Lors du Congrès Français de Psychiatrie de Lille, le Pr P. Poisbeau (Strasbourg) a présenté les données récentes disponibles sur les mécanismes d’action de l’étifoxine qui, contrairement à la plupart des traitements anxiolytiques, n’est pas associé à une baisse de la vigilance, à des troubles mnésiques ou encore au risque de dépendance.
Un mécanisme d’action commun aux benzodiazépines mais pas sur la même sous-unité du récepteur GABAA
S’il ne s’agit pas d’une benzodiazépine, l’étifoxine partage cependant avec cette famille d’anxiolytiques un mécanisme d’action : ce sont des modulateurs allostériques du récepteur-canal GABAA. Ces molécules augmentent la perméabilité de ce canal aux ions chlorures (induisant un effet inhibiteur sur la conduction nerveuse) en présence de deux molécules d’acide γ-amino-butyrique (GABA) (Verleye, 1999). Ce mécanisme d’action serait en grande partie responsable des effets anxiolytiques de ces médicaments.
L’étifoxine se démarque cependant des benzodiazépines. Elle agit en effet sur la sous-unité β du récepteur GABAA, alors que le site d’action des benzodiazépines se situe à l’interface entre les sous-unités α et γ. Cette différence expliquerait les profils de tolérance différents de l’étifoxine et des benzodiazépines. Ainsi, seul le site de fixation des benzodiazépines semble associé à l’internalisation des récepteurs GABAA, mécanisme supposé de la tolérance aux benzodiazépines.
Et un mécanisme qui lui est propre
Par ailleurs, l’étifoxine présente une action sur la mitochondrie, ce qui renforce indirectement la production d’un stéroïde anxiolytique endogène, l’alloprégnanolone (Schlichter, 2000). Il s’agit du plus puissant stimulateur endogène connu de la fonction inhibitrice du récepteur GABAA. Le caractère « endogène » de ce mécanisme serait à mettre en relation avec la bonne tolérance de l’étifoxine constatée cliniquement. Une étude réalisée chez l’animal montre que c’est ce mécanisme d’action qui est impliqué dans l’effet anxiolytique et antidépresseur de l’étifoxine dans un modèle de douleur neuropathique (Aouad, 2014).
Ainsi, l’étifoxine exercerait son action anxiolytique par un double effet, direct et indirect, sur le récepteur GABAA.
Dr Alexandre Haroche