Faut-il interdire les robots sexuels ?

Paris, le samedi 24 octobre 2015 – La société True Companions a récemment annoncé le lancement avant la fin de l’année d’un "robot sexuel", baptisée Roxxxxy. Comme son nom le suggère (presque), Roxxxxy sera une femme. Cette initiative et d’une manière générale l’intérêt de plus en plus marqué par les ingénieurs en robotique pour les questions sexuelles inquiètent certains chercheurs et spécialistes d’éthique. Ainsi, il y a quelques semaines, l’anthropologue britannique Kathleen Richardson lançait un appel international pour refuser le développement et la commercialisation de "robots sexuels". Pour justifier son opposition, qui a rencontré un assez large écho, Kathleen Richardson met en avant le risque d’une nouvelle "objectivation"  des femmes et d’une déshumanisation des rapports entre hommes et femmes. De telles critiques reposent sur l’idée que les robots à usage sexuel auront nécessairement une apparence féminine et seront destinées d’abord aux hommes. De fait, pour l’heure, les premiers prototypes semblent effectivement s’inscrire dans ce schéma. Mais il n’est pas impossible d’imaginer une révolution sexuelle (même chez les robots), ce qui pourrait amoindrir la portée de ces critiques.

Les robots bientôt des partenaires sexuels comme les autres ?

Ces dernières ont en tout cas été l’objet de très nombreux commentaires. Certains ont regretté que cette guerre lancée contre les robots sexuels ne soit en réalité qu’un prétexte pour relancer le discours féministe contre la prostitution. « On s’aperçoit que derrière cette question se cache un mouvement qui se sert des humanoïdes comme d’un prétexte à la médiatisation d’un point de vue clairement abolitionniste » fait ainsi remarquer dans le Nouvel Observateur Jean-Raphaël Bourge, chercheur spécialiste de la pornographie. Une certaine pudibonderie a par ailleurs pu être reprochée aux instigateurs de cette campagne. Au-delà de ces remarques générales, les avis divergent sur le risque de voir la technologie prendre une place prépondérante dans la vie sexuelle des êtres humains. « D’ici 50 ans, les relations physiques du début du XXIe siècle pourraient paraître primitives » imagine ainsi la chercheuse britannique en psychologie Helen Driscoll sur le site du Huffington Post. D’autres sont convaincus que les robots ne s’inviteront pas avant longtemps dans nos draps : « Personne ne recherche auprès d’un robot ce que l’on recherche auprès d’un humain » indique, connaisseur, le réalisateur de films pornographiques Marc Dorcel cité par Libération.

Des remèdes contre la prostitution ?

De même, aucun consensus n’existe quant au possible bénéfice de ces robots. Certains, comme les concepteurs de Roxxxy, mais également des chercheurs en psychologie estiment en effet qu’ils pourraient détourner des utilisateurs de la prostitution et donc permettre d’éviter la "commercialisation" de vrais êtres humains. Par ailleurs, ces robots pourraient permettre de combler de manière temporaire une certaine solitude. Mais beaucoup demeurent dubitatifs quant à une telle utilité : « Un robot n’aidera pas les personnes en difficulté à se construire. Il répondra juste à une décharge pulsionnelle. Mais le problème de la relation à l’autre ne sera malheureusement pas réglé » affirme ainsi la psychologue et sexologue Nathalie Parein dans Libération.

Aurélie Haroche

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