Donner la mort n’est pas un soin

Paris, le samedi 26 mai 2018 – Initialement non programmées, les discussions portant sur l’accompagnement de la fin de vie ont constitué l’un des sujets les plus débattus au cours de la phase de concertation publique des Etats généraux de bioéthique.

Si la question ne devrait cependant pas figurer au menu des lois de bioéthique, la multitude des échanges rappelle aux pouvoirs publics son importance et l’adhésion de plus en plus marquée d’une grande partie de la société à l’idée de légaliser l’euthanasie. Signe majeur de cette évolution, les professionnels de santé, longtemps majoritairement opposés à la possibilité d’adopter cette pratique, semblent aujourd’hui favorables à une telle mesure comme le révèle un sondage récent réalisé sur notre site.

De plus en plus de médecins choisissent en outre de défendre publiquement les arguments en faveur d’une légalisation de l’euthanasie, tel le professeur Jean-Louis Touraine, interrogé par le JIM le 25 mai 2018.

Tous les praticiens cependant ne partagent pas cette conviction. La Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP) a toujours refusé de considérer l’euthanasie comme pouvant s’inscrire dans le processus thérapeutique. Déjà, en 2013, dans nos colonnes, le précédent président de la SFAP, le docteur Vincent Morel refusait que la question de l’accompagnement des personnes en fin de vie se résume à un débat manichéen "pour ou contre l’euthanasie". Il préférait évoquer la nécessité d’une meilleure connaissance de la loi Leonetti et des soins palliatifs dont il signalait que 70 % des lits étaient concentrés dans cinq régions.

Aujourd’hui, l’argumentation du docteur Anne de la Tour, présidente de la SFAP est proche. Au-delà, le praticien insiste sur les différences philosophiques fondamentales entre une société qui ferait le choix de l’euthanasie et celle qui s’y refuse.

A nos lecteurs d'affiner leur opinion en confrontant ce point de vue et celui, non moins serein et argumenté,  du Pr Jean-Louis Touraine

Par le Dr Anne de la Tour
Présidente de la SFAP*

 
« Quand on me présente quelque chose comme un progrès, je me demande avant tout s'il rend plus humain ou moins humain », George Orwell.

Un débat sur la fin de vie est en cours actuellement dans le cadre de la révision des lois de bioéthique.

La France a abordé les problèmes de fin de vie, en engageant depuis 1999 une politique de soins palliatifs et en faisant des choix législatifs forts. On compte aujourd'hui en France 138 unités de soins palliatifs (USP) , 424 équipes mobiles et 5 040 lits identifiés de soins palliatifs. La SFAP (Société Française d'Accompagnement et de Soins Palliatifs) rassemble plus de 10 000 soignants et 6 000 bénévoles qui ont accompagné depuis près de trente ans plusieurs centaines de milliers de patients atteints de maladies graves dans toute la France. Forts de cette expérience, ils souhaitent prendre leur place dans ce débat compliqué.

Une anticipation insuffisante des situations de fin de vie, une ignorance des droits ouverts par les directives anticipées, un inégal accès aux soins palliatifs, une insuffisance de formation des médecins et des soignants pour gérer des situations complexes ainsi qu'une persistance de pratiques d’obstination déraisonnable peuvent expliquer la dénonciation régulière de ce que d’aucuns ont qualifié le "mal mourir" en France. Faut-il pour autant tourner le dos à ces lois et à ces bonnes pratiques, qui consacrent une voie française des traitements de la fin de vie par les soins palliatifs, en légalisant l’euthanasie et le suicide assisté ?

Des dispositions légales ignorées, une formation bâclée

La loi fait obligation aux soignants de mettre en œuvre tous les moyens pour soulager toutes les souffrances. Ces moyens doivent enfin être disponibles pour tous sur l'ensemble du territoire. La culture palliative ne peut se diffuser que si un effort massif de formation initiale et continue est entrepris. Il existe actuellement cinq postes de professeurs associés en soins palliatifs. Au regard des besoins et de nos 47 facultés de médecine, c'est notoirement insuffisant.

Les étudiants en médecine reçoivent actuellement moins de 10 heures de formation en soins palliatifs pendant toute la durée de leurs études. C'est bien trop peu. L’enseignement des soins palliatifs accuse un retard important par rapport à d'autres pays d'Europe. Ainsi, nos voisins britanniques forment-ils pendant cinq ans les médecins à cette discipline. Comment, dans un tel contexte, diffuser correctement cette culture du soin et de l'accompagnement ?

Bien qu’elles aient été précédées de 32 mois de discussion associant le CCNE, le rapport de la Commission Sicard, les contributions des ordres professionnels, des sociétés savantes, des Espaces éthiques, de l’Académie nationale de médecine et des partisans de la légalisation de l’euthanasie, les dispositions de la loi du 2 février 2016 continuent à être encore largement ignorées de l’opinion publique. D’après un sondage paru le 22 novembre 2016, 62 % des Français ne connaissaient pas les nouvelles règles concernant les directives anticipées qui doivent mieux garantir que la parole des patients sera entendue et écoutée. La loi rend plus contraignantes les directives anticipées qui s'imposent au médecin sauf si elles lui semblent manifestement inappropriées. Il doit alors indiquer dans le dossier médical les raisons qui lui font choisir de ne pas les suivre. La SFAP insiste sur la nécessité d'un dialogue entre soignants, patients et proches permettant une relation de confiance apaisée et conduisant à des choix acceptables par tous.

Qui veut vraiment mourir ?

Très peu de patients nous disent souhaiter mourir et bien moins encore nous le redisent lorsqu'ils sont soulagés et accompagnés. Qui ne préfèrerait pas mourir plutôt que de souffrir ? Cette demande bien compréhensible est d'abord une demande d'être aidé à vivre mieux comme le souligne le Dr Frédéric Guirimand dans un article de la revue Médecine Palliative paru en 2016 : sur 2157 patients admis en USP, 3% ont exprimé une demande d'euthanasie et 90% de ces demandes ont disparu après la mise en place de soins adaptés.

Par les deux lois de 2005 et de 2016 la France a fait le choix clair du refus de l'euthanasie pour préférer la voie d'un accompagnement digne et respectueux des personnes. Elle a fait le choix des soins palliatifs et tout au long des discussions parlementaires, les équipes de soins palliatifs ont lutté pour qu'une place soit laissée à la singularité. Aucune loi ne pourra jamais prétendre apporter une solution à toutes les situations complexes et éviter aux soignants le doute, le questionnement et la réflexion. Mais parce qu'on pourrait mourir mieux en France, la SFAP demande l'application de toutes les lois sur la fin de vie votées depuis 1999, préalablement à toute nouvelle entreprise législative.

Des philosophies profondément différentes

En effet, les soins palliatifs sont incompatibles avec l’euthanasie et le suicide assisté. Ces deux approches obéissent à deux philosophies radicalement différentes.

Les soins palliatifs préviennent et soulagent les souffrances. L’euthanasie vise à hâter la mort intentionnellement.

Les soins palliatifs sont des traitements, l’euthanasie correspond à un geste létal. 

La légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté repose sur une éthique d’autonomie. Les soins palliatifs reposent sur une éthique de vulnérabilité et de solidarité collective.

Comment la transgression, même exceptionnelle, de l'interdit de tuer, pourrait-elle être sans effet sur tous ceux dont la mort approche et ceux qui les accompagnent ?

La SFAP considère ainsi que le principe de précaution devrait nous interdire de remettre en cause cet interdit de tuer, fondateur de toutes les civilisations depuis des millénaires et qui fonde le serment d'Hippocrate comme le code de déontologie médicale.

Les soins palliatifs ne sont pas nés d'abord de n'avoir pas su quoi faire devant celui qui meurt. Ils ne sont pas un cahier de recettes de Bonne Mort, ils sont d'abord une philosophie du soin et de la vie.

Ils sont nés d'un questionnement sur le sens d'une médecine, qui morcelle et qui divise l'homme. Ils ont lutté contre un système qui voudrait parfois réduire le patient au symptôme, la douleur au protocole et la souffrance à la loi.

Il est essentiel de laisser une place à la complexité, à la diversité des personnes et des situations. Faire se croiser des regards, des cultures et des clés de lecture. Parce que soigner n'est pas seulement l'affaire de la médecine, des médecins encore moins, mais celle de tous les soignants, de toute la société.

Nous vivons en société, nous faisons société. Nous ne sommes pas indépendants ; nous sommes inter-dépendants les uns des autres de notre naissance jusqu'à notre mort.

Une réflexion constante pour améliorer l’accompagnement de la fin de vie

Jamais dans toute l'histoire de l'humanité la médecine n'a permis comme aujourd'hui de soulager. Malgré tout, bien des questions restent ouvertes :
Qu’est-ce qu’un symptôme réfractaire ?
Qu’est-ce qu’un pronostic vital engagé à court terme ?
Quelle est la différence entre anxiolyse et sédation ?
Peut-on confondre sédation profonde et continue jusqu'au décès et euthanasie ?
À quoi et jusqu'où la demande d'un patient nous oblige-t-elle, nous soignants ?
Quelles sont les conditions et les limites de l'accompagnement à domicile ?
Comment concilier les demandes des citoyens de mourir en dormant et le devoir déontologique des
médecins d'adapter leur clinique au jour le jour ?

Sur toutes ces questions, la SFAP veut porter une parole juste, claire et rigoureuse s’appuyant sur des bases solides et validées. Elle a donc constitué un groupe de travail qui a engagé plusieurs pistes de réflexion en concertation avec son conseil scientifique pour permettre :

• la mise en place d’une typologie des pratiques sédatives permettant de “bien nommer” les choses et de ne pas confondre sous un vocable unique des situations très diverses. C'est la grille Sédapall.

• L’organisation d’une veille bibliographique internationale afin d'adosser ce travail de recherche à un apport scientifique argumenté.

• La rédaction de fiches repères permettant à chaque soignant de travailler dans le respect de ses valeurs et de celles de la SFAP. (Tous ces documents sont disponibles sur www.sfap.org).

La SFAP a également participé activement, avec nombre d'autres sociétés savantes, à la rédaction des recommandations de la HAS sur le sujet publiées en mars 2018. La recherche en soins palliatifs progresse pour améliorer sans cesse les conditions de la fin de vie en France.
Oui, on peut soulager les douleurs et les souffrances.
Oui, la loi permet le respect de la parole et des droits des patients par les directives anticipées et la désignation d'une personne de confiance.
Oui, la loi interdit l'acharnement thérapeutique qui crée des situations douloureuses et complexes.
Oui, la loi permet, dans certaines conditions, de faire dormir les patients avant de mourir pour ne pas souffrir.
Oui, les professionnels de santé sont les garants de la dignité de chacun(e) à toutes les étapes de la vie quelles qu’en soient les conditions et jusqu’à son terme ; il n’y a pas de vie indigne !
Oui le soin ultime doit être particulièrement sensible, marqué par un souci d’humanité et de solidarité.

Un contrat de confiance

Les soignants de soins palliatifs veulent continuer à prendre soin de leurs patients, à les écouter et à les soulager, à rester à leur côté jusqu'à la fin de leur vie. Ils refusent, tant du côté de l’acharnement thérapeutique que du côté de l’euthanasie, les tentations de la toute-puissance. Ils essaient de ne jamais oublier que chacune de leurs décisions vient dire à tous l'attention que notre société porte aux plus vulnérables.

Le contrat de confiance qui unit les soignés et les soignants interdit à ces derniers de faire du mal volontairement à autrui et encore moins de faire mourir. 
Ils ne veulent pas donner la mort car donner la mort, même par compassion, n'est pas un soin.

*Société française d’accompagnement et de soins palliatifs

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Vos réactions (27)

  • D'accord sur toute la ligne

    Le 26 mai 2018

    On ne peut qu'approuver la totalité des propos du docteur De La Tour, dès lors qu'on est soi même Médecin (majuscule intentionnelle)
    et on peut résumer de façon disons, "carrée", l'essentiel de cette tribune: NON, faire passer quelqu'un de vie à trépas, quelles que soient les motivations qu'on peut avoir et l'état de la personne, CE N'EST PAS UN ACTE MEDICAL.
    Donc, on n'a pas à demander aux médecins de s'en charger.

    Autrefois, on avait des professionnels spécialisés dans la mise à mort des bipèdes, et ils étaient aisément reconnaissable à leur habit rouge...

    Si la société décide de légaliser la mise à mort d'une personne qui en fait la demande (encore heureux, et espérons qu'il en sera toujours ainsi, et qu'il n'y aura pas de dérapages...) et qui ne se sent pas capable de se suicider par ses propres moyens, alors qu'elle assume sa démarche jusqu'au bout, et qu'elle crée un corps spécialisé d'euthanasieurs: on préfère ne pas imaginer leurs motivations, comment ils seront recrutés, quelle formation ils recevront, et quels examens ils devront passer pour obtenir l'autorisation de mettre à mort leurs semblables.

    Mais, Grands Dieux, qu'on ne demande pas aux Médecins de s'en charger, ce n'est PAS de la Médecine.

    Dr Jean-Marc Ferrarini

  • Respecter le choix de chacun

    Le 26 mai 2018

    Mme le Dr Anne de la Tour, on ne vous demande pas de donner la mort mais uniquement de respecter le choix de chacun et de lui tendre la main pour lui permettre une fin de vie digne et douce.

    Si vous êtes contre l'euthanasie respectez au moins que d'autres personnes fassent un choix différent. Il s'agit de leur propre corps et de leur propre peau et aucun médecin, autorité d'état, loi, etc.. n’a le droit d’aller à l'encontre du choix final de chacun. "Ma mort m'appartient et à personne d'autre. Personne n'a le droit de me juger et d'agir à ma place" Ce choix n'est même pas discutable.

    De tout coeur Mme de la Tour je vous souhaite sincèrement de ne jamais souffrir physiquement, moralement ou psychiquement au point ou vous devriez devoir exprimer le souhait que quelqu'un vous aide à en finir avec une vie devenue insupportable. C'est exactement comme l'histoire ancienne de devoir enfanter dans la douleur, ancienne croyance qui est une pure stupidité et une barbarie venant d’autrefois.

    Pour moi, aider quelqu'un à avoir recours à l'euthanasie et le plus beau geste d'amour qu'une personne puisse accomplir dans sa vie pour autrui. Ceci est également valable pour les médecins dont certains n'hésitent pas avec courage à braver l'interdit. Merci infiniment à eux.

    R. Haas

  • Un bon accompagnement

    Le 26 mai 2018

    Déjà prendre en charge correctement la fin de vie avec notamment la prise en charge correcte des différentes douleurs avec un bon accompagnement des patients et de leur famille
    La question se posera moins.

    Dr Sylvain Durand

  • Que font les soins palliatifs quand on ne peut respirer ?

    Le 26 mai 2018

    Mon mari neurologue est mort d'une SLA.Il trouvait avant l'euthanasie inutile.Il s'est retrouvé sans muscles pour se faire une injection, sans pouvoir avaler. Quand il n'a plus pu respirer son avenir était ne pas pouvoir bouger, parler, avaler et sous respiration artificielle. N'est ce pas une vie indigne ? Que font les soins palliatifs quand on ne peut respirer ?

    Il a demandé une sedation et a eu droit avant la piqûre au discours anti-euthanasie...Pas très cool dans ce contexte.

    Dr B

  • Retour du passé

    Le 26 mai 2018

    "Le plus beau geste d'amour" ?

    Sans vouloir polémiquer, cela me rappelle cette autre terminologie destinée à rendre aimable ce qui ne l'est pas : "la délivrance par la mort" :
    "Le Reich professeur Bühler et le docteur en médecine Brandt sont, sous leur responsabilité, chargés d'étendre l'autorité de certains médecins, à distinguer personnellement, à l'effet d'accorder la délivrance par la mort, les personnes qui, dans les limites du jugement humain et à la suite d'un examen médical approfondi, auront été déclarées incurables".

    Dr Michel de Guibert

  • Accompagner sans accélérer

    Le 26 mai 2018

    Excellent article auquel j'adhère complètement. Même si la frontière semble mince, il y a tout un monde entre le laisser partir sans acharnement thérapeutique, voire un arrêt des traitements pouvant entraîner le décès, et l'injection létale. Effectivement les personnes qui ne souffrent pas ne veulent mourir. Souffrance physique, souffrance morale, c'est bien celles-là qu'il faut combattre avant tout.

    B. Sanchez, Infirmière

  • Fin de vie, une proposition

    Le 27 mai 2018

    La vie a une fin.
    C'est inéluctable.
    Cela peut arriver de différentes façons.
    Il est fréquent que cela survienne inopinément suite aux déficiences définitives des organes vitaux chez quelqu'un en bonne forme, sans souffrir, idéalement dans le sommeil et ce le plus tard possible. Nous n'aborderons cette non problématique que pour la souhaiter à tous.

    Contrairement à l’adage qui énonce que « la mort ne fait souffrir que ceux qui restent », les autres façons de finir de vivre peuvent survenir avec des souffrances physiques et/ou psychologiques pendant les derniers moments, méritant une prise en charge médicale, puis lorsque la médecine a atteint ses limites, une prise en charge sociétale.

    Au regard de cette incertitude, chacun devrait dès à présent, quel que soit son état de santé, remplir ses directives anticipées afin, si nécessaire, de faire respecter ses volontés.

    La loi Claeys Leonetti.

    Lorsque la fin de la vie a pour origine une maladie incurable, qu’elle est précédée d’une période plus ou moins longue de souffrances, et lorsque ces souffrances deviennent trop intenses, depuis les avancées de la loi Claeys Leonetti, une sédation profonde terminale peut être mise en place.

    Cette sédation profonde terminale consiste, après consultation des soignants, à instituer ou augmenter les doses d’antalgiques afin non seulement d’obtenir une sédation des douleurs mais en plus d’endormir le « patient » avec des hypnotiques ce qui revient à pratiquer une anesthésie jusqu’à ce que la vie cesse.

    La loi Claeys Léonetti permet également, lorsque les traitements ne sont même plus palliatifs, de cesser toute alimentation et hydratation du « patient » jusqu’à ce que la mort survienne. Selon les affirmations de certains spécialistes, cet arrêt des apports n’entraînerait aucune souffrance… Cette période pouvant durer plusieurs semaines !

    Dans les deux situations, la mort survient de manière différée : mais ce n’est pas assimilé à de l’euthanasie ! Alors que ces initiatives sont des actes médicaux qui ont pour finalité, difficilement avouée, de faire arrêter la vie.

    Il faut sortir de ces hypocrisies. Dans ces deux cas l’objectif est que la vie, devenue non supportable, cesse. Le corps médical ayant atteint les limites de ses actions, qui sont de favoriser la vie, doit passer la main, s’effacer devant la volonté du patient et permettre d’avoir recours au suicide non médicalement assisté.

    Suicide civiquement assisté (et non suicide médicalement assisté).

    Dans le problème du choix de la fin de sa vie et la volonté d’y mettre fin il nous faut distinguer parmi les nombreuses situations :

    1/ la personne âgée ne désirant plus vivre, que ce soit en raison de souffrances ou également du non intérêt à poursuivre son existence ; mais qui dispose de ses moyens intellectuels et physiques. Il faut autoriser le suicide et l'assister.
    - Pour l'autoriser, en s’inspirant de ce qui se fait pour le don d'organe de son vivant, il est possible d'imaginer une commission d’experts représentant la société civile. Cette commission après des rencontres répétées avec la personne et un temps de réflexion remet ses conclusions au procureur de la République.

    - Pour l'assistance. En cas d'avis positif cela ouvre la possibilité pour la personne de se procurer la préparation fatale auprès de la pharmacie centrale de… l’hôpital. Cette personne valide est en mesure d'ingérer elle même la boisson létale entourée des proches de son choix
    (elle peut être assistée si nécessaire par sa personne de confiance, le personnel médical n’a aucun rôle à jouer!).

    2/ la personne qui est dans l'incapacité physique de mettre fin à ses jours (tétraplégique) mais qui possède les facultés intellectuelles pour faire et exprimer ce choix : dans ce cas, une aide à mourir doit pouvoir lui être apportée après mise en œuvre de la procédure décrite précédemment. Son incapacité physique ne lui permettant pas de prendre la potion létale, un proche ou la personne de confiance s’en charge.

    3/ le cas particulier des personnes qui ne sont plus en capacité de communiquer et d’exprimer leur volonté :
    -Le cas des patients qui sont dans le coma, le pronostic de leur éventuelle récupération devrait pouvoir prochainement être amélioré par la toute nouvelle technique de l’IRM quantitative, mettant en évidence les lésions sans espoir de récupération.

    -le cas très particulier des personnes parties en voyage au pays d’Alzheimer (dont aucun n'est revenu à ce jour) qui n'ont pas l'intellect (ni parfois le physique) afin de décider ou de mettre fin à leurs jours?

    Il reste à espérer dans ces cas extrêmes qu’elles aient rédigées leurs directives anticipées et nommé une personne de confiance pour prendre la décision et la faire appliquer.

    Il est a noter que dans cette proposition de suicide assisté, le corps médical dont la mission est la vie n’a plus aucun rôle à jouer.

    Dr Bob des Moutis.
    Nouméa. Mai 2018

  • Un débat pipé dès le départ ?

    Le 27 mai 2018

    La vraie question posée par la société est peut-être celle de l'aide au suicide en général.
    Depuis 1810, le suicide n'est plus une infraction pénale, mais l'aide au suicide demeure punissable pour "non assistance à personne en danger". Si l'on résume un peu abruptement, le suicide non réprimé par la loi pénale (pas par le code des assurances) est autorisé au suicidant exclusivement, mais l'aide - même passive - est condamnable, le suicide étant considéré comme symptome d'une maladie psychiatrique ou d'un mal-être résultant d'un ou plusieurs évènements. Aux urgences, on sauve la vie des suicidants, même comateux, en allant jusqu'à la greffe de foie en urgence. Vu par des vénusiens, ça doit paraître illogique.

    L'arrêt de l'acharnement est une question généralement bien résolue en réanimation où l'arrêt du traitement est létal en peu de temps et où tout est fait pour ne pas culpabiliser les proches. L'arrêt de soins d'entretien chez un patient dont on ignore les volontés est actuellement un problème juridiquement et humainement insoluble, dont l'histoire de Vincent Lambert est la désolante illustration.

    Si l'on se limite au cas des personnes qui veulent en finir avec la vie, elles ont le choix entre des solutions efficaces mais violentes pour elles (arme à feu, arme blanche, pendaison, défenestration ...) et parfois traumatisantes pour un tiers (conducteur de train...) ou des solutions plus douces (médicaments en vente libre ou glanés patiemment) mais beaucoup moins efficaces.

    Pourquoi vouloir recourir à l'assistance d'un médecin ? Sans doute parce que seul un médecin a accès aux moyens doux et efficaces.

    Que peuvent craindre des médecins ?

    Qu'on les oblige à effectuer un acte que leurs convictions personnelles refusent ? Cette crainte serait justifiée si une clause de conscience - dans un pays où chacun est encore libre de ses convictions religieuses - n'est pas introduite.

    De devenir de simples agents d'exécution de patients auxquels les "déconstructeurs" démagogues ont expliqué que leur opinion vaut celle du médecin ? Cette crainte est justifiée si l'on continue à donner tous les droits aux patients et toutes les responsabilités aux médecins. Donner toute la responsabilité de cette décision au patient en déchargeant le médecin revient à passer du droit romain au droit contractuel, ce qui n'est pas gagné en France.

    Qu'ils soient obligés d'honorer toute demande de suicide ?

    Si le législateur "médicalisait" les chagrins d'amour - cause de tentative, réussie ou non, de suicide courante chez les ados - en prescrivant aux médecins de suivre leur volonté d'un moment, les médecins se révolteraient.

    En conclusion, il faut sûrement encadrer par la loi les conditions de ce geste compassionnel, pour qu'il soit "raisonnable et humain" au sens d'Axel Kahn.
    On devrait y arriver, comme pour le "sale boulot" de greffe et de prélèvement d'organes dont 25 ans de pratique m'ont convaincu qu'il est lourd pour l'âme.
    Et que cela n'empêche pas d'améliorer accompagnement et soins palliatifs.

    Dr Frédéric Gauthier


  • Qui fait quoi ?

    Le 27 mai 2018

    Oui à l’anesthésie, non à l’euthanasie !
    Qui fait quoi, où, quand,comment,pourquoi...

    Cf l'agonie de certains condamnés à mort par injection létale aux USA!

    Dr Jean Le Camus

  • Sidérant

    Le 27 mai 2018

    La plupart des avis exprimés sont totalement irrecevables en raison d'un incroyable manque de lucidité : les uns parlent de droit au suicide, les autres de soin aux agonisants.

    Tant qu'on persistera, en utilisant de manière inepte le mot "euthanasie", à mélanger ces concepts qui n'ont aucun rapport, rien ne pourra sortir d'intelligent de telles polémiques.

    Dr Pierre Rimbaud

  • Euthanasie: non

    Le 27 mai 2018

    L'euthanasie non: cela ressemble à une pièce de théâtre macabre.
    Le médecin est fait pour soigner, pas pour donner pas la mort.
    Qui veut vraiment mourir ? En tout cas, pas moi, mais je demande une assistance médicale par un médecin qui manifestera de l'empathie comme il a appris, il m’aidera à mourir lentement sans douleur comme cela s'est toujours fait.
    Faire ce que sa conscience dicte au médecin à qui je fais confiance pour mourir dignement.

    Lucile P, kinésithérapeute-périnéologue

  • Deux problèmes très différents

    Le 27 mai 2018

    2 situations s'opposent : la fin de vie dans le déroulement "naturel" d'une maladie, par exemple un cancer ou une autre maladie terminale et le désir de s'éviter une fin de vie dépendante, considérée comme dégradante par le patient.

    Tout d'abord, l'interdiction de tuer n'est pas le fondement de toutes les civilisations et la miséricorde a toujours été pratiquée, contrairement à ce que dit notre consoeur.
    Autant les soins palliatifs ont une utilité incontestable et ne sont pas suffisamment enseignés (ni utilisés suffisamment tôt) chez les médecins qui vont devoir se confronter à des malades atteints de maladies mortelles et incurables, autant la prolongation de l'agonie ou le faux-semblant que représente la sédation prolongée me semble indigne.

    Le problème restant de savoir quand le soignant des soins palliatifs doit "céder la main". Ceci pour les fins de vie qui sont anticipées depuis souvent plusieurs mois voire plusieurs années.

    En ce qui concerne le désir de mort pour éviter une fin indigne (cas par exemple des maladies neurologiques dégénératives) ou le simple désir de fin de vie par exemple de vieillards, le problème est totalement différent et est très influencé par le désir du sujet et par la législation chez nos voisins.
    Pour les pourfendeurs, il suffit de regarder ce qui se passe chez nos voisins ou bien dans les états des USA ou le Canada, tous pays ayant légalisé l'acte, pour ne pas ressentir l'impression de fin de civilisation que nous présente l'auteur. Comme nous avons, il y a maintenant très longtemps, exporté nos pauvres filles vers l'étranger quand elles avaient besoin d'avorter, nous exportons nos candidats au suicide médicalement assisté vers la Suisse, les Pays Bas ou la Belgique ... Quant au geste lui même, i.e. l'aide au suicide, ce n'est pas habituellement un médecin qui le pratique en Suisse mais les membres d'une association (la loi suisse ne réprime l'aide au suicide que si cette aide est intéressée). Je ne pense pas qu'on puisse comparer les membres de cette association aux "maîtres des hautes oeuvres" contrairement à ce que notre confrère en pense.

    Tout en n'étant pas vraiment pour cette aide au suicide, je pense que nous autres médecins ne sommes pas obligatoirement les mieux qualifiés pour trancher ce problème de société qui, à mon sens, est très sociétal et non médical.

    Dr Claude Krzisch

  • Commencer par le début

    Le 28 mai 2018

    "Le corps médical ayant atteint les limites de ses actions, qui sont de favoriser la vie, doit passer la main, s’effacer devant la volonté du patient..."

    Le début n'est-il pas de cesser cette attitude paternaliste des soins, de vouloir penser à la place du malade, de ne lui laisser la parole que lorsqu'il est lui, professionnel, au bout de ses possibilités d'actions ? Le problème ne se situe-t-il pas ici ?

    Les directives anticipées : qui dit ce que je penserais sur un fauteuil roulant, atteinte par un AVC, incapable de m'exprimer, je ne souhaiterais pas éventuellement revenir sur ces directives anticipées prises en bonne santé qui disait que je voulais continuer à vivre ?
    Il y a une usure. Une usure résultante des combats de la vie. Certains individus vont devoir se battre, pour tout, de leur naissance à leur mort. Et lorsqu'il ne voient en la mort qu'une délivrance autre que celle de la souffrance, physique ou morale, c'est à dire peut être un repos de cette lutte sans fin, il ne voient pas vraiment l'intérêt d'une vie diminuée. Comment combattre encore quand on a perdu ses moyens et que la lutte est vouée d'avance à l'échec, faute de moyens sonnant et trébuchant ou d'accès à des soins palliatifs autres que ceux nommés-ici ?

    On discute sur le vocable"Euthanasie" et si on discutait sur celui de "Palliatif" ?
    Palliatif à quoi ? Jusqu'où ?

    C'est à chacun de choisir la vie qu'il a choisir de vivre. Et s'il n'en veut plus cette vie, s'il ne veut plus de sa vie, de cette vie, pensez-vous que des soins palliatifs vont pouvoir pallier à cette absence de désir de vivre qui n'est pas forcément justifiée par une souffrance quelle qu'elle soit ? Après, que cela ne soit pas du rôle du médecin, est un autre débat. Ils souhaitent une vie décente. Et la définition de la décence appartient maintenant à chacun dans une société où les limites sociétales sur ce qu'elle peut être, ont explosé. La décence se juge aussi auprès des siens. Quelle est la décence du cas Lambert? Pour qui vit-il ? Pour quoi ne meure-t-il pas ? Peut-on dénier à quelqu'un le droit de mourir ? Notre corps appartient à l'Etat depuis que Napoléon avait besoin de chair à canon. Quel est le sens de la puissance de l'Etat ici ? Qui est-il pour donner droit de vie ou de mort sur chacun ?

    Certains disaient que l'Euthanasie était reporter sur le médecin la responsabilité de son choix de mourir. Une sorte de couardise de se donner la mort soi-même. Là se tient la question de savoir comment chaque professionnel voit son rôle et les limites qu'il lui donne.

    Est-ce à la loi de trancher ? Limiter les dérives, tel est son rôle. Donner une définition de la vie, de la mort, de la raison de vivre, de la "qualité de vie", c'est une tâche philosophique qui a mon sens, n'entre pas dans ses compétences. Ou (où) alors, nous allons vers une pensée unique.

    Il n'est de véritable vie que celle que l'on peut supporter et qui a un sens, celui que lui donne chaque individu.

    C. Durand, IDE

  • "J'ai mis devant toi la vie et la mort..."

    Le 28 mai 2018

    Voilà un bon article qui pose toutes les questions que soulève l'euthanasie. La partie philosophique me semble manquer de rigueur cependant : "La légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté repose sur une éthique d’autonomie. Les soins palliatifs reposent sur une éthique de vulnérabilité et de solidarité collective." L'affirmation présente l'avantage pour celui qui l'énonce de créer une opposition un peu manichéenne entre les égoïstes d'un côté, et les altruistes de l'autre. Pour ma part, j'aurai tendance à renverser la perspective concernant l'euthanasie et le suicide assisté : elle repose sur une logique d'hétéronomie car il s'agit de demander à d'autres ce qui concerne avant tout soi-même, à savoir notre mort. Evaluer sa souffrance, décider si notre vie a un sens ou si on ne la supporte plus est un processus éminemment personnel, personne ne peut le faire à notre place.

    Jusqu'à présent, les gens qui ne voulaient plus vivre mettaient fin à leurs jours, de façon autonome, ils veulent maintenant qu'on le fasse pour eux et qu'on leur reconnaisse un droit à mourir.
    Sans préjuger de la morale et du bien-fondé d'une volonté personnelle ou d'une intime conviction, je comprends parfaitement que le corps médical et soignant refuse d'être embarqué dans cette galère.

    Julien Metais

  • Ce qui est du ressort de la relation de confiance entre les soignants et les patients

    Le 28 mai 2018

    Je suis entièrement d'accord avec le point de vue de la SFAP, ayant accompagné durant ma carrière à plusieurs reprises des personnes vers leurs derniers voyages, comme ma grand-mère. Il n'y a pas de lois qui puissent ou doivent encadrer ce qui est du ressort de la relation de confiance entre les soignants et les patients ! Nous sommes en train de commercialiser tout dans l'hopital au point que les patients ou les personnels sont de plus en plus souvent en souffrance, celle-ci accentuée par l'AT2A et les sbires qui en sont les gardiens !

    Notre société consumériste est devenue incapable de donner le temps nécessaire à ce que fait de nous des humains et vivre ces expériences fondamentales dans le temps pour les intégrer. Toutes lois ou équivalents seront une mascarade de plus dans l'INDUSTRIALISATION de la mort et ne serviront que des intérêts financiers ! Plutôt que de vouloir faire une énième "LOI" qui ne pourra de toute façon pas s'appliquer faute de personnels formés ou de moyens que nous n'avons plus ; farce ubuesque des sociétés décadentes, laissons les familles et leurs médecins prendre le temps de mettre en place des accompagnements à domicile plutôt que de faire ou laisser mourrir les patients dans des lits froids et seuls encore trop souvent ! Si l'hopital est fait pour soigner dans son essence, il doit aussi être aidant dans le retour à domicile des mourants pour que les familles les accompagnent comme ils le mérite jusqu'à leur dernier souffle ! Et entre parenthèses).

    Gilles Dupont (IDE)

  • Je voudrais alors une anesthésie sans réanimation…

    Le 29 mai 2018

    Est-ce à la loi de trancher?

    Le docteur Guillotin, fondateur de la société de la faculté de médecine antérieure à l’académie de médecine, avait préconisé que nous soyons
    tous égaux devant une condamnation à mort et cela sans mise en cause de la main du bourreau.Il était contre la peine de mort.
    Malheureusement nous sommes tous condamnés à mourir :
    Socrate a-t-il réellement choisi sa mort, Stephen Hawking, esprit augmenté dans un corps diminué, sa vie?
    La vraie question est celle du suicide assisté ou non que nous relions à deux préceptes :
    « Tu ne tueras pas »
    « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse ».

    La loi Leonetti Claeys me semble suffisante pour encadrer les pratiques et éviter des dérives.
    Je ne voudrais pas qu’on m’injecte un produit m’asphyxiant en pleine conscience sans tenir compte de ma volonté.

    Je voudrais peut-être à la fin de mes jours devant une situation non maitrisable
    qu’un confrère m’endorme pour un voyage sans retour vers une destination inconnue*.
    Je voudrais alors une anesthésie sans réanimation…c-à-d une assistance sans suppléance.

    *Mais il pourra faire jouer sa clause de conscience et je ne lui en voudrais pas.

    Dr Jean Le Camus

  • Bravo, Dr Le Camus, non Madame de Latour

    Le 30 mai 2018

    Je ne peut que me porter en faux contre l'affirmation que soins palliatifs et euthanasie sont incompatibles.
    Les deux approches, dénuées d'a priori religieux que la loi ne peut imposer à ceux qui ne les partagent pas, sont évidemment complémentaires.
    Je ne connais aucun médecin qui soit "POUR" l'euthanasie, comme on peut être "CONTRE" la peine de mort. Le médecin qui affirme que les soins palliatifs ne sont jamais pris en défaut est un aveugle ou un menteur.
    Que tout doive être rendu possible pour permettre à chacun de prolonger une vie digne aussi longtemps qu'il le souhaite est une évidence qui ne s'oppose en rien au droit, pour celui dont la vie n'est plus que tourment de pouvoir mettre fin à celle-ci.
    Qu'il faille respecter le choix de ceux qui préfèrent souffrir qu'attenter à la vie qui leur aurait été donnée est une autre évidence, mais que ceux qui adoptent cette vision que seul le créateur (ou le pouvoir légitime, dans encore bien des pays dont la France il y a moins de 27 ans) puisse activement accélérer la fin de vie ne s'attribuent pas le droit de l'imposer à ceux pour qui la Vie, avec un grand V, doit être digne et apporter des aspects positifs.

    Il y a, à mes yeux, la même intolérance à interdire à un paraplégique d'abandonner un état qu'il ne supporte pas qu'à assassiner l'infidèle qui refuse de respecter le ramadan.

    Euthanasie : définition actuelle : fait de donner la mort à autrui à sa demande.
    Ajoutons à celà le choix d'accélérer une perfusion d'opiacés jusqu'à l'arrêt cardiaque "parce qu'on ne peut laisser souffrir à ce point" un patient qui n'a rien demandé, attitude dont j'ai été témoin dans un service de soins palliatifs bien catholique et anti euthanasie.

    L'éthique vraie, aujourd'hui, est celle de la liberté pour le patient. L'autonomie passe avant les principes théoriques, théocratiques ou non.
    Pour terminer, je citerai ce confrère mort de sa maladie après avoir obtenu la promesse d'une euthanasie : "Pas encore, tu sais, savoir que tu seras là le jour voulu me permets de supporter plus que je ne l'aurais cru."
    En conclusion, je demanderais à mes confrères français quel pays a pour devise
    LIBERTE, EGALITÉ, FATERNITÉ ?

    PS: réponse au Dr Michel de Guibert

    Votre malhonnêteté est inadmissible dans un contexte éthique. Vous n'êtes pas le premier à assimiler les assassinats de personnes considérées comme inaptes à l'euthanasie. C'est soit de la mauvaise foi, soit une parfaite ignorance de la situation.
    Comme je viens de le rapporter dans ces colonnes, la définition actuelle de l'euthanasie est le fait de donner la mort à autrui A SA DEMANDE. Pas d'assassiner ceux qui ne sont pas utiles à la société telle que le régime la conçoit.

    Mario J.M. Govaerts
    Prof honor ULB

  • Bien nommer les choses

    Le 30 mai 2018

    "Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde", aurait écrit Albert Camus.
    Merci au Dr Anne de la Tour, Présidente de la SFAP, d'avoir remarquablement éclairé les débats en cours par sa remarquable intervention.

    Dr Michel de Guibert

  • Réponse à Mario J.M. Govaerts

    Le 30 mai 2018

    Accuser de malhonnêteté celui qui ne pense pas comme vous en dit plus sur vous que sur moi...
    Je n'ai rien assimilé, je n'ai pas parlé de personnes "inaptes", j'ai juste fait un parallèle sémantique entre les mots employés par un confrère pour justifier l'euthanasie "le plus beau geste d'amour" et ceux employés naguère "la délivrance par la mort".
    Les mots sont dévoyés.

    Vous donnez votre définition de l'euthanasie "donner la mort à autrui à sa demande" ; il vaudrait mieux appeler cela "suicide assisté".
    Étymologiquement, "euthanasie" signifie bonne mort (du grec ευ, « bonne », θανατος, « mort ») et le terme aurait dû plutôt être réservé aux équipes de soins palliatifs qui font le maximum pour rendre la fin de vie douce.

    Les mots sont dévoyés.

    Le mot "euthanasie" a pris aujourd'hui le sens de donner la mort en parant ce geste de mort de qualificatif altruiste.
    "Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde", selon l'expression prêtée à Albert Camus.

    Dr Michel de Guibert

  • Prendre soin

    Le 02 juin 2018

    Je suis consterné par le titre de l'article qui résume à mon sens l'obscurantisme de la réponse.
    Avant même de DONNER SES SOINS au patient, le soignant descendant de sa Tour "d'Ivoire " devrait par simple humanisme PRENDRE SOIN de celui-ci.
    Là est toute la différence de la conception de notre rôle de médecin.
    En exemple je rappellerai que nous prescrivons depuis 30 ans des traitements contre les démences liées à l'âge, nous imposons ces soins en minimisant l'impact délétère des effets secondaires de ces traitements que l'on propose de ré-rembourser aujourd'hui pour leur inutilité et leur dangerosité. Mieux aurait-il fallu pour tous ces prescripteurs "moutons" de PRENDRE SOIN du quotidien de leurs patients! Paix à leur âme!

    Dr Alain Tarate, Strasbourg

  • Gardons sang froid et approche empathique

    Le 03 juin 2018

    Nous pouvons lire quelques dérives et je ne vais pas me poser en censeur ou moraliste mais recentrer nos échanges !
    Pourrions-nous nous poser juste quelques questions comme savoir si nous avons besoin que des technocrates ou des "politiques" interviennent dans ce débat dont ils sont eux-mêmes parfois sinon souvent mal renseignés ou en eaux-troubles (sous-entendu émotionnellement qu'ils peuvent avoir les même peurs ou doutes que nous tous ou des idées pas claires sur le thème) ?

    Avons-nous besoin de "désengager" notre exercice et notre responsabilité face à ces moments difficiles pour tous ? Sommes nous juste des exécutant ou avons nous cette chance d'offrir une part d'humanité dans des sociétés qui selon moi déshumanisent pour de la "rentabilité" à court terme ? Sinon nous ne sommes pas capables d'agir et de prendre soins des personnes jusque dans la mort, à qui dès lors les confier (l'ENA, l'Assemblé Nationale, le Sénat...) ?
    Il y a certes des personnes de qualité dont des médecins mais tellement (comment dire) d'anachronisme ! A qui je ne confirais ni ma vie ni ma mort !

    Une loi serait elle un pas vers l'eugénisme ou juste une "sécurité" pour les acteurs du soins ? Un confort ?
    ARF... j'ai dit soins ! Donc est-ce bien un soin que d'accompagner une personne qui meurt ... ou pas ?

    Ma participation dans ces passages douloureux de l'existence serait elle un acte de soutien, de soins ou contraire à mon désir de soigner ?
    Ma mission est-elle de prendre le risque de l'acharnement thérapeutique ou accepter parfois l'inéluctable libération que la mort peut ; peut-être, représenter ? Sommes nous tous prêt à nous battre jusqu'au bout face à la maladie handicapante ou déstructurante ?
    Les survivants vont-ils faire face à l'épreuve ou à la décision ?

    Bien sur qu'il y a de nombreuses questions autour de ces moments de vie et de mort que rencontre tout à chacun ! Et poser la question est signe d'un bon dynamisme de la conscience !
    Nous sommes "soignant" et trop souvent nous entendons par là que nous devrions privilégier la vie en ignorant justement cette part inéluctable à venir pour tous (seule dernière "égalité" encore que...) et si nous sommes ainsi "mal" préparé à faire face à la mort comment pourrions nous aborder le sujet sans dogmatisme et en restant des soignants ?

    J'ai été formé il y a longtemps et cette étape n'était pas abordée dans l'enseignement sinon de manière très informelle et théorique ! J'ai ainsi pu voir chez mes collègues bons nombres malaises ou de difficultés à surmonter cette expérience !
    J'ai parfois même du "remplacer" des soignants qui "fuyaient" ces face à face avec ce moment où la pupille regarde au fond de l'univers...

    Nous ne sommes pas différent les uns des autres et malgré nos formations ou nos expériences de vies si nous n'abordons les rives obscures de ces souffrances que par des biais "législatifs" ne risquons nous pas de perdre un peu plus de cette humanité qui nous a conduit sur les chemins du soignant ?

    Nous sommes tellement nombreux à avoir rencontré ces moments tragiques dont il est difficile de prendre la bonne mesure dans les premiers temps !
    Qu'avons nous appris qui nous permettent ensuite avec empathie d'accompagner ceux qui désirent partir et ceux qui vont rester là ?
    Avons nous choisir ces métiers pour soigner ou pour accompagner ?

    Notre société et notre culture prône aujourd'hui tellement d'illusions et de contre-vérités (jeunisme, toute puissance de la médecine, allongement de l'espérance de vie qui s'infléchit et commence à reculer parfois ou dans certaines catégories de populations, PMA, ...) que ces moments "vrais" ; qui étaient accepté humblement ou qui le sont encore dans d'autres cultures que la notre, comme un moment et rien d'autre, que nous devons nous poser aussi peut-être la question de : qu'elle est ma part dans ce débat ? Vais-je laisser à d'autres ma part de soins ?

    Notre richesse professionnelle n'est elle pas tirée de toutes ces expériences vécues partagées parfois que nous mettons dans nos soins au service de la population sans avoir besoin "qu'on" (le législateur) nous tiennent la main ?

    Voulons-nous juste devenir des exécutants "légiféré" ? Qu'en serait-il dès lors du libre arbitre, de la compassion, de l'aide et de l'éthique ?
    En tant qu'infirmier, j'ai "fait" naitre des enfants (comprenez aider) comme j'ai tenu la main de personnes qui nous ont aujourd'hui quitté et je n'ai eu besoin que de ma bienveillance ... celle qui me vient des expériences que j'ai vécu, de la société dont je suis membre, de la culture et de l'histoire dont je suis héritier et porteur pouvant transmettre !

    Nul loi, nul texte ne pourra se substituer à cette partie de nous qui entre en résonance avec l'autre sans pour cela être lui !
    Comme le dit très bien le Dr Tarate, Paix à ceux qui partent et que ceux qui restent sachent que certains d'entre nous sont là pour les soutenir et que nul réglementations fera de nous des être meilleurs si nous ne le décidons pas nous-même !


    Gilles Dupont

  • Et pourquoi pas deux systèmes ?

    Le 03 juin 2018

    Que le Docteur Anne de la Tour et les médecins de la SFAP soient personnellement contre l'euthanasie, ce sont leurs libres choix.
    Que l'option de soins thérapeutiques palliatifs ne convienne pas à certains patients est autre chose.
    Pourquoi ne pas pas proposer deux systèmes, complémentaires, l'un de soins palliatifs, l'autre d'euthanasie / suicide médicalement assisté. Le patient aurait le libre de choisir celui qui lui convient le mieux.
    Ces deux systèmes ne seraient pas en concurrence !
    Libre à chacun de choisir sa fin de vie. C'est un droit.

    Dr Eric Ehrsam

  • Euthanasie à la demande la famille chez des patients inconscients

    Le 04 juin 2018

    Ce problème est facile à régler. Il suffit de préparer les médicaments à injecter pour tuer le malade et de montrer à la famille comment procéder. Refus garanti des familles dans 90% des cas par lâcheté !

    Dr Guy Roche


    Médecin pour guérir ou soulager ses malades

    Docteur Guy ROCHE

  • Une vieille injonction

    Le 10 juin 2018

    "C'est exactement comme l'histoire ancienne de devoir enfanter dans la douleur, ancienne croyance qui est une pure stupidité et une barbarie venant d’autrefois."
    M Haas vous avez raison d'évoquer cette comparaison. J'ai trois quart de siècle et ai vécu les débuts de "l'accouchement sans douleur", eh bien certains médecins, catholiques intégristes pour la plupart, étaient contre, rappelant cette vieille injonction ! Jusqu'à ce que le pape de l'époque lui-même rappelle qu'il s'agissait d'une constatation et non d'une injonction !

    Dr René Mettey

  • Soins palliatifs vs euthanasie

    Le 11 juin 2018

    En tant que psychiatre ce débat oppose un discours qui s’approche au plus près du vécu subjectif des personnes dans leur réalité individuelle culturelle psychologique et un discours idéologique bien transcrit par la réflexion de M Haas. La recherche de la vérité subjective pose l’existence de motifs inconscients à nos actions. Sans jugement pour personne je ne peux m’empêcher d’entendre dans le discours euthanasique une pulsion haineuse inconsciente et mon expérience personnelle de mise en vérité m’a plusieurs fois confronté à mes propres pulsions haineuses pour lesquelles la prise de conscience a été plus bénéfique que leur passage à l’acte. La levée de l’interdiction de tuer me fait craindre l’autorisation du passage à l’acte pulsionnel plutôt que la sublimation des pulsions qui aide à la créativité l’art et la philosophie et apporte une valeur ajoutée humaine que l’euthanasie n’apportera jamais.

    Dr Laurent Jacquemin

  • Pulsion haineuse...

    Le 13 juin 2018

    Votre réponse me rend dubitative Dr Jacquemin. Est-ce à dire que les personnes désirant leur mort à la (sur)vie retournerait cette pulsion haineuse contre eux-mêmes ?
    Il est prouvé que la perte de sens dans le travail est source de douleur morale, de souffrance lié à la perte du sentiment d'utilité. L'utilité est une des façons de s'inscrire citoyen dans la cité. On appelle bien les retraités "Inactifs". Tout comme le sont ainsi nommées tous ceux qui ne "produisent plus rien", sinon un besoin auquel répondent les actifs. Ce n'est déjà pas si mal, l'utilité est toujours là. Mais en France, nous ne sommes pas éduqués à voir les choses ainsi sur "l'utilité" des inactifs.
    La perte du sens de sa vie n'est-il chose semblable ? Retourner contre soi sa pulsion haineuse ?

    CD

  • Drôle de Médecine

    Le 23 juin 2018

    Alors, j'ai le droit de demander à la Medecine de m'aider à avorter, j'ai le droit de demander à la Medecine de ne pas être enceinte, j'ai peut être bientôt le droit de demander à la Médecine d'avoir un enfant par PMA et/ou GPA sans acte sexuel ni grossesse alors que je suis fertile et je n'ai pas le droit de demander à la Médecine de m'aider à mourrir sans souffrance et rapidement au bout de ma vie ? Drôle de Medecine !

    Dr L.D

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