Tant l'asthme que la BPCO ont un effet délétère sur la fonction cognitive, mais fréquence et intensité varient selon le type d'atteinte indique un travail présenté à Barcelone.
Les investigateurs ont enrôlé dans leur étude 40 sujets atteints de BPCO, 40 sujets asthmatiques et 20 sujets sains servant de groupe contrôle.
L'appréciation de la fonction cognitive a été faite par les réponses au questionnaire du Montreal Cognitive Assessment (MoCA, un test qui couvre la plupart des domaines cognitifs qui peuvent être affectés chez les sujets présentant un déficit cognitif léger quelle qu'en soit l'étiologie) et par la mesure de la latence de l'onde P300 (un potentiel enregistré sur l'électro-encéphalogramme lors des processus de prise de décision et qui reflète le délai entre un stimulus et la réponse qui y est apportée).
L'objectif du travail était d'apprécier les différences existant au niveau de ces tests entre les trois groupes d'individus et de rechercher les éventuelles corrélations entre les scores obtenus et divers paramètres spécifiques, en particulier les marqueurs inflammatoires.
Mieux vaut être asthmatique?
Les résultats indiquent que 85 % des patients atteints de BPCO présentent un déficit cognitif léger alors que cela n'est retrouvé que chez 60 % des asthmatiques (p < 0,01).
L'intensité est également plus forte chez les sujets atteints de BPCO, ce dont témoigne un score moyen au questionnaire MoCA de 16,4 ± 6,30 versus 20,4 ± 4,64 chez les asthmatiques et 28,05 ± 4,72 chez les sujets du groupe contrôle, p < 0,0001 dans les deux cas.
La comparaison de la latence de l'onde P est également en défaveur des patients atteints de BPCO, celle-ci étant significativement plus brève chez les asthmatiques (p < 0,001).
Gare aux BPCO anciennes et sévères
En matière de corrélations, pour les asthmatiques, il n'a été retrouvé qu'une association significative reliant score au questionnaire MoCA et indice de masse corporelle. En revanche chez les sujets atteints de BPCO la liste des corrélations significative est beaucoup plus longue, incluant pour le score au questionnaire MoCA le taux de globules blancs, l'existence d'une hypertension artérielle et les taux sanguins de cholestérol et de triglycérides. Le temps de latence de l'onde P300 est pour sa part corrélé significativement à l'âge, au sexe, à la pression et à la saturation artérielles en oxygène et surtout à la gravité (appréciée par le coefficient de Tiffeneau VEMS/CV) et à l'ancienneté de la BPCO, ce dernier paramètre étant celui doté de la corrélation la plus forte.
En guise de conclusion
L'existence de troubles cognitifs ayant souvent une influence délétère sur l'acceptation des traitements et leur utilisation correcte, n'hésitons pas à répéter nos messages et conseillons fortement le régime méditerranéen dont les bienfaits cognitifs viennent encore d'être confirmés.
Dr Jean-Claude Lemaire