L’équipe de D. Horn et coll. a analysé, sur le plan épidémiologique et en terme de mortalité, les données de patients présentant une candidémie (1). Les données ont été recueillies à partir du Registre PATH, regroupant 23 centres américains. Tous les patients ayant eu un diagnostic de candidémie ont été analysés entre janvier 2004 et mai 2008. L’analyse a porté sur les caractéristiques démographiques, les facteurs de risque immunologiques, les co-infections et les différentes stratégies thérapeutiques.
Les candidémies à la loupe
Deux mille dix neuf patients présentant un épisode de candidémie ont été analysés à partir de ce Registre.
C. albicans a été identifié dans 45,6 % des cas, suivi par C. glabrata (26,0 %), C. parapsilosis (15,7 %), C. tropicalis ((8,1 %), C. krusei (2,5 %), C. lusitaniae (0,8 %).
Au total, les Candida non albicans étaient les plus fréquents.
A partir de ces résultats, une analyse en fonction de la nature de l’espèce a été réalisée.
Les patients présentant une candidémie à C. parapsilosis étaient moins neutropéniques que les autres (considérés globalement). Une corticothérapie était associée dans 33,5 % des cas et des immunosupresseurs dans 7,9 % des cas.
C. krusei était souvent associé à une prise antérieure d’antifongiques (70,6 %). La maladie sous-jacente était hématologique dans 52,9 % des cas et une allogreffe avait été réalisée dans 17,7 % des cas. Une neutropénie était rapportée dans 45,1 % des cas et une corticothérapie avait été prescrite dans 60,8 % des cas. Le fluconazole était l’agent antifongique le plus souvent utilisé, suivi par les échinocandines. L’amphotéricine a été peu utilisée.
La mortalité globale à 12 semaines était de 35,2 %.
Le taux de mortalité le plus bas était retrouvé chez les patients infectés par C. parapsilosis (23,7 %) et le taux le plus élevé en cas d’infection par C. krusei (52,9 % ; p<0,0001)
Au total, les candidémies à C. non albicans sont plus fréquentes. La mortalité liée à Candida reste très élevée et varie en fonction de la nature de l’espèce.
Les zygomycoses en Europe
L’équipe de GL. Petrikkos a étudié l’épidémiologie des zygomycoses en Europe (2).
Les zygomycoses sont des infections dont le pronostic est sombre. En effet, la mortalité reste très élevée. Le diagnostic de ces infections est bien souvent difficile et tardif.
L’objectif de cette étude était d’évaluer l’incidence des zygomycoses en Europe.
Chaque pays avait un coordinateur dont la mission était de collecter tous les cas de zygomycoses. Toutes les analyses ont été centralisées. Cette étude a démarré en janvier 2005 et a duré 3 ans.
Treize pays ont participé à cette étude et ont collecté les données concernant 212 patients.
L’âge moyen des sujets était de 52 ans, les hommes étaient plus souvent concernés (61 %).
Les hémopathies malignes représentaient la maladie sous jacente la plus fréquente (53 %), suivies par les traumas (15 %) et le diabète (10 %).
Les principaux sites de l’infection étaient essentiellement
localisés au niveau rhinocérébral
(29 %), pulmonaire (27 %) et des tissus mous (24 %). L’infection
était disséminée dans 17 % des cas. Les principales espèces isolées
étaient Rhizopus spp (32 %), Mucor spp (31 %), Absidia spp (20 %)
et autres (17 %).
Cinquante et un pour cent des patients étaient traités par les formulations lipidiques d’amphotéricine B, 6,3 % par le posaconazole et 31,6 % par les 2.
En analyse multivariée, les facteurs influençant le pronostic étaient la chirurgie (p<0,001), l’âge (p<0,0037), les infections non secondaires à un trauma (p<0,0022) et l’utilisation des corticosteroïdes (p<0,0035).
Au total, les zygomycoses sont des infections fongiques sévères,
dont les principales localisations sont cérébrales et les tissus
mous.
Rhizopus spp et Mucor spp restent les variétés les plus
fréquentes.
Dr Gérard Hovakimian