L'incidence et la mortalité du cancer du col de l'utérus restent ainsi élevées en dépit de programmes de dépistage bien menés comme c'est le cas dans les pays développés. Le Pr Ole-Erik Iversen distingue plusieurs raisons à l'origine de cette stagnation de l'efficacité des programmes de dépistage. Il insiste notamment sur le fait que le dépistage repose sur une démarche individuelle et volontaire. Même dans des pays comme la Norvège où le dépistage est particulièrement bien organisé, il y a encore 15 % des femmes qui n'ont jamais fait de frottis. Par ailleurs, les frottis cervicovaginaux, même réalisés dans des conditions optimales, ne permettent pas de dépister toutes les lésions précancéreuses et cancéreuses du fait de leur faible sensibilité. Enfin, la sensibilité du dépistage varie en fonction du type histologique du cancer du col de l'utérus. Le dépistage des adénocarcinomes est plus difficile que celui des carcinomes épidermoides. La proportion des adénocarcinomes cervicaux tend ainsi à augmenter.
Le poids considérable des traitements des lésions cervicales précancéreuses et cancéreuses
Outre leur répercussion en terme de mortalité, les infections à papillomavirus sont également responsables d'une morbidité importante et ont un coût élevé. Selon le Pr Ole-Erik Iversen, « de 450 000 à près de 1 million de femmes sont traitées chirurgicalement pour des lésions précancéreuses chaque année dans les pays développés. » Or, les traitements des lésions cervicales de haut grade augmentent les risques d'avortements spontanés tardifs et de naissance prématurée en cas de grossesse. Les traitements des cancers invasifs, même à un stade précoce, peuvent nécessiter une chirurgie lourde et invalidante. Par ailleurs, les frottis anormaux en rapport avec une infection à papillomavirus inquiètent inutilement les femmes qui pensent immédiatement au cancer alors que, dans 95 % des cas, ces anomalies sont sans danger immédiat.
Verrues génitales : 1 % des adultes sont touchés
Le cancer du col de l'utérus reste le principal cancer lié à HPV 16 et 18 mais il ne faut pas oublier qu'il y a également une proportion significative d'autres cancers de la région ano-génitale associés à ces virus.
Il ne faut pas non plus oublier que 90 % des verrues génitales (ou condylomes acuminés), sont liés à deux papillomavirus, en l'occurrence HPV 6 et 11. L'incidence de cette affection bénigne a explosé au cours des trente dernières années dans la plupart des pays européens (multiplication par 5) et aujourd'hui 1 % de la population sexuellement active est touché. Certes, les condylomes, ne menacent pas le pronostic vital, mais ils peuvent entraîner anxiété et souffrance psychologique avec des répercussions importantes sur la vie sexuelle. De plus, leur traitement peut être difficile et douloureux.
Dépistage et vaccination seront complémentaires
Etant donnés les limites du dépistage et les répercussion des traitement, la vaccination, en tant que moyen de prévention des infections à papillomavirus, se positionne ainsi comme l'arme idéale de lutte contre les maladies liées à ces virus et leur traitement.
Néanmoins, insiste le Pr Ole-Erik Iversen, « il n'est pas question que la vaccination anti-HPV remplace le dépistage. Vaccination et dépistage devront être associés. » Pour le Pr Ole-Erik Iversen : « la vaccination devra être utilisée en prévention primaire tandis que le dépistage continuera à jouer son rôle en prévention secondaire.»
Dr Peter Stratford
D'après la présentation du Pr Ole-Erik Iversen (Bergen, Norvège) : « Human papillomavirus : a burden of global proportion.» Communication au symposium « Leading the fight against cervical cancer ». European Cancer Conférence, Paris le 30 octobre 2005. © Copyright 2005 http://www.jim.fr