
Des signes cliniques égarant le diagnostic
Parmi les 317 patients admis pour septicémie à pneumocoques, les 666 pour pneumonies à pneumocoques et les 28 pour d’autres types d’infections à pneumocoques, 38 patients ont été inclus (âge médian de 57 ans). Dans 84 % des cas (32/38), il s'était écoulé moins de 24 heures entre la première évaluation médicale et le choc septique. Les premiers signes cliniques étaient variables et trompeurs, expliquant qu’aucun patient n'avait reçu d’antibiothérapie avant l'admission à l'hôpital. En effet, la plupart d’entre eux présentaient des signes de pneumopathie ou de grippe, 9 des signes digestifs seulement et plus de la moitié présentaient des troubles de conscience. A l'admission, le score médian SOFA était de 11 (intervalle de 1 à 15). Tous les patients ont présenté une insuffisance multiviscérale et 84 % des patients ont développé leur choc septique moins de 24 heures après leur premier examen médical. Aucun facteur de risque n’a été retrouvé chez 5 patients ; 14 patients en avaient 1 ; 13 en avaient 2 et six, plus de 3 ; 17 patients étaient fumeurs, 9 immunodéprimés (dont 2 splénectomisés et 2 porteurs non connus du VIH).Une forte proportion d’amputations, de séquelles et de décès
Des complications mutilantes ont été observées chez 47 % des patients, dont 6 ont nécessité une amputation et 11 ont présenté des complications neurologiques. La mortalité hospitalière a été de 40 % (15/38), 20 % ont survécu avec des séquelles, 40 % sont revenus à leur état de santé antérieur. Méningite, CIVD et symptomatologie gastro-intestinale ont été associés à un mauvais pronostic.Bien qu’à faible effectif, une des plus importantes études sur le sujet
Bien que seulement 38 patients aient été inclus, il s'agit de l'une des plus importantes études publiées au cours des dernières années, sur des patients ayant présenté un choc septique pneumococcique documenté. Dans cette cohorte, tous les patients atteints de septicémie pneumococcique et d'insuffisance respiratoire et dont aucun n'a reçu d’antibiothérapie avant l'admission, ont rapidement développé en moins de 24 heures un choc septique, même jeunes et en bonne santé. Les premiers signes cliniques ont été variables et trompeurs, le taux de mortalité a été très élevé, tout comme la morbidité, dont les amputations de membres et les complications neurologiques. Enfin, la combinaison d'une progression très rapide de la maladie et d'une présentation clinique hétérogène a rendu difficile le diagnostic précoce du sepsis et le traitement. Pour finir, la forte diminution du nombre d’infections graves à pneumocoques, observée en Norvège au cours de la dernière décennie, est-elle en rapport avec la vaccination introduite en 2001, s’interrogent les auteurs ?Dr Bernard-Alex Gaüzère