
L’allergie croisée entre l’allergène majeur de la pomme Mal d 1 et l’allergène majeur du pollen de bouleau Bet v 1 est à l’origine d’un grand nombre d’allergies alimentaires aux rosacées (pomme, poire, prune, pêche, cerise, abricot…).
Selon les résultats d’une étude prospective menée chez 52 adultes et enfants ayant une allergie au bouleau associée à un syndrome oral (dont 27 asthmatiques), l’induction de tolérance orale (ITO) semble efficace et pourrait grandement améliorer la qualité de vie des patients.
Le bilan réalisé à l’inclusion dans l’étude comportait la pratique de prick-tests cutanés (aéroallergènes et pomme « Golden » native avec peau), un dosage d’IgE spécifiques (rBet v 1, rBet v 2, rPru p 3, pomme) et la réalisation d’une exploration fonctionnelle respiratoire (EFR).
L’initialisation de l’ITO a été réalisée à l’hôpital ou au cabinet d’allergologie après vérification du débit expiratoire de pointe, du pouls et de la pression artérielle. Ces constantes ont ensuite été surveillées régulièrement pendant le traitement.
Les dilutions ont été préparées de façon rigoureuse à l’aide d’une pomme « Golden » crue avec la peau, d’un mixeur et d’une balance.
La solution mère (10 grammes de pomme dans 90 ml d’eau) a été diluée pour obtenir des solutions à 10-1, 10-2, 10-3 et 10-4.
Les dilutions croissantes ont été prises par le patient à intervalle régulier soit des doses de pomme de 0,1 mg à 16 g.
Une prise quotidienne de pomme a par la suite été poursuivie au domicile avec une consultation à chaque augmentation des doses.
La phase d’entretien consistait en la consommation d’une demie pomme 3 fois par semaine.
Sur les 52 patients traités, 51 ont pu arriver à la dose de 30 g de pomme à la fin de la phase d’initiation.
Tous les patients ont présenté un prurit pharyngé transitoire à 2, 4 et/ou 8 g de pomme.
Deux patients ont du arrêter le protocole (rhino-conjonctivite et prurit pharyngé sévère pour l’un et urticaire et asthme pour l’autre) mais le traitement a été repris sans problème chez le premier avec la prise concomitante d’un antihistaminique.
Les 4 patients ayant des IgE spécifiques de Pru p 3 ont été désensibilisés sans inconvénient.
Lors de la consultation de suivi, 48 semaines après le début de l’ITO, 41 patients mangeaient de la pomme mais aussi d’autres fruits sans problème.
La surveillance des patients ayant des antécédents d’urticaire physique et d’asthme est apparue particulièrement importante lors de la mise en place de l’ITO.
L’évolution à plus long terme de l’allergie après ITO reste encore à préciser, mais ce protocole semble prometteur.
Dr Geneviève Démonet