On connaît bien le rhinophyma, hyperplasie conjonctivo-vasculaire et sébacée de la peau du nez apparentée à la rosacée. Il n'est pas exceptionnel d'observer des remaniements analogues du tégument sur le front, les pommettes ou le menton. Mais la possibilité d'une atteinte des paupières suffisante pour empêcher la vision d'un œil méritait d'être signalée
Blépharite pseudo-tumorale
Il s'agit d'un homme de 80 ans qui presentait une congestion pseudo-tumorale des paupières supérieure et inférieure droite. L'évolution chronique, la surface en peau d'orange violacée, l'association à un rhinophyma et à une hypertrophie diffuse "léonine" de la peau du visage suggéraient une pathogénie de type rosacée. La biopsie montrait des remaniements inflammatoires chroniques compatibles avec ce diagnostic et le scanner confirmait l'absence de tumeur orbitaire. Contrairement à ce qui a été signalé, cette rosacée monstrueuse n'était pas due à un syndrome carcinoïde. Les essais successifs de tétracycline, d'isotrétinoïne et même de radiothérapie ont échoué et il a fallu recourir à la chirurgie pour restaurer l'ouverture palpébrale.
Forme extrême
de rosacée palpébrale
Un tel phénomène n'avait, semble-t-il, jamais été rapporté. L'atteinte oculaire est bien sûr fréquente dans la rosacée, à type d'hyperémie conjonctivale et de blépharite, souvent compliquée de chalazions ou d'orgelets. On a également souligné récemment la fréquence de l'insuffisance lacrymale.
Plus rarement, on constate des télangiectasies des paupières, une kératite ponctuée superficielle, un iritis ou une épisclérite. Les atteintes cornéennes graves peuvent aller jusqu'à l'ulcération et aboutir à une néovascularisation. Le "blépharophyma" reste donc une sorte de légume de foire. L'échec des traitements médicaux ne fait que souligner l'analogie avec le rhinophyma.
O'Donnel B.F. et Fould I.S. : "Visual impairment secondary to
rosacea". Br. J. Dermatol.,
1992 ; 127 : 300-301.
François Blanc