Dysfonction érectile et éjaculation prématurée : des solutions existent !

On connaît les relations étroites entre risque cardio-vasculaire et dysfonction érectile (1). Dans ces conditions, la première mesure à envisager est la prise en charge efficace des facteurs de risque cardio-vasculaire: obésité, sédentarité, hypertension artérielle, diabète, dyslipémie, …(recommandation 1, A). Cependant, la majorité des antihypertenseurs (bêtabloquants et thiazidiques) augmentent le risque de dysfonction érectile (de 20 % environ) à l'exception notable des sartans qui l'améliorent. Quant aux statines, on sait qu'elles améliorent la dysfonction érectile lorsque la dyslipémie est isolée. Elles améliorent aussi l'efficacité du sildenafil en cas de non-réponse. Réduire l'obésité et augmenter l'activité physique améliorent également la fonction érectile.

Une fois ces précautions prises, les inhibiteurs de la PDE5 représente le traitement de base de la dysfonction érectile (recommandation 1, A). Leur efficacité et leur tolérance étant relativement similaires, le choix se fera en fonction de la préférence du patient ; 70 % d'entre eux optant pour la prise journalière de manière à conserver une certaine spontanéité.

Cela dit, selon les pathologies sous-jacentes, 20-60 % des patients n'obtiennent pas les résultats escomptés. A ces patients, on proposera alors d'augmenter les doses progressivement jusqu'à la dose maximale autorisée, de modifier l'horaire des prises, de prendre l'inhibiteur de la PDE5 à jeun, de combiner avec de la testostérone en cas d'hypogonadisme avéré (recommandation 1, A) ou, lorsque toutes ces mesures ont été tentées ou proposées, de passer aux traitements alternatifs (injections intracaverneuses, intraurétrales, prothèse, etc.).

Quant à l'éjaculation prématurée (2), tout est question de définition, la limite de « une minute maximum après l'intromission » étant généralement considérée comme pathologique pour l'ISSM, surtout lorsque l'homme est incapable d'allonger ce délai lors de quasi toutes les pénétrations vaginales. Présente chez environ un quart des hommes, quelle que soit la tranche d'âge, et relativement ubiquitaire, elle a été classée par Marcel Waldinger en persistante, acquise, naturelle et variable, et de type prématuré, avec une physiopathologie différente selon le mode. Ainsi, en cas d'éjaculation prématurée persistante, la sensibilité du gland et des facteurs comportementaux sont largement évoqués tandis que dans les formes acquises, la dysfonction érectile trouve une large part. Mais l'alcoolisme et les médicaments sont également incriminés. Le traitement passera par une thérapie psychocomportementale (stop and go, striction à la base du pénis), la prescription d'antidépresseurs (dont la dapoxetine qui peut être administrée à la demande) et d'IRSS, ou d'inhibiteurs de la PDE5, ou de tramadol, ou encore d'anesthésiques locaux selon des modalités variables selon la demande du patient.

Dr Dominique-Jean Bouilliez

Références
1. Eardley I. Office management of male dysfunction: Oral therapy of ED.
2. Eardley I. Office management of male dysfunction: Medical therapy for premature ejaculation.
28th annual European Association of Urology congress (Milan) : 15-19 mars 2013.

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions (3)

  • La dapoxétine n'est pas un antidépresseur mais un IRS

    Le 20 avril 2013

    J'ai lu avec intérêt votre article qui résume parfaitement les présentations de I Eardley au congrès de l'EAU à Milan (mars 2013). Votre article est une mise au point utile concernant les différentes thérapeutiques (non médicamenteuses et médicamenteuses) dont nous disposons actuellement pour améliorer les troubles érectiles et l'éjaculation prématurée.
    Cependant, je pense qu'il est tout aussi utile de rappeler que la dapoxétine que vous citez dans votre article n'appartient pas à la classe des antidépresseurs mais des ISRS. Cette distinction, non précisée dans votre texte, me paraît importante. En effet,les IRS sont des molécules utilisées et ayant l'AMM dans différentes indications dont la dépression bien sûr mais aussi les troubles anxieux, les syndrome de stress post traumatiques, les douleurs neuropathiques, les phobies, les attaques de paniques et même certains troubles urinaires. Et le fait que la dapoxétine soit un IRS, n'en fait pas un antidépresseur. De plus, je vous rappelle que la dapoxétine est déconseillée et contre indiquée dans les syndrome dépressifs ! (cette Contre Indication découle de la demie vie courte de la dapoxétine qui la rend adaptée à un traitement instantané pour l'éjaculation précoce mais non pour les troubles psychologiques).
    Cette précision sur la dapoxétine me paraît importante en pratique clinique car elle peut influencer le choix du patient et du médecin lors de la prescription.

    Dr Gilbert Bou Jaoudé
    Président de l'Association pour le Développement de l'Information et de la Recherche sur la Sexualité (www.adirs.org)
    Président de la Société Francophone de Médecine Sexuelle (www.sfms.fr)

  • Dysfonction sexuelle et dépression

    Le 20 avril 2013

    Ejaculation précoce et impuissance sont très souvent liées à la dépression.
    Il suffit de poser quelques bonnes questions : vous réveillez vous la nuit, êtes vous fatigué ? avez vous un goût anormal dans la bouche ?
    Le diagnostic est fait et on traite efficacement le symptôme et les autres conséquences de la cause.

    B Maroy

  • Une solution depuis des décennies

    Le 14 juin 2013

    Pour l'éjaculation prématurée, tous les médecins généralistes ou non qui sont étudiants en médecine depuis quelques dizaine d'année: (Personnellement je suis en 38eme année), savent que l'utilisation de la clomipramine à faible dose (25 mg voir 50 mg/jour), permet au patient en 6 à 12 mois de rééduquer ce défaut d'apprentissage de sa sexualité.
    Je rappelle que chez tous les grands primates l'éjaculation prématurée est la norme, trop de risque de se faire agresser par un prédateur(cf toutes les études faites surtout chez les chimpanzés).
    Pourquoi ce médicament utilisé depuis des dizaines d'années avec succès pour le plus grand plaisir des couples, sans effet secondaire délétère à ces doses n'est même pas cité?

    Dr Eric Theron, 69210. Généraliste enseignant et maitre de stage.

Réagir à cet article