De la vitamine D pour les obèses ?

L'obésité est considérée par beaucoup comme une maladie à composante inflammatoire comme en témoigne les taux importants de marqueurs de l'inflammation dans le tissu adipeux et les adipocytes. Par ailleurs, si d’après l’Etude Nationale Nutrition-Santé, les carences modérées en vitamine D toucheraient 4,4 % des adultes et les « subcarences » plus de 35 %, il est aussi apparu de nombreuses études épidémiologiques montrant que le taux plasmatique de 25(OH) vitamine D est réduit chez les obèses, laissant supposer aussi que les niveaux insuffisants en vitamine D chez les sujets obèses ne sont pas une conséquence de l’obésité, mais la précéderaient.

La question restait cependant ouverte quant à savoir s'il existe une relation entre cette vitamine D et le développement de la réponse inflammatoire in vitro et in vivo. Pour tenter d'y répondre, le laboratoire NORT UMR INSERM U1062/INRA1260 à Marseille (dont l'équipe était menée par Abdelhamid Kerkeni, spécialisé dans le domaine 'nutrition, obésité et risque thrombotique')  a eu recours à des cultures d'adipocytes humains et murins (3T3-L1), prétraités avec la forme active de la vitamine D (1,25(OH)2D) et traités avec le TNFα. Pratiquement, ces souris ont été gavées avec de la vitamine D pendant 4 jours avant de recevoir au 5ème jour une injection de lipopolysaccharide (4 h) afin d'étudier l'impact sur l'inflammation aiguë. Pour évaluer l'effet de la vitamine D sur l'inflammation chronique, ces souris ont été soumises à différents régimes : régime standard, régime riche en graisses, régime riche en graisse supplémenté en vitamine D (10 semaines), avec dosage des  marqueurs inflammatoires, des chimiokines et des marqueurs des macrophages.

Résultat: la 1,25(OH)2 vitamine D entraîne une forte diminution du niveau d'expression d'un grand nombre de chimiokines induites par le TNFα (p < 0,05). Elle limite également la migration des macrophages induite par l'utilisation de milieu conditionné par des adipocytes (p < 0,05), ce que les auteurs expliquent par le fait que la vitamine D module la voie de signalisation NF-κB.

Les effets de la supplémentation en vitamine D in vivo ont par ailleurs été confirmés dans des modèles d'inflammations aiguë et chronique: cette dernière limite en effet l'expression des cytokines pro-inflammatoires et des chimiokines au niveau du tissu adipeux et des adipocytes de souris supplémentées. L'infiltration macrophagique est également réduite au niveau du tissu adipeux des souris supplémentées en VD (modèle d'inflammation métabolique). Les auteurs concluent ainsi que la vitamine D pourrait prévenir ou limiter les complications associées à l'obésité dont la réponse inflammatoire.

Dr Dominique-Jean Bouilliez

Référence
Kerkeni E et coll.: La vitamine D limite le stress inflammatoire au niveau des adipocytes in vitro et in vivo. 12èmes Journées Francophones de Nutrition (Bruxelles) : 10-12 décembre 2014.

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Vos réactions (1)

  • Je ne comprends pas

    Le 25 décembre 2014

    L'obésité a-t-elle une composante inflammatoire ou l'inflammation est-elle une conséquence de l'obésité ?
    Pas clair.
    Dr André Cohen

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