Du méthotrexate pour traiter l’infarctus aigu du myocarde ?

On sait que l’infarctus aigu du myocarde s’accompagne d’une activation de l’inflammation et on sait également qu’expérimentalement, le méthotrexate a des propriétés anti-ischémiques.

C’est la raison pour laquelle Moreira et coll. ont émis l’hypothèse que lors d’un infarctus aigu du myocarde, le méthotrexate pouvait réduire l’inflammation et la taille des zones ischémiques.

L’étude a porté sur 84 patients hospitalisés pour un infarctus du myocarde aigu avec sus-décalage du segment ST.

Après randomisation, ils ont reçu soit du méthotrexate (bolus de 0,05 mg/kg suivi de 0,05 mg/kg/h pendant 6 h) soit un placebo (phosphate de riboflavine sodée à 0,1 %) dans un rapport 1:1. En outre, les patients des 2 groupes ont reçu une dose unique de 5mg d’acide folique.

Le critère principal d’efficacité était la taille de la zone infarcie déterminée par l’aire sous la courbe de la libération de créatine kinase (CK). Les critères secondaires étaient les aires sous la courbe des CK-MB et de la troponine I, les pics de CK, CK-MB et troponine I ; les taux du peptide natriurétique de type B (BNP), les taux de C-reactive protein à haute sensibilité ; la vitesse de sédimentation ; la fraction d’éjection ventriculaire gauche (FEVG) ; les scores TIMI et Killip ; les taux de mortalité et de récidive d’infarctus. Enfin, le critère de sécurité reposait sur l’incidence d’éventuels effets secondaires.

Une fausse bonne idée

L’aire sous la courbe des CK n’était pas significativement différente sous méthotrexate et sous placebo (respectivement, 78,861.00 vs 68,088.00 ; P = 0,10). Il n’a pas été non plus noté de différence entre les 2 groupes respectivement quant aux aires sous la courbe des CK-MB (9,803.40 vs 8,037.00 ; P = 0,42) et de la troponine I (3,691.11 vs 2,132.63 ; P = 0,09) et quant aux pics de CK (2,806.00 vs 2,147.00 ; P = 0,05), de CK-MB (516.00 vs 462.25 ; P = 0,25) et de troponine I (121.00 vs 85.05 ; P = 0,06). Au 3e mois, la FEVG était plus basse chez les patients assignés au méthotrexate (48,97 ± 14,09 %) que chez les patients assignés au placebo (56,37 ± 9,97 %) (P = 0,01). Il n’a pas été noté de différence entre les 2 groupes en ce qui concerne les taux de C-réactive protéine à haute sensibilité, de vitesse de sédimentation, de BNP, les scores TIMI et Killip et les taux de mortalité, de récidive d’infarctus et d’effets secondaires à l’exception cependant d’un taux plus élevé de SGPT (glutamic-pyruvic transaminase) sous méthotrexate.

En conclusion, le méthotrexate ne réduit pas la taille de l’infarctus du myocarde et altère la FEVG au 3e mois.

Dr Robert Haïat

Référence
Moreira DM et coll. : The Effects of Methotrexate Therapy on Myocardial Infarction With ST-Segment Elevation (TETHYS Trial 1319). Communication à la session annuelle de l'American Heart Association, Orlando, 7-11 novembre 2015.

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