Les injections d’acide hyaluronique (AH) ont depuis plusieurs années une place importante dans le traitement de la gonarthrose et font parties des recommandations de l’Eular pour sa prise en charge. Pour autant, les bénéfices de leur utilisation en cures répétées restent inconnus.
L’étude contrôlée, multicentrique, en double aveugle, AMELIA (Arthrosis Modifying Effects of Long-term Intra-articular Adant®) menée chez 306 malades atteints de gonarthrose a évalué l’efficacité et la tolérance sur 40 mois d’injections répétées d’Adant.
Les malades ont été randomisés (1/1) pour recevoir, durant 4 cycles de 5 injections, soit un placebo, soit le produit actif. L’évaluation était faite selon les critères OMERACT-OARSI 2004. Au total, 203/306 malades ont complété l’étude.
En fin de suivi, un nombre significativement plus grand de malades recevant l’adant étaient répondeurs (OARSI-OMERACT), en comparaison du groupe placebo (p = 0,04).
Le nombre de répondeurs était de 22 % plus élevé dans le groupe AH (RR [risque relatif] = 1,22 ; intervalle de confiance à 95 % de 1,07 à 1,41). Il existait également des différences significatives en faveur de l'HA pour chaque composant individuel de l'OMERACT-OARSI 2004 : la douleur, la fonction et l'évaluation globale avec des valeurs de p respectivement de 0,025, 0,023 et 0,002. Le nombre de malades traités répondeurs augmentaient après chaque cycle (71 à 80,5 %), contrairement aux sujets recevant le placebo (67,8 à 65,8). Le nombre de sortie d’étude pour « inefficacité » était plus élevé dans le groupe placebo (p = 0,026) que dans le groupe AH.
Au cours du suivi, la consommation de paracétamol a diminué de 27 % dans le groupe traité versus 4 % dans le groupe placebo. Les effets indésirables étaient rares (0,029 % dans chaque groupe), similaires dans les 2 groupes et étaient principalement liés aux techniques d’injections (douleurs, hématome au point de ponction).
Ces résultats sont en faveur d’une supériorité de l’AH sur le placebo dans le traitement de l’arthrose du genou. De plus, des cycles répétés semblent en améliorer la performance sans effet secondaire. Reste en suspens la question de l’éventuel effet chondroprotecteur de l’acide hyaluronique ?
Dr Juliette Lasoudris-Laloux