Ebola : fuites inquiétantes de sujets surveillés à Conakry

Genève, le vendredi 21 août 2015 - Il y a quelques jours, l’Organisation mondiale de la santé se montrait prudemment optimiste quant à l’évolution de l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest. Elle indiquait que si les conditions de surveillance et de contrôle étaient maintenues à leur plus haut niveau, la Guinée, la Sierra-Leone et le Liberia pourraient envisager de commencer 2016 exempts d’Ebola. Cette confiance s’expliquait par la reprise de la diminution du nombre de nouveaux cas. Néanmoins, l’OMS mettait en garde contre la possibilité d’une nouvelle flambée. Aujourd’hui, cette menace semble plus précise encore. En effet, mercredi, l’agence onusienne a lancé l’alerte : quarante-cinq personnes qui avaient été placées sous surveillance en raison de leurs contacts étroits avec des victimes du virus Ebola se sont enfuies de Conakry.

Ces sujets avaient manifesté peu auparavant leur hostilité envers les personnels de santé chargés de leur prise en charge, qu’ils accusaient notamment d’être responsables de la mort de l’un de leur proche. Cet événement s’ajoute  à une nouvelle stagnation de la décrue de l’épidémie, puisque deux nouveaux cas ont été signalés pour la seule journée de mardi dans la commune de Ratoma à Conakry, contre un cas unique pour l’ensemble de la semaine dernière. Les difficultés pour maintenir une surveillance renforcée auprès des personnes ayant été contact avec les malades ne concernent pas uniquement la Guinée. L’Organisation mondiale de la santé évoque également les obstacles rencontrés par les équipes chargées d’un tel contrôle à Freetown (Sierra Leone). 

Réinsérer les rescapés

Il est difficile de savoir si ces "fuites" et rébellions affecteront significativement les durs efforts réalisés ces dernières semaines contre l’épidémie d’Ebola. Néanmoins, elles témoignent de la persistance d’une méfiance profonde de certaines communautés vis-à-vis des personnels de santé et des mesures de confinement, dont l’extrême nécessité paraît encore contestée, si non méconnue. Pour l’OMS, un tel climat pourrait sans nul doute faire le lit d’une nouvelle flambée et ruiner les espoirs d’une fin rapide de l’épidémie. Aussi, pour renforcer les liens avec les populations, l’OMS se concentre aujourd’hui sur la réhabilitation des personnes ayant été infectées par Ebola, qui, comme nous l’avons récemment évoqué, sont fréquemment l’objet de discrimination et d’exclusion. Ainsi, un dispensaire spécialement dédié aux rescapés d’Ebola vient d’ouvrir ses portes à Monrovia (Libéria), activement soutenu par l’OMS. Il s’agit d’offrir aux patients non seulement un suivi médical et la prise en charge d’éventuelles séquelles, mais aussi un soutien psychologique et une formation afin que ces anciens malades puissent servir de porte-parole dans la lutte contre l’épidémie. En quelques jours, le dispensaire a accueilli un nombre important de patients, ce qui devrait pousser l’OMS et le gouvernement à ouvrir partout dans le pays d’autres structures de ce type. Le dispensaire modèle du « Redemption Hospital » espère pour sa part qu’outre un accueil des patients, le dispositif permettra d’affiner les connaissances sur la maladie et sur sa possible transmission après la "guérison" , notamment par le biais du sperme.

Léa Crébat

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