E-nez

Richmond, le samedi 29 octobre 2022 - Richard Costanzo se tient à côté d'une tête de mannequin et approche une fiole de liquide bleu d’un minuscule capteur. Une LED s'allume en bleu, et le téléphone de Costanzo affiche le mot « Windex » (une marque américaine de nettoyant pour vitre). Puis il brandit une fiole de liquide violet et obtient une lumière violette ainsi que le message « Listerine » (bain de bouche).

Ce prototype est une démonstration partielle d'un concept sur lequel le Pr Costanzo travaille depuis des décennies mais qui a bénéficié d’un éclairage nouveau avec la Covid et son lot d’anosmies : une neuroprothèse pour l'odorat. Dans le produit final, le capteur n'allumera pas de LED mais enverra un signal au cerveau de l'utilisateur.

Dans une autre partie du laboratoire, un autre modèle illustre ainsi la deuxième partie du concept : là, le capteur « e-nose » transmet son signal à un petit réseau d'électrodes installés sur un implant cochléaire qui pourrait permettre de transmettre les informations olfactives au cerveau.

Ce projet pourrait être le couronnement de la carrière de M. Costanzo, professeur émérite de physiologie et de biophysique qui, dans les années 1980, a cofondé le Smell and Taste Disorders Center de la Virginia Comonwealth University (VCU). Après des années de recherche sur la perte de l'odorat et des investigations sur la possibilité d'une régénération biologique, il a commencé à travailler sur une solution technologique dans les années 1990. Mais le projet a vraiment pris son envol en 2011 lorsqu'il a commencé à travailler avec son collègue Daniel Coelho, professeur d'oto-rhino-laryngologie à la VCU et expert en implants cochléaires.

Pour l'instant, l'équipe s'efforce de faire en sorte que les capteurs détectent plus que quelques odeurs et cherche la meilleure interface possible avec le cerveau.

Un produit de première génération ne permettra pas aux utilisateurs de sentir des centaines d'odeurs différentes préviennent les concepteurs. L'équipe de la VCU imagine plutôt inclure initialement des récepteurs pour quelques odeurs liées à la sécurité, comme la fumée et le gaz naturel, ainsi que quelques odeurs agréables. Elle pourrait même personnaliser la prothèse pour donner aux utilisateurs des odeurs significatives pour eux : celle du pain pour un boulanger, par exemple, ou d'une forêt de pins pour un randonneur passionné.

L'équipe de la VCU a débuté par des expériences sur les animaux. Ainsi, grâce à des travaux menés sur des rats en 2016 et 2018, elle a montré que l'utilisation d'électrodes pour stimuler directement des points à la surface du bulbe olfactif générait des schémas d'activité neuronale en profondeur dans le bulbe, dans les neurones qui transmettaient les messages à d'autres parties du cerveau. Les chercheurs ont appelé ces schémas des cartes olfactives. Mais si l'activité neuronale indiquait que les rats percevaient quelque chose, ils ne pouvaient pas dire aux chercheurs ce qu'ils sentaient…

X.B.

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