Déroutant

Paris, le samedi 20 juin 2015 – Qu’importe le sujet, pourvu qu’on ait la manière. La manière de désarçonner le spectateur. Il n’est pas rare aujourd’hui que la gestation pour autrui, l’euthanasie, les pandémies virales et autres névroses s’invitent dans nos téléfilms, nos bandes dessinées ou nos romans. Cependant, le traitement de ces différents thèmes est souvent convenu. On se souvient par exemple début mai, comment Melody mettait en scène la tendresse entre une femme et celle qu’elle avait choisie pour porter son enfant. Ce ne sont pas les mêmes sentiments qui dominent dans le téléfilm proposé par France 3 ce samedi soir. Une mère en trop est un thriller où la gestation pour autrui (GPA) n’est plus une idylle, mais probablement le point de départ de pulsions meurtrières. La prestation des acteurs, notamment de Thierry Godard et de Robinson Stévenin épiceront un peu plus cette déroutante enquête.

Résurrection

Autre sujet de réflexion éthique qui intéresse beaucoup les auteurs de fiction, l’euthanasie y est souvent présentée comme un dilemme moral poignant pour les professionnels de santé. L’idée du pouvoir grisant ainsi exercé sur la vie et sur la mort est le plus souvent écartée. C’est cependant le cœur de la bande dessine Alice Matheson de Philippe Vandaële et Jean-Luc Istin. L’infirmière qui met fin à la vie de ses patients en phase terminale en toute illégalité n’agit pas pour abréger les souffrances de ces malades mais pour ressentir la seule exaltation de son existence. Une exaltation qui se transformera en cauchemar quand ses anciens patients se réveilleront d’entre les morts. 

Contagion

Pas besoin cependant de saupoudrer une œuvre de zombies pour offrir un spectacle aussi déroutant que captivant. Le tueur de Pandemia, le dernier roman tant attendu de Franck Thilliez n’a rien de surnaturel : c’est un virus. Cependant, cette nouvelle souche fait sombrer dans la plus grande expectative les spécialistes de l’Institut Pasteur confrontés à l’émergence d’une pandémie, provoquée par des bioterroristes qui échappent à toute investigation. Haletant, le roman de Franck Thilliez rivalise d’habileté et déroutera à plusieurs reprises le lecteur habitué des œuvres policières.

Défection

Si un thriller sur la GPA, une bande dessinée horrifique sur l’euthanasie, et un polar sur fond de pandémie ne dérouteront peut-être pas les plus aguerris, il est probable que l’exposition ouverte à Tournai en Belgique depuis jeudi y parviendra. Intitulée Suturation, elle se propose de mettre en scène la « poésie de l’abject et plaisir en coutures » et indique s’inscrire « dans une réflexion artistique libre en réaction à l’asepsie générale ». Parmi les exposants, Libération s’est intéressée à LMG, jeune femme qui se présente comme une « névroplasticienne ».Avec un matériel très particulier (de l’encre d’or obtenue à partir de matières fécales), elle dessine les nervures de l’anatomie humaine et animale, transfigurant ses névroses et celles qu’elle a consignées dans ses petits carnets. Plus que déroutant.

Télévision : France 3, 20h40, le samedi 20 juin, Une mère en trop, téléfilm de Thierry Petit

Bande dessinée : Alice Mateson, de Philippe Vandaële et Jean-Luc Istin, éditeur Soleil, 14,50 euros (48 pages)

Roman : Pandemia, de Franck Thilliez, Fleuve Noir, 21,90 euros (644 pages)

Exposition : Suturation, Why Not ?, Tattoo & Piercing, Rue Royale, 8, 7500 Tournai, Belgique, du 19 juin au 4 juillet.

Aurélie Haroche

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