
Les recherches sur un vaccin contre l'infection à Ebola ont débuté il y a plus de 10 ans. Plusieurs candidats-vaccins ont été développés au laboratoire et certains ont été testés avec succès chez des primates non humains. Mais jusqu'au début de l'année 2014, ces travaux en étaient restés à une phase animale. L'épidémie non contrôlée d'Ebola qui frappe l'Afrique de l'Ouest aujourd'hui a conduit à prioriser ces recherches, la mise au point d'un vaccin efficace contre Ebola devenant une urgence.
Plusieurs essais cliniques de phase 1 ont débuté cet automne aux
Etats-Unis, en Europe et en Afrique. Ils testent le rVSV-ZEBOV qui
a pour vecteur une souche atténuée du virus de la stomatite
vésiculaire et le cAd3-EBO mis au point par GSK et le NIAID
(National Institute of Allergy and Infectious Diseases) américain
qui a comme vecteur une souche atténuée d’adénovirus de
chimpanzé.
20 volontaires sains aux Etats Unis
Les premiers résultats publiés le 26 novembre concernent le
cAd3-EBO. Dans ce vaccin, l'adénovirus défectif recombinant
code pour un antigène glycoprotéique des virus Ebola de type Zaïre
et Soudan. Ce vaccin a démontré son pouvoir immunogène et
protecteur chez le primate non humain. Cet essai ouvert de
phase 1 a été conduit sur 20 volontaires sains de la région de
Washington. Dix ont reçu par voie intramusculaire une dose de 2 x
1010 particules virales et 10 une dose de 2 x 1011particules
virales.
Sur ce petit groupe de sujets aucun effet secondaire préoccupant
n'a été constaté, toutefois deux sujets ayant reçu la dose la plus
élevée ont présenté une fièvre transitoire dans les 24 heures
suivant l'injection.
Une immunité humorale spécifique dirigée contre la glycoprotéine s'est développée chez tous les sujets mais avec une relation dose-effet nette, la posologie élevée entraînant une élévation plus marquée du titre des anticorps. Il en a été de même de l'immunité cellulaire anti-glycoprotéine puisqu'avec 2 x 1011particules virales une réponse CD4 a été obtenue chez 10 sujets sur 10 et une réponse CD8 chez 7 volontaires sur 10 alors qu'avec 2 x 1010 particules virales, une réponse CD4 n'a été constatée que chez 3 volontaires sur 10 et une réponse CD8 que chez 2 sujets sur 10.
Ces données semblent donc montrer qu'avec la dose la plus élevée de particules virales, il est possible d'induire avec ce vaccin bivalent une réaction immunitaire d'un niveau qui a été associé à un effet protecteur dans des études conduites sur des primates non humains.
Aux Etats-Unis, au Royaume Uni, au Mali, en Ouganda et en Suisse, un autre essai de phase 1/1B est actuellement en cours avec un vaccin monovalent du même type dirigé contre le virus Ebola Zaïre en cause dans l'épidémie actuelle (cAd3-EBOZ).
Des phases 2/3 pourraient débuter en Afrique très prochainement chez des volontaires sains et des sujets à haut risque (personnels de santé) avec ce type de vaccin et avec le rVSV-ZEBOV. Ces essais conduits sur un plus grand nombre de sujets devraient permettre de mieux évaluer la tolérance de ces vaccins en Afrique c'est à dire dans un environnement pathologique bien différent et de préciser la dose immunogène minimale ce qui sera capital pour une production de masse à laquelle se préparent déjà les laboratoires concernés.
Dr Nicolas Chabert.