Difficulté du diagnostic de goutte en soins primaires

La plupart des cas de goutte sont diagnostiqués et pris en charge en soins primaires, sans mise en évidence préalable de cristaux d’urate. Cette façon de procéder peut entraîner des erreurs de diagnostic avec un risque de sur ou de sous-traitement, et entacher la validité des études cliniques réalisées en médecine de ville.

Pour évaluer la validité des tests diagnostique en pratique clinique, 39 médecins traitants hollandais ont sélectionné des patients présentant une monoarthrite. Après avoir enregistré leur diagnostic principal (goutte ou autre), ils envoyaient ces patients dans le service de rhumatologie pour un bilan en aveugle comprenant un interrogatoire standardisé, un examen clinique, et une ponction de l’articulation avec étude microscopique du liquide synovial. Le diagnostic de goutte selon les critères de l’ACR était posé en présence d’au moins 6 critères. Les 2 méthodes (critères ACR et ponction articulaire) servaient de tests de référence pour évaluer la validité du diagnostic proposé par le généraliste.

Sur 248 patients adressés pour monoarthrite, 79 % répondaient au diagnostic de goutte selon les médecins traitants, 53 % remplissaient les critères ACR et 54 %  présentaient des cristaux d’urate intra-articulaires. L’hypothèse diagnostique du généraliste chez les 248 patients avec une monoarthrite présentait une spécificité, une sensibilité et une valeur prédictive positive, de 38,3, 93,9, 63,6 par rapport aux critères ACR, et de 40,4, 94,8 et 65,1 par rapport à la recherche de cristaux d’urate.

Parmi les 195 patients diagnostiqués avec une goutte par le généraliste, la spécificité, la sensibilité et la valeur prédictive positive des critères ACR par rapport à la recherche de cristaux étaient de  64,7, 78,7 et 80,6.

Au total la méthode des généralistes présente une bonne sensibilité mais aboutit à un grand nombre de faux positifs, traduisant un manque de spécificité. L’utilisation des critères ACR chez les patients étiquetés goutteux par leur médecin traitant ne présente pas non plus une validité suffisante. Reste à trouver la méthode idéale, simple et fiable.

Dr Odile Biechler

Référence
Janssens HJE et coll. : Insufficient validity of gout diagnosis in primary care, even if patients meet the diagnosis criteria of the ACR. EULAR 2008 (Paris) : 11-14 juin 2008.

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