Faites entrer le sexsomniaque

Stockholm, le jeudi 18 août 2014 - Un suédois de 26 ans, accusé de viol, a obtenu son acquittement en faisant valoir qu’il souffrait de  sexsomnie au moment des faits.

Il n'a pas « eu l'intention » d'accomplir un acte sexuel a estimé la Cour d'appel de Sundsvall, infirmant un jugement de premier instance qui l'avait condamné à deux ans de prison.

L'affirmation selon laquelle l'accusé « se trouvait dans un état d'endormissement, inconscient de ce qui se passait, n'apparait pas comme absurde », a ainsi estimé le tribunal dans un jugement rendu le 8 septembre.

Sa décision a notamment été motivée par le témoignage d'un expert des troubles du sommeil.
Un autre prévenu, au Canada celui-ci, se prévaut de la même pathologie pour expliquer des attouchements sexuels sur sa fille de sept ans. On attend la décision du juge dans cette affaire le 12 novembre.

Et si c’était vrai ?

Décrit pour la première fois en 2003 par Shapiro et coll. dans le Canadian Journal of Psychiatry, la sexsomnie est une pathologie pour laquelle les recherches sont encore peu nombreuses. Son existence est encore sujette à controverse mais il s’agirait d’une parasomnie impliquant un comportement sexuel.
Ce trouble rare qui peut toucher les deux sexes est notamment caractérisé par un phénomène d’amnésie. Les témoins ou les victimes évoquent parfois une personne à l'air « possédée », adoptant un langage plus cru et un comportement plus agressif qu'en temps normal.

L'enregistrement du sommeil en polysomnographie avec vidéo, permet de détecter la nature de ce trouble. Il surviendrait principalement durant le sommeil lent, mais aussi parfois en sommeil paradoxal ou dans certains cas être associé à des signes électriques comitiaux. La prise d'alcool ainsi que de certaines drogues pourrait favoriser l'apparition des épisodes de sexsomnie. De plus, certains hypnotiques ont quelque fois été rendus responsables d'épisodes dits « de somnambulisme complexe » avec possibilité d'agression à caractère sexuel.

Aujourd’hui non reconnue par l'ICSD-2 (International Classification of Sleep Disorder), la sexsomnie devrait intéresser les psychiatres…et les avocats pénalistes !

Frédéric Haroche

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Vos réactions (1)

  • Incompatible avec cet état de conscience

    Le 20 septembre 2014

    Belle histoire à dormir debout ! Porte ouverte à toutes les excuses, le somnambulisme est bien connu depuis fort longtemps et une érection avec passage à l'acte, de même qu'un meurtre est incompatible avec cet état de conscience très particulier pour des raisons neuro physiologiques bien établies...Les agresseurs sexuels non somnambules ont souvent aussi :" l'air possédé, et adoptent un langage plus cru et un comportement plus agressif qu'en temps normal."...." pour reprendre la description donnée qui donc ne prouve rien...

    Dr Alain Espesset

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