Amsterdam, 22 juin 2006. L’usage des coxibs a suscité pas mal de commentaires ces dernières années, notamment en raison du risque cardiovasculaire encouru. Mais peut-on prévenir ce risque en proposant de l’acide acétylsalicylique à petites doses ? Question pertinente à laquelle ont tenté de répondre Gurpikal Singh et ses collègues de l’université de Stanford à Palo Alto (Californie) sur la base des données de la California Medicaid disposant d’un suivi de 2 356 885 années-personnes pour la période allant de janvier 1999 à juin 2004, avant la tempête médiatique que l’on a connue.
Sur cette période, 15 343 affiliés ont fait un infarctus qui a
été fatal pour 1 233 d’entre eux (8 %). Après ajustement des
données, les auteurs ont pu démontrer que le risque d’infarctus est
multiplié par 1,31 en cas de prise de rofécoxib, par 1,12 avec le
célécoxib, 1,08 avec l’ibuprofène, 1,65 avec l’indométhacine, 1,52
avec le méloxicam et 1,47 avec le sulindac. « Tous les AINS sont
incriminés, souligne Singh, et pas uniquement les coxibs pour
lesquels les scores de risque sont parfois bien inférieurs à
ceux d’AINS traditionnels. »
Quant à l’utilisation d’acide acétylsalicylique à dose
prophylactique, elle inverse complètement la tendance pour le
rofécoxib (1,03), le célécoxib (0,88), le méloxicam (0,53) et le
sulindac (0,77), mais de manière très partielle seulement pour
l’indométhacine (1,21) et l’ibuprofène (1,20).
Ceci permet à Gurpikal Singh de suggérer que « l’inhibition de la formation de prostacycline par les COX-2 sélectifs et les AINS non sélectifs contribue à l’augmentation du risque cardiovasculaire. Ce risque n’est pas complètement réversible pour certains AINS traditionnels, contrairement aux coxibs. Mais avant d’aller plus loin, il faudrait encore évaluer la toxicité gastro-intestinale de cette combinaison. »
Signalons qu’une autre étude présentée au cours de la même séance a confirmé ces données. Portant sur 1 394 764 patients qui avaient reçu au moins une prescription d’AINS, le travail de Stanford Shoor (Kaiser Medical Center, Santa Clara) a montré que le risque lié à la prise d’indométhacine est au moins aussi élevé qu’avec le rofécoxib 50mg.
Dr Dominique-Jean Bouilliez