Vienne, 10 juin 2006. La marche allergique est habituellement
considérée comme une progression dans le temps, chez l’enfant, de
la dermatite atopique vers l’allergie respiratoire.
L’histoire ne se réduit pas à cette configuration. En effet, la
plupart des nouveaux allergiques, en particuliers aux pollens, sont
des jeunes adolescents ou des adultes jeunes. Quelle est donc
l’évolution « naturelle » de la rhinite pollinique chez ces
patients ?
Les données manquent mais il existe une indéniable évolution
dans le temps : certaines rhinites saisonnières disparaissent alors
que d’autres, au départ saisonnières, deviennent
perannuelles.
Il existe aussi une évolution de la sensibilisation : 68 % des
monosensibilisés deviennent polysensibilisés en 4 ans et 74 % en 7
ans…
Les pollens pourraient être à l’origine d’une activation des Th2
mais ce n’est qu’une hypothèse. L’évolution se fait également dans
les pathologies, de la rhinite vers la rhinosinusite et
l’asthme (risque multiplié par 3 en cas de rhinite
allergique).
Une réponse inflammatoire bronchique a pu être mise en évidence
après un test de provocation nasal et à l’inverse une réaction
inflammatoire nasale après un test de provocation bronchique.
Peut-on influencer cette évolution et prévenir la survenue de
l’asthme ? Un travail mené par l’équipe de G. Scadding a montré
qu’un traitement par corticoïde nasal réduisait l’évolution vers
des symptômes bronchiques par rapport au placebo.
Plusieurs études ont aussi montré l’efficacité de la
désensibilisation pour prévenir l’apparition de l’asthme (Moller et
coll. JACI 109 : 251-256). Elle permet également d’éviter la
survenue d’une polysensibilisation et pourrait réduire
l’hyperréactivité bronchique.
Il existe donc deux marches allergiques : la première a une
composante essentiellement génétique avec intervention mineure des
facteurs environnementaux alors que la deuxième à une composante
essentiellement environnementale et laisse donc une certaine marge
de manœuvre thérapeutique…
Dr Geneviève Démonet