Développement du genre et sexualisation conditionnent le futur

Au delà de l'anatomie et de la « fatalité » génétique, on devient homme ou femme selon la société, la culture et l'éducation qui nous ont façonnés. Les mères utilisent plus de mots à charge affective et expriment plus d'émotions à leur bébé fille qu'à leur bébé garçon, sans même en avoir conscience. A l'école, les filles expriment davantage leurs perceptions intérieures et apprennent à lire très tôt les signaux émotionnels de leurs condisciples. Au même âge, les garçons répriment plutôt leurs sentiments, en particulier le chagrin, la tristesse, la culpabilité et la tendresse…

L'adolescente doit faire face au décalage entre son apparence féminine naissante et son immaturité psychologique. On assiste aujourd'hui à un "grignotage" de l'enfance qui reprend les codes de l'adolescence, en particulier vestimentaires, de plus en plus tôt. Le lien affectif prend cependant toute son importance chez la fille au début de sa vie sexuelle, ainsi que l'angoisse sur sa capacité procréative. A l'adolescence, le garçon s'identifie au masculin par le biais de la transformation de ses organes génitaux externes. Apparaissent alors des questionnements naturels sur la norme de ceux-ci et sur leur capacité fonctionnelle. Psychologiquement, c'est la "cool attitude" qui prévaut et l'impassibilité des jeunes hommes est socialement renforcée.

Le début de la vie sexuelle structure le futur. Le jeune adulte se sexualise par le biais de la transgression, de l'intimité et de la structuration de son désir. Le sexe est en effet le principal vecteur de transgression qui permet de lutter contre le contrôle parental pour se construire. Démarrer sa vie sexuelle avec la "bénédiction" de ses parents, sans aucune notion de "secret", génère un sentiment de contrôle plus important encore que l'interdiction et empêche la structuration normale du désir du jeune. Cette attitude explique en partie l'augmentation actuelle des troubles du désir chez les très jeunes couples.

Dr Catherine Azoulay

Références
Ribes G et Veluire M. : Processus de sexualisation, développement du genre et contextualisation.
13ème Congrès Transversales (Biarritz) : 24-26 juin 2015.

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