CPLF – Lyon. L’asthme est une maladie chronique dont la
prévalence continue d’augmenter dans tous les pays. Sa pathogénie
est pourtant bien connue et les traitements disponibles sont
efficaces, ce qui devrait théoriquement en permettre un bon
contrôle. Sur le terrain il n’en est pourtant rien comme en
témoignent 2 travaux récents, qui montrent aussi la difficulté de
l’évaluation du contrôle de la maladie.
PACTE est une enquête observationnelle prospective menée auprès de
3 417 patients asthmatiques vus en consultation par 1 928
généralistes (1). L’âge moyen de cette cohorte était de 47,2 ans.
64 % des participants avaient un asthme allergique et 49 % étaient
fumeurs. Sur la totalité des patients, 82 % avaient un antécédent
d’exacerbation et le nombre moyen d’exacerbations sur les 12
derniers mois était de 2,3. Neuf asthmatiques sur 10 avaient un
traitement de fond en cours.
Les auteurs ont isolé la population de patients considérés comme
« contrôlés » par leur traitement de fond, soit 44 %. Au
cours des 15 jours précédents, 36 % de ces patients
« contrôlés » avaient présenté des symptômes d’asthme
diurnes et 29 % des symptômes nocturnes, 29 % avaient du limiter
leurs activités physiques, 22 % avaient présenté des
exacerbations et 7 % avaient du s’absenter du travail du fait
de l’asthme.
La prise moyenne de bêta-2agoniste de courte durée
d’action était de 5,8 inhalations par semaine et 24 % des
participants avaient un VEMS ou un DEP inférieur à 85 %.
Dans cette enquête les critères de contrôle optimal de l’asthme n’étaient donc pas atteints, mais qu’est-ce qu’un asthmatique contrôlé ?
Dans une étude prospective (2) de 136 patients sous traitement
depuis au moins deux ans, le contrôle de l’asthme a été
évalué par 3 méthodes :
- la perception du patient,
- le questionnaire ACQ de Juniper (Asthma Control
Questionnaire),
- un deuxième questionnaire adapté du consensus canadien de
Boulet.
La cohorte comprenait 60 % de femmes et 80 % de sujets de moins de 40 ans, avec 10 % de fumeurs actifs. La répartition en fonction de la gravité était la suivant : 57 % de stade 2, 24 % de stade 3 et 8 % de stade 4. Les sujets percevaient leur asthme comme étant mal contrôlé (13 %), stable (57 %) ou contrôlé (29 %).
Parmi les patients qui estimaient leur asthme stable, 34 % avaient un contrôle jugé non acceptable selon le questionnaire ACQ de Juniper. Ce pourcentage s’élèvait à 67 % selon le questionnaire du consensus canadien.
L’ensemble de ces résultats souligne la nécessité d’une évaluation systématique et objective du contrôle de l’asthme à chaque consultation, avec poursuite de l’éducation du patient et réévaluation du traitement.
Dr Odile Biechler