Drogue numérique : la libanaise

Beyrouth, le samedi 22 novembre 2014 – Quatre ans après avoir déclenché une polémique mondiale venue (comme souvent) des Etats-Unis, la drogue numérique fait de nouveau controverse au Liban.
Rappelons qu’il s’agit de fichiers musicaux de 15 à 30 minutes, dont les promoteurs (qui les commercialisent de trois à plus de cent euros…) assurent qu'ils peuvent produire hallucinations, excitation sexuelle, relaxation...

Une réaction ridicule ?

C’est la diffusion d'un reportage au cours d’un journal télévisé qui a provoqué l’ire du ministre de la Justice libanais, Achraf Rifi qui a demandé au procureur général près la Cour de cassation, de prendre les mesures nécessaires pour « bloquer les sites Web qui font la promotion des drogues numériques ». Mais plus que ces « stupéfiants » en eux-mêmes c’est le reportage qui a suscité de nombreuses critiques, des associations ayant dénoncé des inexactitudes ainsi que les mesures prises par le Garde des sceaux libanais jugées tout bonnement ridicules. Et, en effet la dangerosité de ces "drogues" 2.0 reste difficile à établir.

Le battement binaural

La « substance active » en cause est le battement binaural découvert en 1839 par le physicien Dove qui provoquerait un effet sur l’activité du cerveau en diffusant dans chaque oreille des sons de fréquences légèrement différentes. « Entre les oreilles et le cerveau, le système nerveux converge afin de pouvoir comparer les sons perçus de chaque côté, notamment pour localiser leur origine dans l'espace. S'il reçoit deux sons purs différents et décalés, le cerveau a l'impression d'entendre un battement », avait expliqué en 2010 à Sciences et Avenir Daniel Pressnitzer, chercheur en neurosciences à l'École normale supérieure, et il ajoutait que « tous les sons perçus déclenchent un signal dans le cerveau : si l'on fait un électroencéphalogramme lors de l'audition de battements binaural et monaural, on obtiendra le même signal ».
L'effet (quant il existe…) semble surtout « psychologique », selon lui : « on pourrait donner la même illusion en jouant avec la stéréophonie d'un son. »

Un sujet récurrent

« Il y a quatre ans, il y avait eu exactement la même polémique aux Etats-Unis. Les autorités sanitaires s'étaient emparées du sujet pour demander l'interdiction de ces drogues alors qu'on n'a aucune preuve de leurs effets », rappelle le journaliste Arnaud Aubron, auteur de Drogues Store, interrogé par Europe 1. A l'époque, en France, la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Midlt) s’était emparée du sujet et avait considéré qu' « il n'y avait pas d'inquiétude à avoir ».

Peut-être bientôt des salles de concert transformées en salle de shoots musicaux…

FH

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Vos réactions (2)

  • Une attitude à risque

    Le 24 novembre 2014

    Je pense que c’est le principe qui pose problème, la mise en route d’une croyance qui met en route un mécanisme qui fait entrer dans l’addiction. Ensuite il ne reste plus qu’à changer de produit pour avoir des sensations plus fortes… En tous cas le type à bien vendu son « arnaque », qui, même si jugée marginale, non dangereuse par les ignorants de l’addicto, me semble une attitude à risque pour certaines personnes fragiles cherchant un échappatoire à leur vie qu'ils jugent sans émotion.
    Dr Marion, Addictologue Evreux

  • Acronymie scientifique

    Le 24 novembre 2014

    Tout d'abord, l'article est écrit par "on ne sait qui", FH...
    Puis, trop facile d'affirmer l'innocuité de ce genre de produit, qui se vendent bien parmi la population ciblée, et il doit y avoir une explication à cela...
    Enfin, vendre des produits appelés "drogues", même sans effet aucun, c'est une arnaque qui doit mobiliser les autorités de n'importe quel pays, pour prendre des mesures répressives.
    Avec mes excuses de FH, et de tous les rédacteurs anonymes, qui viendrons publier dans les journaux scientifiques...
    Dr. F. Mellah(Pédiatre) Liban

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