Et moi, et moi, et moi !

Paris, le samedi 27 septembre 2014 – Le monde ne comptait qu’un milliard d’habitants quand débuta le dix-neuvième siècle, tandis qu’il est désormais peuplé de 7,2 milliards de personnes. Cette explosion démographique spectaculaire est observée depuis des décennies par des spécialistes en tous genres qui peinent à répondre à une question cruciale : à quelle époque pouvons-nous envisager une stabilisation. Hier encore, beaucoup estimaient qu’un pallier de 9 milliards de quidams serait atteint à l’horizon 2050. Puis, ces prévisions ont été corrigées : il ne faudrait pas s’attendre à une stabilisation avant 2100 époque à laquelle la terre comptera sans doute 10 milliards d’habitants. Aujourd’hui, une équipe de chercheurs de l’ONU conduite par le démographe français Patrick Gerland publie dans la revue Science de nouveaux résultats suggérant que la stabilisation attendue n’interviendra sans doute pas au cours de ce siècle. Une telle hypothèse n’a que 30 % de chances de se produire jugent ainsi ces experts qui ont utilisé de nouvelles méthodes d’analyse pour avancer leurs projections et qui considèrent qu’en 2100 la population mondiale s’inscrira dans une fourchette comprise entre 9,6 et 12,3 milliards, ce qui laisse présager si l’on se réfère à la moyenne de cette fourchette que la planète sera habitée de 11 milliards de personnes.

L’Afrique ne suit pas la même trajectoire que l’Asie et l’Amérique latine

Les données avancées par ces démographes et statisticiens mettent par ailleurs en avant combien le continent africain devrait dans les prochaines décennies contribuer à l’augmentation de la population mondiale. Si l’Asie restera sans doute à la fin de ce siècle la région du monde la plus peuplée, l’Afrique devrait en effet voir son nombre d’habitants passer de un milliard à 4,2 milliards de personnes (avec une hypothèse basse tablant sur 3,1 milliard de personnes et une hypothèse haute allant jusqu’à 5,7 milliards). Les spécialistes constatent que contrairement à ce qui était longtemps envisagé, le taux de fécondité des femmes Africaines ne connaît pas un rythme de décroissance comparable à celui observé dans les années cinquante en Asie et en Amérique latine.

A moins d’une « bonne » guerre…

Quelle est la force de telles hypothèses ? Les opinions divergent. Adrian Raftery qui a participé à ces travaux remarque dans une interview donnée à Science (et citée par le blog Passeur de Sciences) : « Il se pourrait que nous ayons des épidémies, des guerres ou des troubles qui engendrent une mortalité massive. Mais pour être honnête, il faudrait un événement d’une magnitude énorme pour faire dévier cette trajectoire ». De son côté, Gilles Pison de l’Institut national des études démographique (INED) se montre plus nuancé. « Nous ne sommes pas du tout à l’abri de surprises » affirme-t-il interrogé par le Figaro. Ce spécialiste et d’autres, tel Yves Charbit, professeur émérite de démographie et ancien directeur du Centre population et développement (CEPED) sont en effet convaincus de la possible influence de politiques volontaristes sur le cours des choses. « Elles peuvent changer profondément les comportements » analyse ainsi le professeur Charbit dans le Figaro.

Qui vivra (?) verra.

Aurélie Haroche

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