L'expérience en France de la dissection endoscopique sous muqueuse (ESD), est encore limitée. Cette technique, développée par des auteurs japonais, qui consiste à pratiquer l’exérèse en monobloc des tumeurs superficielles du système digestif a fait l’objet d’une analyse observationnelle par la Société Française d’Endoscopie Digestive (SFED).
Au total, 92 observations, émanant de 12 centres, ont été rapportées. L’âge moyen des patients (51 hommes et 41 femmes) est de 65 ans. Les site traités sont par ordre de fréquence : le rectum (43,4 %), l’antre gastrique (38 %), le fundus (10,8 %), l’œsophage (6,5 %), le duodénum (1 %).
Une résection complète a eu lieu dans 92,3 % des cas et dans 72,8 % des cas, en monobloc. Une marge de sécurité de 5 à 10 mm était présente dans 92,3 % des cas. La taille médiane des lésions réséquées était de 25 mm. Un geste endoscopique complémentaire de mucosectomie ou de coagulation par APC a été réalisé chez 11,9 % des patients. L’examen histologique montre l’existence d’une dysplasie de haut grade ou d’un cancer superficiel dans 61,9 % des cas, d’un polype inflammatoire dans 9,7 % des cas, d’une tumeur neuroendocrine dans 10,8 % des cas, d’un adénome en dysplasie de bas grade dans 9,7 % des cas, d’une GIST ou d’une autre tumeur sous-muqueuse dans 4,3 % des cas. La durée d’intervention moyenne a été de 90 minutes. Une hémosstase préventive a eu lieu 3 fois sur 4.
Une perforation a été observée dans 21,7 % des cas (n = 27) dont 3 ont nécessité une intervention chirurgicale, 7,6 % d’hémorragies sont survenues dans les 24 heures suivant la procédure qui ont toutes pu être contrôlées par endoscopie. La durée médiane d’hospitalisation a été de 3 jours, 3,2 % des interventions ont eu lieu en ambulatoire.
Pour les auteurs, cet observatoire montre la faisabilité de l'exérèse monobloc de lésions de plus de 20 mm de diamètre pour la majorité des lésions, mais la morbidité observée est nettement supérieure à celle des auteurs japonais.
Dr Emmanuel Cuzin