Plus encore que les dentistes et les généralistes, les cardiologues devraient connaître les risques liés à l’arrêt prématuré des traitements antiplaquettaires, en particulier dans le contexte de la pose d’un stent à élution, situation au cours de laquelle l’association clopidogrel – aspirine est recommandée pour un an au moins. Mais il semblerait que le risque de saignement soit toujours fort présent à l’esprit des praticiens comme l’a démontré l’étude REGINA, une enquête téléphonique réalisée auprès de praticiens (446 généralistes, 469 anesthésistes, 440 gastro-entérologues, 453 pneumologues, 457 cardiologues, et 437 dentistes) par une équipe menée par Jean-Philippe Collet (Pitié-Salpêtrière, Paris).
Plusieurs points ressortent de cette enquête :
- les taux de réponse à la question de définir un stent à
élution sont faibles chez les dentistes (10 %), élevés chez
le cardiologue (95 %) et intermédiaire pour les autres spécialistes
;
- quant à la question de savoir « combien de temps doit être
administré l’association clopidogrel/aspirine après la pose d’un
stent à élution ou métallique », les réponses correctes sont encore
plus faibles, allant de 0 % chez les dentistes à 51 % seulement
chez les cardiologues ; les autres spécialistes ayant un taux
intermédiaire ;
- fort heureusement, la plupart des praticiens, dentistes exceptés,
reconnaissent l’existence d’un risque élevé de thrombose du stent
(<30 jours après la pose) et d’un risque faible (plus de 18 mois
après) ;
- concernant la procédure à suivre avant une intervention
chirurgicale, les taux de bonnes réponses restent encore trop
faibles.
- enfin, il n’est pas sans intérêt de constater que les
spécialistes, qui apportent les réponses les plus adéquates, sont
ceux pour lesquels des recommandations ont été émises par leur
propre société savante (cardiologues, anesthésistes).
Il est ainsi clair qu’un (gros) travail d’éducation reste à faire…
Dr Dominique-Jean Bouilliez