Exacerbations et corticothérapie orale

Certains essais récents ont suggéré une efficacité réduite de la corticothérapie orale chez les jeunes enfants présentant des exacerbations à l'occasion d'infections virales…

Une équipe canadienne a donc mis sur pied une étude multicentrique pour apprécier l'ampleur de la réponse aux corticoïdes oraux et découvrir les facteurs pouvant l'influencer.

Ce travail a été récompensé par un prix de la meilleure présentation orale dans la catégorie nouveautés dans le traitement de l'asthme.

Près de 1 000 patients

L'étude a concerné 973 asthmatiques (1 à 17 ans) se présentant aux urgences pour exacerbation modérée ou sévère. Tous ont reçu un traitement standardisé pour la prednisone (2 mg/kg dans 4 sites et 1 mg/kg dans 1 site, dose maximale 50 mg), les autres traitements étant adaptés à la gravité de l'exacerbation appréciée par le score PRAM (Pediatric Respiratory Assessment Measure).

La plupart des enfants (75 %) étaient d'âge préscolaire, il s'agissait majoritairement de garçons (66 %) et l'exacerbation était modérée dans 72 % des cas. Une étiologie virale a été confirmée par PCR dans 62% des cas et des taux de cotinine salivaire indiquant ou suggérant une exposition à la fumée de cigarettes ont été détectés chez 32 % des sujets.

Le critère principal d'efficacité était l'échec de la prise en charge initiée aux urgences représenté par une hospitalisation, un séjour prolongé aux urgences (≥8 heures) ou un nouveau recours aux urgences endéans les 72 h.

Efficacité de la corticothérapie orale

Au total 165 échecs (17 %) ont été répertoriés. Après ajustement, ces échecs étaient significativement associés au score PRAM initial (OR = 1,49 ; intervalle de confiance à 95 % de 1,34 à 1,65, pour chaque point supplémentaire de PRAM), à l'existence d'une pneumonie concomitante (OR = 4,56 ; 2,73 à 7,61) et aux sites.

Quand la prise en charge faisait l'objet d'un protocole que les infirmières mettaient en œuvre immédiatement, les hospitalisations étaient diminuées de moitié.

Il n'a pas été retrouvé d'influence significative de l'âge, du sexe, des infections virales, des taux de cotinine salivaire et de la dose/kg de corticoïde oral sur l'ampleur de la réponse.

Au total

Les investigateurs concluent qu'un âge préscolaire et qu'une infection virale comme facteur déclenchant n'augmentent pas le risque d'échec de la prise en charge initiée aux urgences et n'affaiblissent pas la réponse à la corticothérapie orale. Ces échecs sont en revanche significativement associés à la gravité de l'exacerbation et à l'existence d'une pneumonie concomitante.

Ce travail souligne également l'impact de l'administration des soins, puisque dans les centres où cela est fait selon un protocole par les infirmières dès l'arrivée aux urgences, l'administration rapide d'un corticoïde oral s'assortit d'une diminution de 50 % des hospitalisations.

Dr Jean-Claude Lemaire

Références
Ducharme FM et coll. : Determinants of oral corticosteroid responsiveness in wheezing asthmatic youth (DOORWAY). EAACI 2015 (European Academy of Allergy and Clinical Immunology) (Barcelone, Espagne) : 6-10 juin 2015.

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