Gale : l’OMS et l’IACS tirent la sonnette d’alarme

L’OMS a récemment inclus la gale dans la catégorie des maladies tropicales négligées. Près de 130 millions de personnes en sont atteintes à tous moments. Les pays développés sont principalement concernés par ces ‘épidémies’ dans les EHPAD (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), les prisons, les écoles et certains services hospitaliers. Les études épidémiologiques font état d’une prévalence qui varie de 2,71 pour 1 000 à 46 % selon les populations étudiées, avec la perte de 1 580 000 années sans handicap. Outre l’infestation, c’est par ses complications que la maladie est préoccupante, notamment du fait d’une surinfection streptococcique extrêmement fréquente par le grattage. Surinfection qui peut entraîner une glomérulonéphrite post-streptococcique, une insuffisance rénale chronique, une fièvre rhumatoïde ou une cardiopathie rhumatismale.

Poser le diagnostic

Le diagnostic doit être évoqué devant toute lésion avec prurit et la détection du sarcopte doit devenir un réflexe. Le test à l’encre (qui imbibe les ‘terriers’ du sarcopte) et l’utilisation d’un papier adhésif sur les lésions de grattage permettent très souvent d’isoler et de visualiser le sarcopte. Les plis interdigitaux doivent être soigneusement examinés, tandis que l’image dermatoscopique en delta est un test pathognomonique de détection : petite structure triangulaire caractéristique de couleur brune. Chaque triangle («signe du delta ») correspond à la partie antérieure pigmentée du sarcopte (rostre et deux paires de pattes antérieures), le reste du corps transparent étant difficile à repérer. La base du triangle prolonge un sillon sinueux, trajet du sarcopte dans la couche cornée, rendu visible par la présence de bulles d’air et de petits points brun-noir de tailles variables correspondant aux œufs ou aux excréments. D’autres techniques diagnostiques sont disponibles pour le dermatologue, parmi lesquelles la microscopie confocale et la tomographie en cohérence optique, deux examens à haute spécificité mais faible sensibilité.

Cibler les populations à risque

Une enquête britannique récente a montré que dans les maisons de repos, 94 % des résidents qui souffraient de gale étaient déments, 79 % incontinents et 61 % immobilisés. C’est donc surtout vers ce groupe de personnes que la détection de la gale doit être orientée pour prévenir les épidémies dont on parle de manière récurrente. A noter que la forme croûteuse est la plus dangereuse car les sarcoptes de la gale se cachent sans difficulté dans les croûtes qui disséminent et atteignent fréquemment l’entourage.

Le traitement est trop rarement proposé par manque d’implication des équipes soignantes envers une population difficile à traiter. Dans ces conditions, l’IACS (International Alliance for the Control of Scabies) vient d’éditer une publication qui devrait se retrouver dans tous les EHPAD ou équivalents.

Dr Dominique-Jean Bouilliez

Référence
Wolf R : Update on scabies and pediculosis. 15th EADV spring symposium (Budva, Montenegro) : 3-5 mai 2018.

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