
Le New England Journal of Medicine publie en édition avancée en ligne, ce 20 août 2014, un article de Frieden, Damon, Bell, Kenyon et Nichol du Centre américain de contrôle des maladies (CDC Atlanta). Ceux-ci, très impliqués dans la lutte contre le virus Ebola, font le constat que le nombre de malades dépasse à ce jour celui de la totalité de toutes les précédentes épidémies avec plus de mille morts dont de nombreux soignants. La propagation à Lagos au Nigéria dont la population est équivalente à celle cumulée de la Guinée, de la Sierra Leone et du Libéria les inquiète particulièrement. Au regard de la mobilité des populations dans la région et du trafic aérien, le virus peut atteindre, selon eux, d’autres pays proches et bien au-delà.
Une mobilisation internationale
Pour protéger les USA et le reste du monde, le CDC américain travaille de façon intensive avec de nombreux partenaires pour arrêter l’épidémie à sa source en Afrique. Malgré cette aide aux quatre pays touchés, le risque persiste car chaque mois, plusieurs milliers de voyageurs partent et viennent de ces régions vers les USA, l’Europe, le reste de l’Afrique et l’Asie. Tant qu’Ebola se propage dans ces régions, les cliniciens devront être vigilants et rapidement isoler tout malade présentant des signes pendant les 21 jours de leur retour de la zone infestée. Trois mesures essentielles ont stoppé les précédentes épidémies et peuvent aussi arrêter celle-ci : identifier les cas index et les cas contacts ; isoler et traiter les malades ; assurer le suivi des cas contacts avec leur isolement dès l’apparition d’une fièvre, ce qui est essentiel et nécessite une mobilisation de la société avec une éducation à la santé.
Trois mesures simples contre Ebola, ce formidable ennemi
Premièrement afin d’éviter toute transmission au personnel de santé, il convient d’instituer une hygiène hospitalière méticuleuse dans les établissements sanitaires. En deuxième lieu une information et une aide aux populations pour se défaire des procédures funéraires traditionnelles doivent être mises en place pour les protéger des contacts avec les fluides corporels des patients décédés. Enfin en troisième lieu, il s’agit d’éviter le contact et la consommation de viandes provenant de la chasse dans les forêts et plus spécifiquement avec les chauves-souris, probable réservoir primaire du virus Ebola. Cela nécessite une augmentation des ressources économiques pour se procurer d’autres sources de protéines plus facilement. A ces mesures il faut ajouter l’accélération de la recherche d’un vaccin et de traitements efficaces.
Une épidémie n’importe où est un danger pour chacun
Le gouvernement américain associé avec l’OMS, d’autres acteurs gouvernementaux ou non, lancent l’agenda de sécurité sanitaire global qui a pour objectif de mieux protéger le monde contre les crises sanitaires liées à des micro-organismes émergents, ou ré-émergents. La tragique épidémie de l’Ouest Africain est une illustration de l’importance d’augmenter la sécurité sanitaire globale. Ebola est un rappel douloureux qu’une épidémie n’importe où peut être un risque pour chacun. Aider les pays à développer leur système de santé pour stopper la survenue d’une épidémie avant qu’elle ne devienne une urgence sanitaire est un impérieux devoir moral.
Dr Francis Leroy