L’involution des fonctions gonadiques chez l’homme âgé en bonne santé est progressive, d’amplitude modeste avec une importante variabilité inter-individuelle. Ces modifications affectent aussi bien le fonctionnement des cellules de Sertoli et la spermatogenèse que celui des cellules de Leydig et la production de testostérone sous l’effet de modifications locales testiculaires mais également d’altérations de la régulation neuro-endocrinienne de l’axe hypothalamo-hypophyso-gonadique.
Bien que l’homme reste fertile jusqu’à un âge très avancé, on assiste à une réduction progressive du volume testiculaire, du nombre de cellules de Sertoli, du volume de l’éjaculat, de taux de spermatozoïdes mobiles et normaux avec conservation de la concentration spermatique. Cela induit une augmentation progressive des taux de FSH circulante avec une diminution franche du rapport sérique inhibine B sur FSH.
Sous l’effet conjoint de la baisse du nombre de cellules de Leydig et des anomalies dans la régulation hypothalamique de la production de LH, plus de 20 % des hommes au-dessus de 60 ans en bonne santé présentent une testostéronémie inférieure aux valeurs de référence de l’homme jeune. Comme par ailleurs il existe une augmentation associée à l’âge des taux de la Sex Hormon Binging Globulin (SHBG), on assiste à une réduction de 50 % en moyenne de la testostérone libre circulante (c’est-à-dire non liée à la SHBG) entre 20 et 75 ans.
Bien que l’hypogonadisme de l’homme âgé soit cliniquement comparable à celui de l’homme jeune, les effets cliniques en rapport avec la baisse des stéroïdes sexuels n’ont pas encore été totalement bien établis, de même que les taux minimums d’androgènes circulants nécessaires qui, de plus, présentent une forte variabilité inter-individuelle. Il en résulte que la déficience androgénique débutante est difficile à détecter chez l’homme âgé et la différentiation entre prise substitutive ou pharmacologique d’androgènes reste pour le moment impossible à établir.
Il se dégage de toutes ces données que la plus grande vigilance s’impose face à la supplémentation androgénique de l’homme âgé jusqu’à ce que nous disposions de données plus fiables sur la balance avantages-inconvénients de ce type de traitement.
Dr Jean-Michel Brideron