Gare aux macaques !

Yakushima, le samedi 14 janvier 2017 - Des équipes de primatologues de l’Institut pluridisciplinaire Hubert Curien (CNRS) et de l’université de Strasbourg observent depuis plusieurs années les macaques vivant sur l'île japonaise de Yakushima. Ils les étudient principalement en raison de leur vie en commun avec les cerfs sika avec qui ils s’entraident dans la recherche de nourriture, s’épouillent et même, jouent.

Dans la revue Primates a été publiée ce 10 janvier une étude basée sur le reportage d’un photographe et vidéaste français, Alexandre Bonnefoy, qui est parvenu à capturer pour la première fois une pratique sexuelle jusqu’ici inconnue entre des partenaires de ces deux espèces.

La vidéo, filmée sur l'île de Yakushima le 6 novembre 2015, commence par une scène de "rodéo" entre un jeune mâle macaque et un femelle sika.

La suite est plus incongrue, le singe a des mouvements copulatoires (15 en 10 secondes), mais sans pénétration « probablement à cause des différences de morphologie et de taille » explique les auteurs. « Cependant, une éjaculation semble avoir eu lieu puisque la biche a léché le liquide séminal » après la saillie. Une fois descendu, le singe tente ses chances auprès d'une autre biche,  qui, elle,  repousse ses avances !

Est-ce une paraphilie ?

C’est en premier lieu le caractère consenti de cette "relation sexuelle" qui aura le plus étonné ces auteurs, en effet, des pratiques sexuelles inter espèces étaient déjà connues (en 2014, des otaries avaient été repérées, dans l’Antarctique, copulant avec des manchots royaux) « Mais les oiseaux n’étaient pas consentants. Ils étaient blessés, souvent même dévorés ensuite », souligne Cédric Sueur, l’un des auteurs de ces travaux.

« C'est probablement un mâle périphérique qui n'est pas encore intégré au groupe et qui n'a donc pas accès aux femelles macaques », commente-t-il pour expliquer le phénomène. « Nous avons fait quelques recherches bibliographiques, nous en avons parlé à d'anciens collègues japonais et il s'avère qu'Alexandre a bel et bien découvert un nouveau comportement », ajoute Marie Pelé, éthologue qui a également participé à ces travaux.

L’interrogation des scientifiques porte désormais sur l’avenir : « les autres mâles qui l’ont vu à l’œuvre vont-ils le copier afin de pouvoir eux aussi soulager leur frustration sexuelle ? » Réponse dans les cinq prochaines années, assurent-ils.

Peut-être faudrait-il également étudier les étranges  premiers émois amoureux auxquels on assiste parfois entre un chien et une jambe humaine !


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Frédéric Haroche

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