Une amélioration du contrôle glycémique lié au nombre de scan effectué
Pour tous les pays concernés, on obtient 237 747 patients anonymes (48 746 pour la France). On peut ainsi déterminer le nombre de scan/jour par patient (moment où le patient consulte l’écran de son lecteur). La moyenne des scans est de 13/jour pour tous les pays, un peu moindre en France : 11 par jour.L’intégration de toutes les mesures continues permet de déterminer une hémoglobine glyquée virtuelle. On constate une corrélation entre le nombre de scans pratiqués et l’amélioration de l’hémoglobine glyquée calculée, la diminution des épisodes d’hyperglycémie, ainsi que le temps passé en hypoglycémie. La France a un minime retard sur l’item hypoglycémie. L’amélioration de ces différents paramètres semble apparaître très rapidement après la pose du premier capteur.
A l’heure actuelle, il n’est pas possible de déterminer si les patients prennent en compte ou non les tendances d’évolution en temps réel de la glycémie, indiquées par le capteur. Cette donnée ne peut en effet pas être déterminée si nous sommes dans une exploration anonyme. Des études en parallèle avec levée de l’anonymat avec accord du patient sont en cours.
Les femmes enceintes et les enfants aussi
L’étude FLIPS, menée chez la femme enceinte, confirme la fiabilité du système vis-à-vis des glycémies capillaires et quels que soient les trimestres de grossesse. Les résultats sont favorables, que la patiente soit sous insuline ou non. On insiste sur la bonne concordance entre le glucose interstitiel et la glycémie capillaire, le glucose interstitiel étant cependant un tout petit peu plus bas que la glycémie capillaire contemporaine. Ceci n’est pas neutre quand on travaille dans des cibles étroites chez la femme enceinte. Il sera donc recommandé de faire un contrôle de glycémie capillaire en cas de résultats susceptibles d’induire une correction des doses d’insuline en raison du risque hypoglycémique de la femme enceinte notamment au premier trimestre.Chez l’enfant de plus de 4 ans une autre étude a pu montrer la non infériorité de la procédure versus une surveillance conventionnelle. On constate une augmentation du temps passé dans la cible, une amélioration de l’hémoglobine glyquée, l’absence d’augmentation du nombre d’hypoglycémies, l’augmentation des doses d’insuline probablement du fait d’une plus grande sérénité des parents ou des enfants vis-à-vis du risque hypoglycémique, une diminution de la variabilité glycémique avec une moyenne de 12 scans par jour. Ces améliorations sont moins nettes dans un sous-groupe d’adolescents (population extrêmement difficile à suivre) qui ne faisaient plus de glycémie capillaire.
Simple comme un smartphone
L’indice de satisfaction est élevé. Pour certains jeunes enfants, il y a un signalement selon lequel la pose du capteur est perçue comme un phénomène douloureux. D’autres études chez les jeunes adultes sous insuline vont dans le même sens.L’ensemble de ces présentations semble donc confirmer la fiabilité du système Freestyle Libre et surtout son efficacité sur la qualité du contrôle glycémique et la sécurité du traitement. Il est impératif toutefois de multiplier les scans quotidiens. La simplicité du système n’est pas plus contraignante que de regarder 15 fois par jour son Smartphone pour consulter les messages ou les mails. C’est une nouvelle éducation sur laquelle il faut insister.
Certains des participants ont eu l’impression comme lors des toutes premières présentations du système, d’assister à une révolution en diabétologie. Sentiment qui se confirme avec ce retour d’expérience sachant qu’il y a encore des marges d’amélioration reposant sur l’éducation thérapeutique renforcée et notamment l’utilisation des flèches de tendance. Ceci dans un environnement thérapeutique en progrès si on considère la mise à disposition des insulines ultrarapides qui vont réduire l’inertie des effets des injections d’insuline prandiales ou correctrices, les progrès de la médecine à distance avec des patients connectés à des médecins, des infirmières spécialisées et peut-être un jour une intelligence artificielle diabétologique.
Dr Edgar Kaloustian