
Chirurgie obstétrique
Dans les légendes, ce sont les travers des grands hommes que l’on cache (la pingrerie de Darwin par exemple). Dans certains pays, ce sont les femmes. Parmi les patientes de Mrinalini, héroïne du « Journal d’une accoucheuse », plusieurs doivent traverser leur vie à l’abri du regard des hommes, derrière un voile ou les murs de leur maison. Médecin gynécologue à Madras, Mrinalini leur offre la possibilité de mettre à nu les ombres de leur existence, leurs aspirations secrètes. D’autres patientes témoignent de la complexité de la société indienne, des femmes libres perdues entre la force des traditions et leur choix d’une existence plus moderne. Il y a aussi ces crimes que l’on cache, les viols, les contraintes physiques, que l’on avoue enfin dans le cabinet du médecin. L’entrelacement de ces vies est raconté par la plume poétique de la jeune écrivain indienne Priyamyada N. Purushottam, dont le premier roman avait été très remarqué en Inde et aux Etats-Unis.Chirurgie de guerre
Il y a les masques que l’on porte, il y a ces femmes que l’on cache et il y a ce que le pouvoir tente de dissimuler. L’exposition sur la Grande Guerre présentée actuellement à la médiathèque du Grand Narbonne révèle ainsi comment s’est exercée quasiment sans limites la censure pendant le premier conflit mondial. On le découvre notamment à travers les pages de l’ouvrage « Les mouettes aux croix rouges : contes médicaux de guerre », rédigé par le médecin et écrivain Paul Duplessis de Pouzillac. Nombre des lignes du praticien, racontant les pénuries du Service de Santé des armées, la douleur des blessés et l’absurdité de la guerre, ont en effet été effacées par la censure privant à jamais l’histoire d’un témoignage précieux. Cet omniprésence de la censure s’observe dans l’ensemble de l’exposition, mais n’efface pas la détermination de ceux qui tentèrent de délivrer des soins tout au long de la guerre.Chirurgie de transplantation
Le héros d’ « Ablations », film d’horreur à suspens présent sur les écrans depuis le 16 juillet voudrait lui aussi savoir ce que cache la très longue cicatrice qu’il a découverte sur son flanc, un matin, alors qu’il se réveillait hagard sur un terrain vague. Ce qui est certain, c’est que cette suture ne protège plus un rein : celui-ci lui a été retiré. Dès lors, dans ce premier long métrage d’Arnold de Parscau écrit par Benoît Delépine, le héros du film n’aura plus qu’une seule obsession : mettre à jour la face cachée de cette terrible ablation. Une quête qui va le faire sombrer jusque dans la folie, mais aussi dans la confusion, entre sa femme et une belle amie chirurgienne qui tout en lui ayant révélé le prélèvement dont il a été l’objet, l’enfonce un peu plus dans le mystère et le trouble. De l’impossibilité d’échapper aux faces cachées des choses.Aurélie Haroche