/index.htm