De l’eau, de l’eau pour le sujet âgé hospitalisé !

Le sujet âgé hospitalisé est exposé à la déshydratation extra- et intracellulaire. Ce risque tient à de multiples facteurs, parmi lesquels des maladies favorisantes comme le diabète ou des infections intercurrentes, mais aussi certains médicaments tels les diurétiques, sans oublier la perte d’autonomie qui lui complique l’accès à l’eau. Tous ces facteurs et bien d’autres voient leur rôle exacerbé en période caniculaire, avec les conséquences que l’on sait, à la lueur d’évènements récents. En dehors de toute canicule, dans les circonstances ordinaires, l’équilibre hydro-électrolytique du sujet âgé, a fortiori très âgé est fragile et son milieu intérieur, notamment son osmolarité est réellement menacé du simple fait d’une déshydratation, comme le montrent les résultats d’une étude de cohorte prospective, dite HOOP (Hydration and outcome in older patients), menée au sein d’hôpitaux universitaires britanniques. Elle a inclus 200 patients âgés d’au moins 65 ans hospitalisés en urgence, son objectif étant d’évaluer la prévalence et les conséquences pronostiques de l’hyperosmolarité à court comme à long terme.

En l’occurrence, c’est l’osmolalité qui a été mesurée à l’état basal, celle-ci étant considérée comme élevée dès qu’elle dépassait la valeur physiologique de 300 mOsm/kg. Divers index ont permis de prendre en compte les comorbidités, la vigilance, la vulnérabilité et l’état nutritionnel qui sont autant de facteurs interférant avec l’hydratation corporelle. Chez les patients hospitalisés durant plus de 48 heures, l’osmolalité a été à nouveau mesurée.

Déshydratation pour plus d’un tiers des patients à l’admission

Selon le critère précédemment défini, 37 % des participants pouvaient être considérés comme déshydratés dès leur admission. Parmi ceux-ci, la majorité (62 %) était dans le même état, 48 heures plus tard. La mortalité globale au cours de l’hospitalisation a été estimée à 7 %. La plupart des sujets décédés (79 %, p = 0,001) étaient déshydratés lors de leur admission. Une analyse par régression logistique multiple selon le modèle de Cox a été réalisée, en procédant à divers ajustements qui ont pris en compte l’âge et le sexe, mais aussi  les facteurs de confusion potentiels, tels les comorbidités, le degré de vigilance, la vulnérabilité et l’état nutritionnel. Cette analyse a montré que le risque de décès était multiplié par 6, en cas de déshydratation constatée lors de l’admission, l’odds ratio (versus hydratation normale) étant en effet de 6,04 (intervalle de confiance à 95 % : 1,64-22,25 ; p = 0,007).

Ces résultats ne sauraient surprendre, car ils confirment la grande fréquence de la déshydratation chez le sujet âgé, notamment en milieu hospitalier. Son mauvais pronostic tient à de multiples facteurs, mais le fait est qu’il y a tout intérêt à y remédier de manière systématique, en tenant compte certes de sa cause, mais aussi tout simplement de son existence. De l’eau, c’est le premier cadeau à offrir au patient âgé hospitalisé, les fleurs doivent venir en seconde intention, mais comme elles ont besoin d’eau, elles peuvent rappeler les devoirs les plus élémentaires…

Dr Philippe Tellier

Référence
El-Sharkawy AM et coll. : Hydration and outcome in older patients admitted to hospital (The HOOP prospective cohort study). Age Ageing 2015; 44: 943-7.

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Vos réactions (1)

  • Gâchis

    Le 12 janvier 2016

    Il fait beaucoup trop chaud dans nos hôpitaux.
    Quant à l'eau, celle du robinet est excellente.
    Tant de gâchis, de chauffage, de transport, de plastique...

    Dr Jean-Paul Huisman

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