
Paris, le samedi 1er octobre 2016 – Se laisser consumer par une passion extérieure à votre vie professionnelle suggère souvent la lassitude inspirée par cette dernière. L’art choisi devient alors une échappatoire. Mais les vocations ne sont pas nécessairement isolées. On peut avoir la même ardeur sur deux chemins distincts. Ainsi, le leader du groupe Saint-Hilaire prévient d’emblée. « Il n’est pas question que j’arrête l’anesthésie. C’est un métier que j’aime trop », confie-t-il au Quotidien du Médecin. Pourtant, le succès que connaissent ses chansons aurait pu le conduire à quitter les blocs. Au cœur de l’été, ses ritournelles se sont en effet hissées à la huitième place des ventes sur la plateforme musicale iTunes d’Apple. Une surprise pour Fabien Tourrel et ses camarades tous rencontrés au CHU de Rouen et qui sont soit médecins soit des proches de professionnels de santé. Cette proximité et l’amour de la musique ne sont pas leur seul point commun. Ils partagent également un même sens de la dérision et de l’ironie qui transparaît dans toutes leurs chansons et notamment dans La théorie du complot qui revient sur tous les fantasmes que l’on voit développés sur internet à propos du 11 septembre, de la mort d’Elvis ou encore des vaccins. Ici, leur expérience médicale a pu servir de point de départ à la création, mais les deux mondes se rencontrent rarement. Ils se complètent plus certainement. « La musique nous permet de trouver un équilibre avec notre métier où on a notre lot de drames. C’est une activité créatrice qui se pratique collectivement. C’est un vrai plus » observe Fabien Tourel.
Dualité
Le désir d’une œuvre commune guide également le docteur Pauline Penot. C’est toujours à quatre mains, avec son amie d’enfance Sabine Panet, que le médecin interniste à l’hôpital Saint Louis à Paris, spécialiste des maladies rares, infectieuses et tropicales écrit ses romans pour la jeunesse. Si la médecine était une évidence pour la jeune femme issue d’une longue lignée de praticiens (son grand-mère était un célèbre chirurgien blésois qui fonda et donna son nom à la clinique Jean-Victor Penot à Blois), la littérature est un second souffle. « L’écriture nous a apporté beaucoup de bonnes choses, de beaux voyages, de belles rencontres » confie-t-elle au journal la Nouvelle République. Si certains de ses romans évoquent des thèmes intéressant la médecine (tel l’excision dans le dernier en date, La tête ne sert pas qu’à retenir les cheveux), elle aime à s’échapper totalement de cet univers. Le livre qu’elle affectionne le plus est ainsi L’exil de mes nuits blanches qui évoque la passion naissante d’un adolescent pour la ville de Blois où elle a grandi.
Gémellité
Le dernier roman du docteur Catherine Armessen est également un hommage à ses terres d’enfance, l’Ariège. A l’instar des musiciens de Saint Hilaire ou de l’auteur de l’Exil de mes nuits blanches, le praticien est parfaitement épanoui dans sa double existence, qui se partage entre la médecine et l’écriture. « J’ai deux vies, l’une réelle et l’autre plus imaginaire » raconte-t-elle à la Dépêche du Midi. La frontière est nette entre les deux espaces. Ainsi, dans Les Jumelles de Vernajoul, nulle trace ou presque de l’univers médical, mais un hommage à l’Ariège, aux années folles et au destin de deux sœurs séparées à la naissance qui découvrent leur gémellité à l’âge de 16 ans. Un roman aux rebondissements multiples qui vaudra peut-être encore une fois à l’écrivain d’être distingué par ses pairs : elle avait reçu en 2008 le prix Littré décerné par le groupement des écrivains médecins de France pour Manipulation.
Musique :
Saint Hilaire, de Saint Hilaire, sortie le 30 juin 2016, Puzzle Productions
Romans :
La tête ne sert pas qu’à retenir les cheveux, de Pauline Penot et Sabine Panet, éditions Thierry Magnier, 240 pages, 13 euros
Les Jumelles de Vernajoul, de Catherine Armessen, Les
Passageres, 250 pages, 18 euros
Aurélie Haroche