Des perspectives rassurantes avec les nouvelles insulines basales

Dix ans après le diagnostic, les patients ayant un diabète de type 2 (DT2) conservent des taux élevés d’HbA1c, trop peu reçoivent de l’insuline et la plupart de ceux sous insuline basale n’adaptent pas suffisamment les doses (1). Or on sait depuis UKPDS (1998) que maintenir l’HbA1c < 8 % diminue les risques macro et microvasculaire ; le seuil souhaitable a été reculé à 7 % et même 6,5 % en 2002 suite aux données d’ADVANCE. Il faut donc introduire l’insuline plus tôt dans l’histoire du diabète, ou même du déséquilibre glycémique, souligne le Pr Serge Halimi (diabétologue, Grenoble). Or, cette introduction est freinée par les patients et aussi par des soignants, nous dit l’observatoire « L&Vous » (2).

Quand il passe à l’insuline, le patient DT2 réalise « qu’il est malade pour de vrai » ; il présente souvent une anxiété inhibitrice et doit surmonter ses peurs. Le Pr Silla Consoli (psychiatre, Paris) propose de travailler avec lui sur trois dimensions : « temporalité » (se préparer, anticiper, s’approprier), « accompagnement » (hôpital de jour, infirmière, proches, associations de patients) et « modification de perspective » (de l’insuline sanction à l’insuline confort).

Quant aux médecins, les trois quart traiteraient leurs patients plus énergiquement s’ils ne craignaient pas le risque d’hypoglycémie (3). Les nouvelles insulines sont intéressantes à cet égard, souligne le Pr Bertrand Cariou (diabétologue, Nantes). La glargine U100 (Lantus, AMM en 2000) présentait déjà un avantage sur la NPH en termes de risque hypoglycémique (4). Les analogues lentes modernes font encore mieux. Par rapport à la glargine U100 :

- l’insuline degludec (AMM en 2013) provoque moins d’hypoglycémies nocturnes (5).
- l’insuline peglispro donne moins d’hypoglycémies nocturnes et de prise de poids, mais plus d’hypoglycémies diurnes chez le diabétique de type 1 (DT1). Compte tenu de ses particularités hépatiques et lipidiques révélées par les études IMAGINE (notamment augmentation des transaminases, des triglycérides, de la graisse hépatique à l’IRM), le profil cardiovasculaire de l’insuline peglispro sera précisé par l’étude DEVOTE.
- l’insuline glargine U300 présente un profil glycémique plus stable quelle que soit l’heure de l’injection avec moins de variabilité chez le DT1 (étude PDY 12777). Elle donne moins d’épisodes d’hypoglycémie chez le DT2 (études EDITION). De plus, sa sécurité cardiovasculaire par rapport à une prise en charge standard a été attestée dans l’étude ORIGIN (6).

Au total, allongement de la durée d’action, flexibilité des horaires d’injection, moindre variabilité, profil d’action « aplati », et facilité de la titration, amélioreront certainement l’acceptabilité de l’insulinothérapie.

Véronique Canac

Références
D’après le Symposium Sanofi diabète : « Insulinothérapie basale : quels besoins ? Pour quelles perspectives ? »
Scheen A: Préambule.
Halimi S et Consoli S: Constats et actualités en France - D’un point de vue soignant. D’un point de vue patient.
Table ronde: Insulinothérapie basale: enjeux, freins et besoins: Charbonnel B et Scheen A.
Cariou B: Quelles perspectives pour demain?

1. Penfornis A, et al. Current insulin therapy in patients with type 2 diabetes: Results of the ADHOC survey in France. Diabetes & Metabolism 2011, 37 ; 5 : 440-445.
2. Halimi S. Programme « L&Vous » : élaboration d’une charte de bonne utilisation de l’insuline basale chez le patient diabétique de type 2. Médecine des maladies métaboliques, 2014, 8, N°4 : 408-414.
3. Brod M, et al. Adherence patterns in patients with type 2 diabetes on basal insulin analogues: missed, mistimed and reduced doses. Curr Med Res Opin 2012 ; 28 (12) : 1933-46.
4. Rosenstock J, Funseca V. Similar progression of diabetic retinopathy with insulin glargine and neutral protamine Hagedorn (NPH) insulin in patients with type 2 diabetes: a long-term, randomised, open-label study. Diabetologia 2009, 52 : 1778-1788.
5. Ratner RE et al. Hypoglycaemia risk with insulin degludec compared with insulin glargine in type 2 and type 1 diabetes: a pre-planned meta-analysis of phase 3 trials. Diabetes Obes Metab 2013 ; 15 : 175-184.
6. The ORIGIN Trial Investigators. Basal Insulin and Cardiovascular and Other Outcomes in Dysglycemia. N Engl J Med 2012; 367:319-328.

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