De quelques complications non infectieuses liées au SIDA…

L’insuffisance rénale est une complication fréquente chez les patients infectés par le VIH, ce qui est du à leur âge, aux comorbidités (diabète, hypertension), à l’immunosuppression propre à leur maladie et aux traitements antirétroviraux. Pour mieux appréhender le problème, Lene Ryom, du département des maladies infectieuses du CHIP à Copenhague a comparé les données de 2460 personnes infectées par le VIH avec insuffisance rénale à 34 116 personnes infectées sans insuffisance rénale.

Sans surprise, l’insuffisance rénale était associée au risque d’évènement médical grave (telle qu’une insuffisance rénale terminale, un évènement cardio-vasculaire, ou encore le décès). Après un suivi médian de 2,7 ans, le risque des patients insuffisant rénaux de connaitre un tel évènement était de 7,9 % à un an, contre 2,8 % pour les autres.  Quant aux décès enregistrés, ils sont pour la majorité non liés au SIDA, les principaux facteurs de risque étant un IMC inférieur à 18, une dyslipémie, un mauvais contrôle du VIH, la présence d’un diabète et le tabagisme. Les décès sont surtout d’origine rénale ou cardio-vasculaire, ce qui incite les auteurs à recommander un suivi très strict et une prise en charge agressive des facteurs de risque cardio-vasculaires chez les personnes infectées par le VIH en insuffisance rénale (1).

Les artérites des membres inférieurs sont plus fréquents dans le VIH

Sur le plan cardio-vasculaire, on sait que dans la population générale la prévalence des artérites périphériques est nettement plus élevée en cas de cardiopathie. Mais on ne connaît pas la prévalence de ces artérites chez les patients infectés par le VIH, ce qu’Andreas Knudsen (Rigshospitalet, Copenhague) a tenté d’évalué en comparant 908 patients infectés par le VIH à 11 106 contrôles. La présence d’une artérite était déterminée par un index de pression systolique inférieur à 0,9, la pression brachiale étant mesurée au sphygmomanomètre et la pression au niveau de la cheville par Doppler. Les patients contrôle étaient plus souvent hypertendus ou en surpoids et moins souvent fumeurs. Les résultats montrent, après ajustement pour les facteurs de risque cardio-vasculaire, une plus grande prévalence de l’artérite chez les patients infectés par le VIH (OR=1,8, soit 12% contre 6%), cette dernière étant plus souvent symptomatique également.

Si les affections cardio-vasculaires sont une des causes majeures de morbi-mortalité chez les patients infectés par le VIH, on ne connaît pas encore avec précision les mécanismes menant à l’augmentation en fréquence et en extension des plaques athérosclérotiques dans cette population.

Reprenant les données de la MACS (Multicenter AIDS Cohort Study), Wendy Post (Johns Hopkins, Baltimore) a analysé les données des participants âgés de 40 à 70 ans sans antécédent coronarien et avec une bonne fonction rénale, soit 316 patients VIH+ (généralement plus jeunes et plus fréquemment fumeurs) et 239 contrôles. Les patients infectés ont vu en général une progression significativement plus rapide des plaques athéromateuses, qu’elles soient calcifiées ou non. Mais ce constat n’est pas retrouvé chez les afro-américains qui ont une progression similaire aux patients contrôle sans que l’on ne sache pourquoi. Enfin, cette étude s’est limitée aux hommes. On ne sait donc pas encore si ces données peuvent être transposées aux femmes infectées par le VIH (3).

Dr Dominique-Jean Bouilliez

Références
1. Ryom L, et coll. Serious Clinical Outcomes In HIV-Positive Persons With Chronic Kidney Disease (CKD). Abstract N°75.
2. Knudsen A et coll. Increased Risk Of Peripheral Artery Disease In Persons With HIV Compared To Controls. Abstract#76.
3. Post W, et coll. HIV Infection Is Associated With Progression Of High Risk Coronary Plaque In The MACS. Abstract#77.

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