Encéphalopathies : un cerveau parfois si fragile…

Notre organe préféré peut être vulnérable à des substances considérées comme banales. Deux  posters ont rapporté en particulier les conséquences possibles du cannabis et des produits de contraste.

L’équipe de Créteil (1) a rapporté 2 cas d’encéphalopathies aiguës survenues chez des consommateurs excessifs de cannabis. La présentation clinique était similaire chez ces patients âgés de 32 et 38 ans avec une fièvre et des troubles de la mémoire épisodique. Le bilan paraclinique a mis en évidence une rhabdomyolyse, une insuffisance rénale et un hypersignal hippocampique bilatéral. Le bilan complémentaire a éliminé les causes d’encéphalopathies infectieuses, paranéoplasiques et auto-immunes. L’évolution a été rapidement favorable en ce qui concerne la fonction rénale, la rhabdomyolyse et le syndrome inflammatoire. Les anomalies IRM ont mis un mois à disparaitre mais les performances cognitives sont restées altérées sur le bilan effectué à 6 mois. Sur le plan physiopathologique, les manifestations cliniques peuvent être expliquées par la localisation des récepteurs CB1 au niveau de l’hippocampe, des muscles squelettiques et rénaux. Ce tableau sévère doit rappeler la nocivité du cannabis alors que de nombreuses voix s’expriment en faveur de son utilisation thérapeutique.

Les produits de contraste sont largement utilisés et les cliniciens ont été alertés à la suite d’études montrant une rétention cérébrale du produit. Dans ce cadre, un poster avignonnais a rapporté une observation survenue dans les suites directes d’une coronographie (2). La patiente de 80 ans a présenté une agitation, une hémiplégie gauche et une aphasie avec, au scanner initial, une hyperdensité des sillons et, en IRM, un spot sylvien droit en B1000 et un hyposignal ADC (coefficient de diffusion apparent).

A 2 mois, l’examen clinique était inchangé avec un score NIHSS à 17. Il existait au scanner un œdème diffus et en IRM un second spot occipital droit.

Les auteurs ont évoqué l’imputabilité de la coronarographie en raison de la similarité avec 52 cas publiés. Cependant, plusieurs mécanismes ont été évoqués : rupture de la barrière hémato-encéphalique, vasoconstriction, extravasation du produit de contraste. Les auteurs considèrent que cette complication observée (surtout après coronographie) est sous-estimée, et peut être confondue avec une hémorragie sous arachnoïdienne. Ce diagnostic est éliminé par la normalité de la ponction lombaire qui ne doit pas conduire à une fibrinolyse.

Dr Christian Geny

Références
Gravier A : Encéphalopathie toxique hippocampique non réversible chez deux gros consommateurs de cannabis.
Mira V et coll. : Encéphalopathie post-coronarographie.
Journées de neurologie de langue française (JNLF) : 16-19 avril 2019.

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