Etat des lieux des violences conjugales en France

Les violences intraconjugales sont un problème mondial aux conséquences socio-économiques majeures. Rappelons qu’en moyenne, chaque année en France, 84 000 femmes de 18 à 75 ans sont victimes de viols ou de tentatives de viol (la victime connait son agresseur dans 90 % des cas) et 223 000 sont victimes de violences conjugales dans leur forme la plus grave (et dont seulement 14 % déposeront plainte).

Par ailleurs, 143 000 enfants vivent dans un foyer où une femme a déclaré être victime de violences physiques ou sexuelles de la part de son conjoint ou ex-conjoint. En 2014, 118 femmes et 25 hommes ont été tué(e)s par leur conjoint ou ex-conjoint et 35 enfants mineurs ont également été tués dans le cadre de violences au sein du couple.

Les violences intraconjugales peuvent comporter l’agression (visant à nuire physiquement à l’autre), le comportement abusif (qui humilie ou dégrade un être humain), les tracasseries ou brimades (répétitives et prolongées), le harcèlement et les menaces. Des facteurs de risque communs à toutes ces formes de violence ont pu être identifiés, comme la toxicomanie, l’isolement social, l’enfance dans un foyer marqué par la violence ou une séparation, la pauvreté… Une communauté d’histoires initiales existe d’ailleurs souvent entre victime et auteur (incapacité à maitriser son comportement, insécurité relationnelle…). Et certains indices dans l’entourage du patient, comme par exemple l’« enfant symptôme », peuvent mettre la puce à l’oreille…

Le médecin traitant a fréquemment un rôle pivot dans ces situations. Mais, il est souvent le médecin de l’auteur des violences et de sa victime. Il lui arrive ainsi de cumuler impuissance et devoir de responsabilité. Il devra affronter plusieurs obstacles personnels (sous-évaluation ou difficulté de détection de la situation, méconnaissance des attitudes adéquates, impression de manque de temps, barrières linguistiques et/ou culturelles…) et aussi parfois des obstacles liés au patient (silence, ambivalence, honte, culpabilité, déni, crainte de représailles…).

Dr Catherine Azoulay

Références
Lamothe P : aspect médicolégal des violences conjugales. Transversales (Biarritz) : 28-30 juin 2017.

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